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Portrait d’actrice : Sophie Bentéjac

 

Sophie Bentéjac, Directrice du Groupement de Défense contre les Organismes Nuisibles de la vigne (GDON) des Bordeaux.
Photos Jean-Bernard Nadeau – Images Drone Stéphane Labaurie – Réalisation Arnaud Fleuri – Interview Frédérique Nguyen Huu.

 

Sophie Bentéjac, de Lyon à Bordeaux

Sophie Bentéjac étudie à l’ISARA de Lyon. Elle en sort en 2008 avec un diplôme d’ingénieure en Agriculture et une spécialisation en Agroécologie. Bien que n’ayant pas suivi de formation particulière dans le domaine de la vigne, c’est dans le Bordelais, et plus précisément à la Chambre d’Agriculture de Gironde qu’elle effectue son stage de fin d’études. La jeune femme intègre ensuite cette structure alors mandatée par les viticulteurs du département pour gérer la création du GDON des Bordeaux.

 

Elle commence ainsi à travailler pour le Groupement. A partir de 2016, le GDON des Bordeaux devient autonome et s’établit à Beychac-et-Caillau. Entrée comme responsable technique, Sophie Bentéjac prend les fonctions de directrice, un poste qu’elle occupe encore aujourd’hui et qu’elle apprécie pour sa polyvalence. Elle aime aussi la liberté qu’il lui confère, de même que la réactivité issue de la taille limitée de cette structure où elle travaille au contact direct du conseil d’administration.

 

 

Lutter contre la flavescence dorée et d’autres maladies

Expliquer la mission du GDON nécessite de disposer d’un minimum de connaissances sur la flavescence dorée (FD). Cette maladie de quarantaine épidémique comptant parmi les « jaunisses de la vigne » est causée par une bactérie ayant pour vecteur un insecte, la cicadelle. Parce qu’elle est très dommageable au vignoble, le traitement de la FD est réglementé par l’Etat. Ce dernier impose le recours à des insecticides et l’arrachage de toute parcelle touchée à plus de 20%. En 2010, l’expansion de la FD et le caractère réglementé de la lutte incitent les viticulteurs à s’associer. Sept GDON sont créés en Gironde. Le GDON des Bordeaux voit le jour en 2011. Il réunit les syndicats de treize AOC de Gironde* représentant 5 400 viticulteurs et 74 000 hectares de vigne. Dernièrement, le GDON des Bordeaux a vu s’élargir le champ de ses missions. L’Etat lui a demandé de surveiller une autre maladie bactérienne, la maladie de Pierce, qui sévit d’ores et déjà dans certains vignobles de Majorque et de Californie.

 

Dans les vignes de juin à fin octobre

Au jour le jour, les missions du GDON consistent à organiser la lutte contre la FD par la surveillance des vignes, de même que la définition et la mise en œuvre d’un protocole de lutte. « Notre travail se calque sur le cycle de vie de l’insecte puis sur la période où les symptômes apparaissent sur les ceps », détaille Sophie Bentéjac. De juin à août, le GDON procède au comptage des insectes avec le renfort de 7 saisonniers. Rejoint par 33 autres saisonniers, il travaille jusqu’à la fin de l’automne au repérage des symptômes de la maladie. Le reste de l’année est consacré à l’établissement des bilans, de même qu’aux échanges avec les administrateurs et les structures partenaires.

 

Améliorer la surveillance en s’appuyant sur des machines

Le GDON couvre chaque année 10% du territoire auquel il est attaché. 2021 marquera la fin d’un cycle de 10 ans au cours duquel ses équipes seront passées dans tous les vignobles. Un rythme insuffisant au regard de l’avancée de la maladie qui peut toucher 20% d’une parcelle en 3 ans. Les moyens humains qu’il faudrait allouer pour se mettre au niveau seraient « déraisonnables », reconnaît Sophie Bentéjac. Pour répondre à cette problématique, l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV), l’IMS (Laboratoire de recherche) et le GDON des Bordeaux travaillent à un projet financé par l’Agence Nationale de la Recherche. Il permettrait de visiter le vignoble grâce à l’élaboration d’un outil d’aide à la décision reposant sur un système de télédétection par capteurs placés sur les vendangeuses. Couplé à un algorithme, il interprèterait les photos pour y détecter la maladie. De manière générale, il convient désormais de « réfléchir à des méthodes plus globales de collaborations renforcées : mutualisation des actions des GDON en termes d’observation, de gestion des données et de sensibilisation », ajoute Sophie Bentéjac.

Des réussites sur le terrain

Parmi les réussites enregistrées par le GDON des Bordeaux, Sophie Bentéjac évoque un projet d’expérimentation imaginé par l’INRA avec le GDON du Sauternais et des Graves pour répondre au problème de la propagation de la FD par l’intermédiaire des pieds de vignes sauvages. Dans ce contexte, une plaquette informative a été créée et distribuée aux viticulteurs et aux habitants par les mairies expliquant comment reconnaitre et éliminer une repousse de vigne. Le succès de cette initiative a conduit à reproduire aujourd’hui ce projet à plus grande échelle, dans le cadre de VitiREV, en sensibilisant un plus grand nombre d’acteurs fonciers : résidents, viticulteurs et autres collectivités.

 

Se préparer au réchauffement climatique 

Enfin, le réchauffement climatique n’est pas sans incidence sur les missions du GDON en ce « qu’il favorise l’apparition de nouvelles maladies », explique l’ingénieure. Ainsi, la bactérie Xylella fastidiosa, à l’origine de la maladie de Pierce, présente dans les plantes depuis 10 à 15 ans s’exprime depuis quelques années sous l’effet du réchauffement. Pour permettre aux groupements d’être opérationnels face à de nouvelles menaces de ce type, le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) et la Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt de Nouvelle-Aquitaine (DRAAF) travaillent à la création d’un outil de gestion centralisé de toutes les maladies épidémiques des cultures qu’ils testeraient avec la FD.

 

 

 

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