fbpx

Accueil / Portraits d’acteurs / Portrait d’acteurs : Jean-Baptiste et Théophile Cordonnier

Portrait d’acteurs : Jean-Baptiste et Théophile Cordonnier

 

Jean-Baptiste et Théophile Cordonnier, Château Anthonic, Moulis-en-Médoc.
Photos Jean-Bernard Nadeau – Réalisation vidéo Arnaud Fleuri – Texte Frédérique Nguyen Huu.

 

L’arrivée du fils, des débuts mouvementés

Diplômé de l’IÉSEG à Lille, Théophile rejoint son père sur le domaine familial de Moulis-en-Médoc où il a passé son enfance, le 1er janvier 2020. À Anthonic, il prend en charge la partie commerciale et notamment l’export. Pour mieux s’y préparer, le jeune homme effectue auparavant des stages en Allemagne chez des importateurs, ainsi qu’un travail saisonnier sur un vignoble aux Etats-Unis. Il suit aussi en parallèle de son travail à la propriété le DUAD à l’Université de Bordeaux pour parfaire ses connaissances en matière de dégustation, de même que sur les aspects techniques de la vigne et du vin.

 

Théophile est en charge d’accompagner la transition consistant à augmenter l’indépendance commerciale du domaine. C’est à travers un réseau de clients particuliers, de cavistes et de restaurants que s’effectuent les 20% de ventes en France, le reste de la production s’écoulant sur le marché historique du Benelux, mais aussi en Amérique du Nord, en Asie et dans toute l’Europe.

 

L’arrivée de Théophile coïncide avec le début de la crise sanitaire. Une épreuve pour de nombreuses propriétés que la présence du jeune homme, qualifiée de « providentielle » par son père, rend moins compliquée. Quand tout s’arrête, Théophile sait rebondir. Il s’appuie sur les réseaux sociaux, gérés par sa mère Nathalie, et la technologie pour continuer de travailler.

 

Cette période a conduit la propriété à repenser ses méthodes de commercialisation, modernisant ses processus de vente et développant une « autre manière d’exporter », explique Théophile. En sachant s’adapter, il a pu ouvrir de nouveaux marchés. Château Anthonic a « appris à fonctionner en mettant en parallèle démarche commerciale et démarche de communication ». L’une et l’autre se nourrissant mutuellement.

 

Le parcours du père

Comme son fils, Jean-Baptiste a passé une grande partie de sa jeunesse sur le vignoble familial, même si son père, courtier en vin sur les marchés belge et luxembourgeois, gérait la propriété à distance. Aussi, c’est à l’université de Gembloux (Liège) qu’il étudie obtenant un diplôme d’ingénieur agronome spécialisé en eaux-et-forêts. Jean-Baptiste poursuit sa formation en écologie forestière tropicale en Guinée, puis travaille comme coopérant et enseignant au Congo Brazzaville avant de rejoindre Château Anthonic en septembre 1993. Gestion administrative, financière, commerciale et technique, il fusionne toutes les fonctions et gère en parallèle un vignoble appartenant à un de ses oncles.

 

« Faire d’Anthonic un bocage »
En 2016, Jean-Baptiste se désengage de l’autre propriété familiale et décide de se lancer dans la conversion en bio et de « faire d’Anthonic un bocage ». Cependant, la « démarche bio et agro-forestière est plus complexe que le simple fait de recourir à des couverts végétaux ou de planter des arbres dans toutes les parcelles. »

Ce passage en bio a été longuement mûri. Il trouve son origine dans le « choc violent » vécu à son retour après 7 ans passés à étudier en Belgique et en coopération. L’écosystème très varié dans lequel Jean-Baptiste a grandi enfant a totalement disparu, appauvri par le passage en 1987 de la propriété à un programme conventionnel, avec recours au désherbage intégral, en raison d’une année climatiquement très complexe.

 

Un monde nouveau

« Jeune ingénieur, marqué par une vision de l’agronomie conquérante ne jurant que par le conventionnel », ses tentatives de ramener de la biodiversité se heurtent pendant longtemps à une série d’impasses. S’il réussit à arrêter la dégradation, Jean-Baptiste ne parvient pas à revenir en arrière. C’est seulement en 2010, avec la plantation de haies qui quadrillent aujourd’hui le vignoble en un réseau de 3km qu’il parvient à introduire des zones de circulation de la biodiversité. « A mesure qu’on en rajoutait, la biodiversité revenait, » se souvient-il. Cet élément déclencheur a servi de « porte d’entrée dans un monde nouveau » puisqu’il a clairement montré que « la démarche agroforestière permettait de retrouver la vitalité des sols et, avec l’appui du passage en bio, d’inverser la tendance. ».

 

Les deux vins d’Anthonic
C’est désormais en préservant et en renforçant cette précieuse diversité qu’est conduit ce vignoble de Moulis-en-Médoc qui compte parmi les plus anciennes propriétés de l’appellation. Étendu sur 28 ha essentiellement plantés sur les terres argilo-calcaires du plateau de Moulis, il porte des pieds de merlot (62%), cabernet sauvignon (29%), cabernet franc (7%) et petit verdot (2%), âgés en moyenne de 20 ans dont sont issus deux vins.

 

Château Anthonic se distingue par un élevage de 18 mois effectué pour les deux-tiers en barrique avec une rotation par tiers dans des contenants de 225L. et 400L. Pour ajouter davantage de fruit, le tiers restant est élevé sur lies en cuves de béton (de moins en moins) et en amphores (de plus en plus, 30% en 2021). Cet élevage complémentaire sans bois convient bien aux vins bio, plus frais et acides en apportant de la minéralité. Plus confidentiel, Les Aigles d’Anthonic, n’est pas un second vin classique. Il découle de parcelles sélectionnées dès la récolte, d’une vinification peu extractive suivie par un élevage de 9 mois en cuve, visant le fruit et une consommation encore jeune, à contrepied de l’image traditionnelle du Médoc.

 

Comme un retour aux sources

En 2018, Jean-Baptiste se saisit, avec un camarade de promotion issu de l’école des eaux-et-forêts, de l’opportunité d’acquérir un domaine forestier en Ariège, une hêtraie-sapinière de montagne de 450 ha conduite en couvert continu (sans coupes rases) et en régénération naturelle. Désormais, l’ingénieur des eaux-et-forêts nourrit sa démarche viticole de son expérience de gestion forestière. La perspective de long terme développée en Ariège le conduit à s’interroger sur le modèle d’agroforesterie mis en place dans ses vignes. Cette vallée ariégeoise lui a même inspiré l’écriture d’un ouvrage. (H)êtres, un récit publié aux éditions le Pas d’Oiseau en avril 2021 et illustré par son autre fils Pierre-Louis (Picor), dans lequel, les arbres racontent les hommes de cette vallée des Pyrénées.

 

Transmission

Château Anthonic est aussi à l’origine avec un collectif de viticulteurs du Médoc du projet des Vignerons du Vivant avec les Apprentis d’Auteuil. Un programme qui forme chaque année 10 à 15 jeunes très éloignés de l’emploi au métier d’ouvrier viti-vinicole avec une forte fibre agro-écologique. Atteignant aujourd’hui sa 4ème promotion, il se développe au-delà du Médoc, à Saint-Émilion en Sauternes et dans le Roussillon.

 

GIRONDE (33), MOULIS EN MEDOC, JEAN-BAPTISTE ET THEOPHILE CORDON

Emmanuel Chety, responsable technique du Château. Théophile et Jean-Baptiste Cordonnier.

 

Making Of

 

En savoir plus sur le Château Anthonic

 

Une réponse à “Portrait d’acteurs : Jean-Baptiste et Théophile Cordonnier”

  1. Bouchereau dit :

    J’aime franchement votre démarche

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *