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Portrait d’acteur : Corbeyran

 

Corbeyran, scénariste de BD, auteur de la série Châteaux Bordeaux* .
Photos Jean-Bernard Nadeau – Réalisation vidéo Arnaud Fleuri – Texte Frédérique Nguyen Huu.

 

GIRONDE (33), BORDEAUX, ERIC CORBEYRAN, SCENARISTE DE BANDE DESSINNEE, IL A SIGNE PLUS DE 400 ALBUMS AU COURS DE SA CARRIERE DONT CHATEAUX BORDEAUX AUX EDITIONS GLENAT, VIGNOBLE BORDELAIS

Avec un scénar dans la poche

Corbeyran s’installe à Bordeaux en 1987. Sans argent, ni métier, ni même diplôme, mais avec un scénario en tête et l’irrépressible envie de « faire de la BD ». Peu après son arrivée, un dessinateur accepte de collaborer avec lui. « A force de ténacité et de patience, on parvient finalement à signer un premier contrat », se souvient celui qui depuis a composé et publié plus de 400 titres.

 

À la fin des années 80, le 9e art est loin de disposer de l’audience qu’il connaît aujourd’hui. Ce secteur encore confidentiel de l’édition dont le lectorat se limite à quelques cercles d’initiés n’accorde qu’avec parcimonie de nouveaux contrats d’auteur. Pour vivre, Corbeyran enchaîne pendant une dizaine d’années les missions comme free-lance dans des agences de pub. Il fait « tout ce que les autres ne veulent pas faire. » Dans ces années où l’informatique émerge, il remplace illustrateurs et graphistes partis se former à la publication assistée par ordinateur (PAO) et connaît les dernières heures du maquettage à l’ancienne et de la mise en pages au collage, découpage et bromure.

 

Un petit côté anormal

Le succès arrive en 1997 avec la publication du premier tome du Chant des Stryges. C’est cette série qui va lui permettre de vivre de sa plume. Le titre profite notamment du mouvement qui se dessine alors et voit croître la popularité des livres à bulles. Dans la BD, « la surproduction est née au milieu des années 90 », explique-t-il. « Les robinets s’ouvrent » permettant à cet auteur prolifique de s’exprimer à un rythme qu’il décrit comme ayant « un petit côté anormal. »

 

À partir de là, « les chevaux sont lâchés. » Les collaborations s’enchaînent. Corbeyran écrit avec boulimie. Au gré des sujets, il compose des tandems avec tel ou tel illustrateur, des artistes alors méconnus comme Christophe Bec, Olivier Berlion, Marc Moreno ou Riad Sattouf. Les livres se font à la faveur de rencontres, de propositions, la meilleure configuration étant celle consistant à « bien connaître le dessinateur et avoir une envie commune. » Ainsi, la réussite du Chant des Stryges doit-elle beaucoup à l’alchimie avec Richard Guérineau.

 

La BD, un rêve accessible

L’univers de la BD évolue. Le genre aborde des thèmes qui jusqu’alors lui était tout à fait étrangers. Une inclinaison naturelle puisque « la bande dessinée est un médium extrêmement ouvert, capable de parler de tout. » Parce qu’elle est accessible, « tu peux rêver de faire de la BD, il te suffit d’une feuille… » En cela, la différence avec le monde du cinéma ou de la musique est grande. Dans les années qui suivent, Corbeyran laisse son rêve s’incarner en une succession d’ouvrages touchant à tous les registres : polar, anticipation, aventure, fantastique, science-fiction, historique, thriller…

Mettre le vin en cases

« Toi qui habites Bordeaux, tu dois bien t’y connaître en vin », lui lance en 2007 Jacques Glénat. « Mis à part le fait d’en avaler pas mal », Corbeyran ignore tout de ce monde. L’éditeur le met en relation avec quelques grands acteurs comme Michel Rolland, Florence et Daniel Cathiard. À la faveur des recommandations, « les portes s’ouvrent plutôt facilement. »

 

Avant de mettre le vin en cases et en vignettes, l’auteur multiplie les rencontres. Longtemps, il demeure « totalement désarmé devant des gens ayant une énorme connaissance de cet univers, tout en étant très sympas et assez ouverts pour accepter un gars comme moi, débarquant avec son incompétence crasse et son blouson de cuir. » Pendant trois ans, il tâtonne, recueillant presqu’autant d’avis qu’il aura d’interlocuteurs avant de se lancer dans la rédaction. Pour Châteaux Bordeaux, la « bonne idée » a été de choisir comme héroïne de cette saga familiale se déroulant au cœur du Médoc « un personnage aussi incompétent que moi, plutôt que des connaisseurs. »

 

Un changement de vie

L’histoire d’Alexandra Baudricourt, jeune héritière qui décide envers et contre tout de sauver la propriété dont elle vient d’hériter, trouve son public. L’association avec le dessinateur Espé, porte ses fruits. L’intrigue de la première saison se poursuit sur 9 tomes. Une seconde saison est actuellement en cours. Au-delà du succès de la série, le vin se révèle comme « un sujet extraordinaire » qui change radicalement la vie de son auteur.

 

Après Châteaux Bordeaux, auteur et éditeur cherchent à toucher d’autres régions avec des diptyques se déroulant en Bourgogne, mais aussi en Espagne ou encore en Argentine. Jacques Glénat est aussi à l’origine de Vinifera, une série à travers laquelle Corbeyran aborde la viticulture sous un angle encyclopédique. L’idée consiste à traiter un sujet historique de façon extrêmement rigoureuse et documentée, mais sous forme de fiction. Dix tomes sont parus et six autres sont en cours de réalisation.

 

Avec La Maison des Fragrances (Hachette) et Le Maître Chocolatier (Lombard), il s’aventure vers d’autres domaines. Plusieurs albums paraissent sans qu’il retrouve la veine et la force que lui procure le vin. Sujet de passion, le vin demeure une source intarissable de connaissances et reste « ce qui le porte le plus ».

 

Une deuxième passion

Avec Châteaux Bordeaux, de même qu’avec les albums suivants sur cette même thématique, l’auteur et ancien néophyte « buveur de n’importe quoi » s’est trouvé une deuxième passion. Découvrir le vin, comprendre le comment et le pourquoi, connaître les savoir-faire lui ont permis d’apprendre à apprécier, lui ont donné envie de mieux consommer et de partager. Avec le vin, que ce soit à la vigne, au chai ou verre en main, comme dans les bulles de BD, le partage est là. Saveurs, idées, savoir-faire, le débat est toujours présent, parfois même enflammé, la matière ne manque jamais. « Le vin est d’une richesse infinie » et porte en lui la promesse de nouvelles découvertes à déguster en buvant, en écrivant ou en lisant…

 

GIRONDE (33), BORDEAUX, ERIC CORBEYRAN, SCENARISTE DE BANDE DESSINNEE, IL A SIGNE PLUS DE 400 ALBUMS AU COURS DE SA CARRIERE DONT CHATEAUX BORDEAUX AUX EDITIONS GLENAT, VIGNOBLE BORDELAIS

 

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