Accueil / Portraits d’acteurs / Portrait d’acteur : Joachim Haas

Enfant, Joachim Haas grandit au Pays Basque dans une famille tournée vers la mer et la terre, et comptant dans ses rangs plusieurs agriculteurs. De ces années, il garde l’habitude de vivre au grand air, au contact de la nature. Puis sa famille déménage à Bordeaux. Il fait l’essentiel de sa scolarité dans la capitale gironde et continue de se construire au sein de cette famille passionnée de vins et de gastronomie.
Ses débuts professionnels, Joachim les effectue dans la promotion immobilière travaillant dans la partie technique comme coordinateur de programmes. « L’expérience ne se révèle pas « très concluante… » Assez vite, il ressent « un grand manque, un besoin de retourner vers une activité ancrée dans le terroir et aux prises avec la nature. » Ayant hérité des siens leur amour du vin, il décide de reprendre ses études dans ce domaine en 2012. Puis, il travaille successivement pour les deux grands domaines que sont Château Maucaillou à Moulis-en-Médoc et Château Seguin en Pessac-Léognan.
L’opportunité de s’installer viendra sous la forme d’un « coup de cœur pour une belle propriété située sur le terroir vallonné et plein de potentiel des Côtes de Bourg. » C’est ainsi qu’en 2018, Joachim s’associe avec ses parents et son grand-père. Ce dernier travaillant dans le tourisme, souhaite se lancer dans l’œnotourisme. Il reprendra la bâtisse tandis que son petit-fils prend possession des terres, du chai et du matériel.
« J’ai pris en main le millésime 2018 pendant les vinifications. 2016 et 2017 étaient en cuves. La propriété ne faisait que du vrac, » se souvient-il. Il commence ses premiers assemblages sur ces cuves créant « l’identité de toutes ses cuvées, commençant par des vins classiques. » Appartenant à la nouvelle génération de vignerons, Joachim dit aimer et se diriger d’emblée vers des « vins ronds moins boisés et longs en bouche. »
Structurer une gamme et une identité
C’est ainsi qu’il va structurer ses gammes, par type de vin, du plus léger au plus complexe. Partant du constat qu’ « on manque beaucoup de fantaisie en France » il se diversifie pour développer des cuvées plus originales. Sous l’appellation Vin de France, il compose deux rosés, dont un perlant – bien nommé ‘Perle de Bégot’. Ces vins rosés secs se différencient nettement de leurs alter-ego provençaux. Ils sont ainsi faits avec du merlot, « dans une recherche du fruit mûr pour finalement y retrouver une note de fraise qui plaît bien. »
Joachim imagine aussi une entrée de gamme avec son « Bégotin. » Un vin « gouleyant et léger, idéal comme vin d’apéro, un vin facile, un vin de terrasse. » Son étiquette est d’ailleurs dessinée par un cousin… Chez les Haas, la famille n’est jamais très loin. Sa gamme compte aussi une jolie cuvée, baptisée « Fleur de Bégot. » Ce vin d’assemblage, rond, peu tannique est issu d’une extraction douce et d’un pigeage manuel. Une cuvée caractérisée par une « bouche longue et très fruitée. »
Parmi ses autres cuvées en rouge, toutes classées en Côtes de Bourg, on peut souligner, aux côtés du traditionnel Château Bégot, l’arrivée d’une cuvée vieilles vignes. « Reflet du travail du petit vigneron cherchant la qualité », elle est issue de vignes de plus de 70 ans, récoltées à la main et intégralement vinifiées en barrique et en quantité limitée (3 200 bouteilles) uniquement lors des grands millésimes, c’est-à-dire jusqu’ici 2020 et 2022. « Avec ce vin baptisé ‘Palatinus’, je veux proposer un vin très rare, noir, soyeux et intense. » Bientôt, pour travailler le sol des vignes de cette grande cuvée, il utilisera un âne, un grand noir du Berry, qu’il est entrain de former à ce type de travail.
À son arrivée en 2018, le vignoble déjà enherbé était encore en conventionnel. Comme « il ne manquait pas grand-chose pour passer en bio, je me suis lancé dans la conversion dès 2019. » Implanté sur un terroir argilo-calcaire présentant sur ses points les plus hauts des graves jaunes, le vignoble présente des vignes âgées en moyenne de 40 ans qui font toutes, à l’exception des plus jeunes, l’objet de vendanges manuelles. Sans aller jusqu’à passer en biodynamie, Joachim utilise beaucoup de décoctions de plantes pour réduire le cuivre à des doses minimales.
Ses vignes s’étendaient au départ sur 22 hectares. Face au contexte compliqué dans le Bordelais et à la nécessité de se dégager du temps pour la commercialisation de ses vins, vendus désormais exclusivement en bouteilles, Joachim est passé aujourd’hui à 10 hectares qu’il travaille seul et entend continuer cette diminution pour atteindre les 5 hectares.
Quelle leçon tirer de ces premières années à la tête de Bégot ? « Un sentiment de satisfaction, car quasiment toutes mes bouteilles ont été médaillées, ce qui signifie que j’ai été bon élève et que j’ai bien retranscrit ce que j’ai appris sur les grands vignobles où j’avais travaillé. »
Son ambition pour les années à venir ? À cette question, Joachim répond : « continuer ainsi en travaillant un domaine plus petit pour aller toujours vers plus de qualitatif. » Beau programme !
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