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Bordeaux millésime 2024, une chance à saisir

La quinzaine de dégustation des Primeurs vient de se terminer, place aux annonces tarifaires, attendues à la baisse, alors que le marché français ne donne pour le moment pas de signes d’amélioration.

 

 

Photo (c) JB Nadeau

Des primeurs en panne

 

Les annonces tarifaires commencent, pour ceux qui ont encore l’espérance et la chance d’être vendus en Primeurs. Objectivement, ce ne fut pas la grande foule cette année. Le mécanisme des Primeurs est en panne et Bordeaux n’est plus à la fête. Mis à part quelques spécialistes patentés, 2024 ne marque pas les esprits par sa qualité mais…

 

Il représente néanmoins ce que recherche aujourd’hui nombre de consommateurs. Du fruit, moins de tanins et d’alcool et une consommation plus rapide. Tout réside désormais dans les prix proposés. Mieux vaut se couper un doigt que le bras…
« Sacrifier le millésime » serait pour beaucoup une stratégie qui permettrait à tous les acteurs de la filière d’enfin tirer dans le même sens. Et ainsi relancer pour l’avenir un système habile et bluffant qui a réussi à Bordeaux depuis longtemps.
Mais à Bordeaux, l’union ne fait pas nécessairement la force, et de plus, les premiers prix annoncés ne répondent pas nécessairement aux attentes. Il fut un temps où près de 1000 propriétés vendaient en Primeurs, sont-elles encore 50 aujourd’hui ? Beaucoup d’acheteurs attendent des baisses d’au minimum 30% alors que le millésime 2023, déjà la baisse, n’a pas connu le succès espéré. Cette attente se limite bien entendu aux grands Vins dont doit venir le bon exemple. La grande majorité des producteurs ne pouvant se permettre une baisse de prix aussi significative, bien entendu.

 

 

Des solutions existent pour retrouver la confiance

 

Cependant, certains producteurs vendant en direct, ne connaissent que peu la crise mais craignent plus que tout une baisse de prix catastrophique chez leurs voisins qui ne feraient que tirer vers le bas toute la hiérarchie des vins de Bordeaux. Et ne parlons pas d’opérations suicides et catastrophiques qui vont se multiplier dans la grande distribution où des Bordeaux à moins de 2 € sont désormais mis en marché. Vendre à prix coutant est aujourd’hui une réalité pour beaucoup. En n’oubliant pas que les prix des matières sèches ont augmenté et que trouver du personnel s’apparente à une véritable chasse aux trésors…

 

Il faut bien l’avouer, les vins de Bordeaux ne correspondent plus aujourd’hui aux exigences et demandes de certains consommateurs. Alors qu’ils n’ont jamais été aussi bons et qu’une fourchette de prix unique permet à chacun de trouver son bonheur. C’est extrêmement frustrant et problématique pour tous. Il est loin le temps où les producteurs réunis sous leur bannière d’appellation se déplaçaient quasi chaque année en masse sur Bruxelles, Amsterdam, Londres et autres capitales d’Europe pour présenter leurs productions aux distributeurs, cavistes, sommeliers et parfois consommateurs. Ces opérations de proximité ne sont-elles pas à relancer au plus vite si on veut « Sauver le Soldat Bordeaux… » ? Mais les producteurs en ont-ils encore l’envie ?

 

 

Photo JB Nadeau Primeurs 2016

Photo JB Nadeau

Catastrophe dans l’hexagone

 

Les Français boivent deux fois moins de vins qu’il y a cinquante ans. Heureusement le tourisme continue d’engendrer de bons chiffres et les étrangers sont très friands de vins français et d’achats en propriétés. Cette baisse de consommation est catastrophique et pas plus tard qu’hier, mardi dans un restaurant brasserie de premier ordre à Langon, il n’y avait du vin au verre que sur deux tables. Pas une bouteille ni d’autres verres de vin en vue sur les onze tables voisines. Comment s’en sortir avec un désaveu aussi flagrant… Auparavant les restaurateurs faisaient leur marge avec la bouteille de vin. Aujourd’hui, c’est fini. Pas étonnant donc que les dépôts de bilan soient extrêmement nombreux. Plus de 7000 enseignes en 2024. Cependant de nombreuses ouvertures existent aussi, avec des approches novatrices.

 

Le vin au verre est tout à la fois une aubaine, mais aussi dans certains cas, heureusement peu nombreux, une tromperie honteuse.  Je ne peux que vous conseiller de vous faire servir le vin au verre sur table, bouteilles proposées à votre connaissance. De nombreuses transformations d’AOC se produisent parfois dans certains établissements pourtant résumés sérieux. J’ai toujours en mémoire la commande d’un verre de Sauternes qui, au moment du règlement au comptoir, s’est révélé être un vin de Cadillac provenant d’un cubitainer. Bonjour l’arnaque ! Ce « mirage « n’est hélas pas rare et demande de la vigilance de la part du client.

 

 

Heureusement le bon temps actuel préfigure une bonne étape végétative. Et un tourisme prospère fort attendu. Espérons aussi qu’il soit le signe de la relance pour une filière à bout de souffle…

 

 

Bernard Sirot
Journaliste et dégustateur Vintaste

 

Photo (c) Jean-Bernard Nadeau

 

 

Une réponse à “Bordeaux millésime 2024, une chance à saisir”

  1. Giers dit :

    Bravo Bernard
    Quand Bordeaux se rendra compte qu’il n’est plus le nombril du monde du vin mais une appellation de mauvaise réputation, il remontera la pente.
    Bordeaux doit entendre le souhait des amateurs Des vins buvables, joyeux dont on vide la bouteille.
    Et que la loi Évin arrête de prendre le consommateur comme un alcoolique
    En Espagne le vin est un produit culturel
    Amicalement

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