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Edwige et Olivier Michon

Portraits d’acteurs :
Edwige et Olivier Michon

 

Edwige et Olivier Michon, propriétaires de Château Livran.
Photos Jean-Bernard Nadeau – Images Drone Stéphane Labaurie – Réalisation Arnaud Fleuri – Interview Frédérique Nguyen Huu.

 

Se trouver à Rome

Edwige Michon est « tombée dans le vin quand elle était petite ». Lorsque son père partage ses propriétés entre ses enfants, elle devient copropriétaire du domaine margalais de Brane-Cantenac. Comme son frère « gère parfaitement l’ensemble », elle lui laisse ses terres en fermage pour se consacrer à ses études de langues (LEA) et d’Histoire de l’Art avant de partir à Rome effectuer son année de maîtrise. Là, elle guide également les pèlerins pour une association et fait la connaissance d’Olivier. « Il fallait Rome pour que nous nous rencontrions ! », s’amuse-t-elle. Originaire de Besançon, Olivier Michon hésite, « étrangement » selon les termes de sa femme, entre Archéologie et Armée. Optant pour la carrière militaire en raison de la liberté qu’elle procure, il est à Rome pour une année sabbatique. Contraint de quitter l’armée, quelques années plus tard, pour des raisons de santé, il rejoint son beau-frère à Brane-Cantenac. En même temps qu’il apprend « sur le tas tous les métiers du vin », il se découvre une passion pour cet univers. Olivier décide alors de reprendre ses études et obtient un Master en gestion de propriété agricole (option vinicole).

 

Il pleuvait sur Livran

Edwige qui ne s’était pas encore « plongée dans le vin » choisit de rejoindre son époux. Désireux de « voler de ses propres ailes », le couple se met en quête d’une propriété. Après plusieurs dossiers infructueux, ils visitent Château Livran. « Le temps ne pouvait pas être pire que le jour de notre première venue, et pourtant, la propriété m’a choisie », se souvient-elle. D’emblée, c’est le coup de cœur pour ces parcelles baignées d’histoire dont l’origine remonte à 1280 et, peut-être même au Ier siècle de notre ère. En 2013, ils achètent ce domaine « magnifique » qui se déploie d’un seul tenant avec son parc, son vivier et ses vignes autour des bâtiments. L’aventure commence sous de bons auspices avec un premier millésime, très compliqué ailleurs, mais qui se révèle pour eux une « jolie récolte ».

 

Réintégrer chais et cuvier à la propriété

A l’époque, il n’y a plus de ventes sur la propriété. « Tout est à faire ! » Le domaine présente cependant des vignes en bon état et le couple se met au travail. Il se lance dans la construction d’un chai et d’un cuvier, jusqu’alors excentrés. Désormais situés au cœur du domaine, ils se fondent dans le paysage, au point que certains visiteurs les pensent d’origine. Respectueux de l’environnement, les nouveaux bâtiments offrent des conditions d’isolation optimales avec l’implantation de puits canadiens. Ils sont également conçus pour être tout à la fois esthétiques et pratiques, « faciles à vivre et à travailler » pour les équipes, équipes  sans lesquelles Livran ne serait rien : vigneronnes, vignerons, ouvriers agricoles, apprentis…

 

Une gestion orientée nature !

D’emblée par une inclination toute naturelle, celle d’enfants des années 80 ayant vu « disparaître de leur environnement marguerites, coquelicots et papillons », Edwige et Olivier décident de se tourner vers la biodynamie. Travail du sol et arrêt des herbicides sont mis en place sur l’ensemble de la propriété dès 2013. Une première parcelle de 10 hectares non plantée depuis 8 ans et située à l’arrière du parc est immédiatement conduite en biodynamie à sa plantation en 2016. Au fil des années, l’ensemble de la propriété suit. « Nous ne cherchons pas à appartenir à une chapelle en nous plaçant sous un label » explique Edwige. « Cependant, notre démarche est imprégnée des principes de culture en biodynamie, malgré les difficultés que cela peut représenter sous un climat comme le nôtre, propice aux champignons et autres maladies cryptogamiques. » Après une transition douce, les parcelles longtemps habituées aux traitements réapprennent aujourd’hui à vivre et lutter sans la chimie mais à l’aide de tisanes.

Filtre aux sarments

Dans le domaine du traitement des eaux usées, Château Livran se montre pionnier. Désireux de limiter sa consommation d’eau, le domaine recourt à une technique de filtrage et réutilisation des eaux expérimentée par l’œnologue Denis Dubourdieu et mise en œuvre par l’entreprise Souslikoff. Les eaux phytosanitaires et vinicoles de la propriété sont récupérées en cuve. On en asperge ensuite les sarments broyés des vignes du domaine. Au contact du bois, l’eau se trouve purifiée. Les sarments ainsi imprégnés forment un compost qui est ensuite réutilisé dans les vignes. Une technique jusqu’ici unique en France qui gagne à être connue et reproduite ailleurs.

Défis

Sur les 40 hectares de Livran, Edwige et Olivier produisent chaque année 150 000 bouteilles. Ils s’attachent à façonner des vins sur le fruit, équilibrés et élégants avec le concours d’une jeune maître de chai allemande qui partage leur philosophie. Elaborés en toute indépendance, en dehors de tous classements, les deux vins du domaine expriment son terroir, présentant un encépagement de Merlot, Cabernet Sauvignon et Cabernet Franc, qui pourrait s’enrichir à l’avenir de quelques parcelles de Petit Verdot. Malgré l’attachement qu’ils portent à leur domaine, Edwige et Olivier Michon ne cachent pas « qu’à l’heure actuelle, exploiter un domaine de Médoc, relève de la gageure. » Il en découle la nécessité de créer et d’entretenir des liens forts avec les clients, particuliers et négociants, « en faisant connaître ce que nous développons ici

Les personnages de Livran

Livran, c’est enfin le patrimoine historique d’une des demeures les plus anciennes de la presqu’île médocaine dont l’écurie, la vacherie (sic) et le pigeonnier qui sert aujourd’hui de tisanerie, ont traversé les siècles. Il reste encore bien des choses à découvrir sur ce domaine qui vit passer nombre de grandes figures, à commencer par ses premiers propriétaires, les frères de Got, père et oncle du futur Pape Clément V. A la Révolution, il appartient au libéral Dupérier de Larsan qui marque les esprits pour sa proximité avec les habitants de la région. Plus récemment, on dit que c’est au Château que le Général de Gaulle passa sa dernière nuit avant de rejoindre Londres. Une photo datée de 1954 montre le grand homme, revenu à Livran après la guerre. Il se tient dans la cour avec M. Liquard, propriétaire des lieux dont la famille était liée à celle d’Yvonne de Gaulle.

 

 

 

Making of

En savoir plus sur le Château Livran

 

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