Accueil / Portraits d’acteurs / Portrait d’actrice : Lydia Héraud
Pendant 20 ans, Lydia Héraud travaille à la direction du service communication d’une grande structure coopérative et gère en parallèle une exploitation agricole avec son mari. Élue municipale depuis 2001, elle se consacre depuis 2014, exclusivement à ses mandats d’élue locale. Aujourd’hui, Lydia Héraud occupe les fonctions de maire-adjointe de Val de Livenne et maire-déléguée de Marcillac, ainsi que celles de Présidente de la Communauté de Communes de l’Estuaire, un ensemble qui regroupe 15 000 habitants, 14 communes et une vaste superficie de territoires viticoles.
Depuis 2016, Lydia Héraud siège également au Conseil régional Nouvelle-Aquitaine où elle est en charge de la viticulture et des spiritueux. Dans ce cadre, elle pilote le projet VitiREV, un programme né en 2017 de la volonté d’« innover pour des territoires viticoles respectueux de l’environnement ». Comme aime à le souligner l’élue, VitiREV se distingue par son ampleur sans précédent et la grande diversité des acteurs qu’il réunit : syndicats professionnels (CIVB, BNIC, IVBD, IVSO), chambres d’agricultures, organismes de recherche (INRA, BSA, ISVV, IFV, universités), structures d’innovation (Cluster Inno’vin, Pôle de compétitivité Agri Sud-Ouest Innovation, PME et start-up régionales, GIP ATGeRi), État (DRAAF), mais aussi communes, associations, lycées agricoles et coopératives.
Pour bien prendre la mesure de ce projet, Lydia Héraud rappelle que la Nouvelle-Aquitaine se place avec ses 216 000 hectares de vignobles et 13 000 exploitations au premier rang des régions viticoles européennes en valeur. Dans la région, 120 000 emplois directs et indirects sont liés à la viticulture qui enregistre un chiffre d’affaires de 7 milliards par an. Le projet VitiREV découle de l’importance de ce secteur au plan régional, de même que des enjeux communs auxquels sont confrontés les 10 départements aquitains : impact du changement climatique sur les vignobles, exposition de la viticulture aux maladies, préservation de la biodiversité et forte demande en faveur de la diminution des intrants. « Portés par l’envie d’aller plus vite et plus loin ensemble », explique-t-elle, « les acteurs concernés ont élaboré un projet permettant à leur région de concilier performance viticole et qualité de vie sur leurs territoires à l’horizon 2050. »
Grâce au travail réalisé en amont, VitiREV figure parmi les 24 candidats retenus par l’Appel à Projets Territoires d’Innovation porté par la Banque des Territoires de la Caisse des Dépôts dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir. Cette sélection vient récompenser la réflexion qui a alimenté le projet. Elle constitue également un levier non négligeable de mise en œuvre des actions de ce programme, la région ayant obtenu une enveloppe de financement de 73,6 millions d’euros sur 7 ans. Sur cette enveloppe, 60 millions sont destinés à investir dans des entreprises régionales proposant des solutions de substitution aux intrants classiques comme la robotique, les outils d’aide à la décision, les produits de biocontrôle, etc. Tandis que 13,6 millions doivent servir à subventionner des programmes portés par des interprofessions, coopératives, associations ou collectivités.
Projet tout à la fois sociétal, environnemental et économique, VitiREV est conçu pour fédérer viticulteurs et citoyens autour d’initiatives communes, diffuser les bonnes pratiques et rendre les territoires viticoles attractifs pour tous. Ce programme tend également à proposer de véritables alternatives aux traitements phytosanitaires de la vigne pour le bien-être des habitants de la région, des viticulteurs et pour favoriser la biodiversité. Sa portée économique est non négligeable puisqu’il doit permettre de renforcer la compétitivité, le rayonnement et l’attractivité de la filière et des territoires viticoles. VitiREV ambitionne aussi d’accélérer la transition numérique de la filière viticole et de faire évoluer les métiers viticoles en favorisant l’adoption de bonnes pratiques agroécologiques.
Dans sa recherche d’alternatives aux traitements de la vigne et d’amélioration des pratiques agricoles, VitiREV se nourrit de la concertation citoyenne au travers de la création de 14 laboratoires d’innovation territoriale. Répartis dans toute la région, ces labos rassemblent acteurs viticoles et habitants des territoires autour de projets d’expérimentation sur la question du bien vivre sur les terres viticoles. Travail de la terre, implantation de cépages résistants, robots au lieu de désherbants, autant d’initiatives portées depuis septembre dernier par ces 14 entités et susceptibles d’être dupliquées ailleurs à l’avenir.
Aujourd’hui, VitiREV compte plus de 130 partenaires déjà engagés avec la possibilité d’ajouter de nouvelles actions dans les années à venir. Dans le contexte actuel de crise du monde viticole, Lydia Héraud estime primordial de veiller à ce que le programme se déploie dans les meilleures conditions. Face à l’évolution des comportements, aux demandes des consommateurs pour davantage de bio et pour des vins plus « légers » VitiREV peut permettre d’élaborer une réponse qualitative à la crise, « aider à travailler le structurel, comment produire probablement moins, mais surtout mieux pour une meilleure adaptation aux marchés dans le contexte de réchauffement climatique ». S’agissant plus particulièrement de la crise sanitaire du COVID sur le secteur viticole, Lydia Héraud rappelle qu’au-delà de l’impact commercial de celle-ci, il convient aussi « de ne pas relâcher les efforts et continuer de porter les questions environnementales. Suivre le programme d’action défini dans le cadre de VitiREV aidera à réaliser les conditions inscrites dans Néo terra, la feuille de route de la transition environnementale et climatique adoptée en juillet dernier par la région Nouvelle-Aquitaine. » .
Laisser un commentaire