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Emilie Contiero, propriétaire du Château Bragelone.
Photos Jean-Bernard Nadeau – Images Drone Stéphane Labaurie – Réalisation Arnaud Fleuri – Interview Frédérique Nguyen Huu.
Emilie Contiero et le Vin : une passion à faire vivre
Émilie Contiero débute sa carrière à Saint-Émilion et dans la région bordelaise en travaillant pour différentes caves et autres points de vente après l’obtention d’un BTS technico-commercial en vins et spiritueux.
Bien que passionnée par le vin, les emplois qu’elle occupe ne captivent pas celle qui se souvient avoir été « déçue par cette partie touchant à la commercialisation » et, qui décide de changer de secteur. Sa vie personnelle connaît alors d’importants changements. Émilie retrouve Nicolas, rencontré à l’école, et l’épouse. De leur union naissent deux petites filles, puis sur le tard un petit garçon.
Si elle s’éloigne du vin pendant six ans, c’est pour mieux y revenir. En 2012, Émilie se lance dans une nouvelle aventure en s’installant seule sur quatre hectares de vignes. Nicolas, diplômé en viticulture et œnologie, l’appuie mais conserve dans un premier temps un emploi salarié. Entre 2012 et 2016, elle gère seule l’exploitation qui double de surface chaque année. Puis, en 2017 son mari la rejoint.
Château Bragelone : « vinifier et bâtir un projet à transmettre »
Attachés à la terre, mari et femme travaillent désormais ensemble à faire croître ce domaine qu’un jour ils pourront transmettre. Ce projet de vie qu’elle décrit comme « quelque chose de très fondamental » se révèle tout à la fois laborieux et complexe, mais aussi excessivement motivant et instructif. « Pour rien au monde, je ne reviendrai en arrière » affirme celle qui ne cache pas que l’entreprise dans laquelle ils se sont lancés comporte bien des défis.
Situées sur les hauteurs de Salignac, leurs parcelles s’étendent aujourd’hui sur 23 hectares. Elles sont implantées sur un terroir varié composé d’argile, de calcaire ou de limon. On retrouve même dans un des plus grands îlots où le calcaire affleure, la typicité des hauteurs du Saint-Émilionnais. Émilie et Nicolas ne sont pas issus de familles de vignerons. Parce qu’ils démarrent de rien, ils choisissent de s’appuyer sur la cave coopérative de Tutiac à laquelle ils vendent la plus grande partie de leur production qu’elle vinifie sous son nom propre. Cela leur assure un revenu financier régulier et leur permet de faire leur vin en limitant la prise de risque.
Chaque année, le couple conserve la production d’un hectare qu’il travaille et commercialise lui-même sous la marque Château Bragelone. Au vin rouge de Bragelone lancé en 2014 en même temps que la création de la marque s’ajoutent désormais un vin rosé, un vin blanc et une cuvée en rouge. Leur chai, semblable « à ceux de nos grands-pères » est simple, traditionnel et fonctionnel. « C’est d’abord, le terroir qui travaille » explique Émilie, « nous cherchons à en tirer l’expression la plus juste, la plus jolie. » Il en résulte des vins qui varient suivant les millésimes tout en présentant une ligne d’arômes assez droite et une typicité de fruits rouges mûrs avec une note de réglisse en fin de bouche. La cuvée, élevée pendant 24 mois en barrique, est plus tanique et ample en bouche.
Label bio et agroforesterie
Aujourd’hui, l’objectif n’est plus de s’agrandir. L’heure est au bio et au retour à des pratiques plus proches de la nature. Château Bragelone est actuellement en conversion bio. Sa labélisation devrait intervenir dans les deux ans. Depuis plusieurs saisons, à l’entrée dans l’hiver et au printemps, pour faire chausser et décavaillonner, Émilie recourt à un prestataire travaillant avec des chevaux. Pour le travail des sols en général, le couple a pris « un virage résolument environnemental ». À Bragelone, on évite la chimie préférant le désenherbement mécanique. « En réduisant au maximum les labours, on laisse faire la nature, moins on entre dans la vigne, moins on abime son écosystème », souligne-t-elle.
« Ramener la nature dans la nature »
La jeune femme qui revendique comme repères les façons de travailler des vieux paysans qui favorisaient les petites parcelles, prend un nouveau virage en 2017. Le couple s’engage dans la voie de l’agroforesterie avec l’acquisition d’une belle friche de 25 hectares, « un véritable cadeau, parce que cette terre était vierge de toute culture ». Là, il plante 3 hectares de vignes et près de 500 arbres, fruitiers, champêtres et des haies, pour ramener de la biodiversité au cœur des vignes. Désormais, lorsque leurs autres parcelles de vignes ne seront plus productives et qu’il faudra arracher, c’est selon ce schéma qu’ils replanteront. S’il est trop tôt pour voir une différence sur la vigne, encore toute jeune, Émilie constate déjà sur ces terres comme dans cette vigne nouvelle la présence plus importante d’insectes, coccinelles et sauterelles. En revenant ainsi à une logique agricole proche de la nature, d’autres bénéfices ne tarderont pas à se faire sentir.
Making of
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Magnifique reportage ! Bravo Emilie !