Accueil / Portraits d’acteurs / Portrait d’acteurs : Jean-Christophe Varron et Anouck Chapuzet-Varron
« Il n’y a pas vraiment de logique à ce que nous nous retrouvions, mon père et moi, à Saint-Germain-de-Lusignan, près de Jonzac, à la tête de la Tonnellerie Vinéa, » commence Anouck Chapuzet-Varron. « Fils et petit-fils d’armateurs bretons, rien ne le destinait à rejoindre l’univers du vin ! »
Jean-Christophe Varron débute sa carrière sur des gisements off-shore. Sa maîtrise des langues étrangères le conduit ensuite à rejoindre une importante tonnellerie de Jonzac. Durant 10 ans, il se forge une solide expertise dans ce domaine et parcourt le monde en tant que directeur commercial.
Le fort mouvement de concentration initié dans l’industrie tonnellière au début des années 90 incite Jean-Christophe Varron à évoluer. En 1994, il crée Vinéa, une société de production de bois pour l’œnologie, convaincu de la pertinence de ce format, aux plans technique, écologique et économique. L’aventure manque de tourner court, trois ans plus tard, lorsque le législateur statue sur l’interdiction des bois pour l’œnologie, en France et en Europe.
Jusqu’en 2009, date de levée de cette interdiction en France, Vinéa se spécialise dans le négoce de merrains pour des tonnelleries étrangères. Puis, Jean-Christophe se réinvente à nouveau en renouant avec la production de bois pour l’œnologie, sous la marque Aromoak, tout en développant des marques de barriques fortes autour de l’identité d’origine des bois.
Après des études de Japonais, puis de gestion avec une spécialisation en communication, en marketing et en vins et spiritueux, Anouck se forge une expertise en travaillant comme responsable de marque, puis en occupant les fonctions de responsable qualité et spiritueux en grande distribution avant de diriger une petite maison de négoce. C’est forte de ces premières expériences qu’elle décide de rejoindre son père.
« Mon père et moi, nous nous retrouvons sur beaucoup de sujets et particulièrement sur notre amour de la bonne chère, » explique-t-elle. « En tonnellerie, nous évoluons dans l’univers ancestral de la gastronomie auquel nous apportons notre contribution à travers l’élevage. » Seuls 2% des vins passent par une barrique, la tonnellerie s’adresse ainsi à une élite. Elle revêt un caractère de « raffinement aussi bien du point de vue de la dégustation que du prestige dans les chais. »
En 2011, l’arrivée d’Anouck chez Vinéa est motivée par la création d’un outil permettant de développer une nouvelle méthode de chauffe par céramique et l’intégration d’un atelier de tonnellerie à la société. Une étape majeure qui permet la commercialisation des premières barriques chauffées par céramique pour accueillir les vendanges 2012. Cette innovation technique autorise une cuisson à cœur du bois supprimant les aléas gustatifs liés à la cuisson au feu. Jouant sur le couple temps et température, elle permet de conduire des chauffes sur-mesure.
À la dégustation, ce nouvel outil révèle rapidement ses points forts en matière de précision et de répétibilité. Il permet aussi de s’affranchir de l’amertume associée aux barriques très tanniques et offre une longévité accrue aux barriques qui demeurent qualitatives plus longtemps.
Suit en 2018, la création de la barrique Hydro. Cette autre proposition innovante de chauffe consiste à caraméliser le sucre du bois en saturant les douelles par vapeur d’eau avant de les chauffer avec une cuisson par céramique. L’eau pénètre dans les pores du bois, rince les derniers tannins, puis le bois est cuit très profondément. Le bois reprend ainsi toute sa place pour livrer des arômes pâtissiers et de vanille, sans aucun fumé.
« Notre barrique hydro accompagne le vin sans le masquer. Avec elle, nous replaçons le bois à sa juste position et apportons une proposition très disruptive par rapport à la tonnellerie traditionnelle », explique Anouck. Gagnant en précision, Vinéa travaille dans le respect du goût du vin et s’attache à proposer la barrique répondant le mieux aux besoins de ses clients, comme au service de beaux projets gustatifs.
L’atelier de tonnellerie créé en 2011 connaît aujourd’hui des transformations majeures. Avec le soutien de fonds européens et l’appui d’ingénieurs français, Vinéa franchit un cap en développant son outil productif avec la mise en place de nouvelles installations de génération de vapeur pour atteindre des niveaux de cuisson toujours plus précis et continuer d’explorer le champ des possibles de la cuisson hydro.
« Conserver l’humain au centre de tout, » c’est l’objectif d’Anouck, qui prend progressivement la suite de son père. Continuer de faire vivre « l’esprit Vinéa », c’est lui donner les moyens de rester innovante et de fournir des produits de haute qualité, tout en restant une structure à taille humaine, soucieuse du bien-être de ses 22 employés et de son empreinte dans le monde.
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