Accueil / Portraits d’acteurs / Portrait d’acteur : Xavier Buffo
« Je suis d’une famille d’agriculteurs, viticulteurs, polyculteurs et éleveurs du Gers, » commence Xavier Buffo. Enfant, il passe toutes ses vacances dans le sud-ouest. C’est là qu’il commence « très tôt » à conduire ses premiers tracteurs. Déjà l’envie de travailler dans cet univers se fait sentir avec dès l’adolescence une attirance pour la vigne. Bac en poche, après une prépa, il intègre l’Institut d’Agronomie de Rennes où il étudie deux ans avant de terminer son cursus à Montpellier obtenant son diplôme d’ingénieur agronome en viticulture-œnologie, couplé du diplôme d’œnologue.
Xavier Buffo arrive au Château de La Rivière en septembre 1997 juste avant les vendanges. Auparavant, il a effectué son service militaire et un stage de fin d’études de six mois au Château Smith Haut Lafitte. Sur recommandation de Daniel Cathiard, il prend le poste de responsable des chais de ce domaine de Fronsac. Une période qu’il évoque comme « une première expérience exceptionnelle, où on m’a fait confiance, tout en m’accompagnant avec, en plus, la chance de travailler avec Michel Rolland comme œnologue-conseil. ».
En 2003, le domaine passe entre les mains de James Grégoire. Xavier Buffo profite de cette transition pour changer de « point de vue. » Il quitte La Rivière pour prendre la codirection de Touzan, une société de conseil pour la santé de la vigne. Pendant cinq campagnes viticoles, il arpente les domaines de tout type, petits et grands. Cette expérience lui permet aussi de découvrir la direction d’entreprise au sein de cette petite structure dynamique composée d’ingénieurs agronomes.
La vigne et le vin lui manquent. Aussi, quand en 2007, James Grégoire lui propose de revenir à La Rivière, il n’hésite pas. Et, dix ans après sa première entrée en fonction, il retrouve la propriété en septembre, avant les vendanges, au poste de directeur d’exploitation. L’équipe et l’entente sont bonnes. Le domaine prend de l’ampleur avec désormais une maison de négoce.
En décembre 2013, James Grégoire vend la propriété à Lam Kok. Le lendemain, les deux hommes et le fils de l’acquéreur s’envolent pour un tour en hélicoptère. Survient alors le drame que beaucoup connaissent. L’appareil chute dans la Dordogne. Ce terrible accident qui ne laisse aucun survivant a l’effet d’un séisme sur le domaine.
Toutes les responsabilités se recentrent sur Xavier Buffo qui vient juste d’être nommé directeur général. « Comme la vigne n’attend pas, nous avons dû continuer, malgré tout… » Dans cette épreuve se nouent des liens indéfectibles au sein de l’équipe et une « relation de confiance absolue » avec la propriétaire. Depuis 10 ans, Xavier Buffo gère le domaine seul. Le drame a renforcé son ancrage et son attachement déjà forts pour ce château, « un des plus beaux de Gironde » riche d’un domaine très vaste de 95 ha dont 68 ha de vignes d’un seul tenant avec au cœur un bâtiment majestueux du XVIe siècle. Pour faire oublier le drame, il mise sur cette force patrimoniale et ce beau terroir qui offrent « une vraie unité de lieu. » .
Avec 19 salariés, la propriété produit chaque année entre 350 à 400 000 bouteilles en appellation Fronsac rouge, 18 000 bouteilles de blanc, ainsi que 20 000 bouteilles rosés et, depuis peu, 5 000 bouteilles de crémant pour diversifier l’offre. Ces vins sont issus de vignes bénéficiant d’une conduite raisonnée et d’un engagement environnemental précurseur, initié dès le début des années 2000. Le domaine est labellisé HVE depuis 2012 et Iso 14001 depuis 2013. En termes de main d’œuvre et de rendements, « économiquement, je ne peux pas me permettre d’être en bio. Je navigue pour trouver les meilleures solutions dans tous les domaines. » .
L’offre œnotourisque est une composante essentielle de l’économie du château. À la boutique créée en 2000 et aux chambres d’hôte inaugurées en 2005 est venue s’ajouter, à partir de 2014, une offre de visite plus large, avec la possibilité de découvrir les caves souterraines du château. D’une superficie de 8 ha, ces caves creusées dans le calcaire entre 1850 et 1890, sont les plus grandes caves aménagées de Gironde et abritent pas moins de 700 000 bouteilles. De 3 000 visiteurs en 2014, le château passe à 20 000 aujourd’hui, grâce à une offre qui séduit en mêlant histoire, vignes et vinification, ainsi qu’une dégustation.
Depuis 2017, le Château de La Rivière est également devenu un repaire culturel avec la création en 2017 du Festival Confluent d’arts. Chaque année pendant 3 jours début juillet musique, arts de la rue, expositions sont à l’honneur au domaine. Les visiteurs répondent présents pour cet évènement qui implique aussi les habitants et les écoles de la région.
Avec des têtes d’affiche comme Thomas Dutronc, Véronique Samson, et cette année, MC Solar, c’est devenu un évènement phare. Initiée avec le maire du village de La Rivière, cette aventure collective qui fait vivre le lieu et son territoire, donne un nouveau souffle au domaine, en faisant de cette propriété viticole et historique un lieu culturel.
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