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Portrait d’acteur : Vincent Lacoste

 

Vincent Lacoste, Château de Cranne  

 

Photos Jean-Bernard Nadeau – Texte Frédérique Nguyen Huu – Vidéo Mathieu Anglada – Montage Arnaud Fleuri

 

 

 

Un retour aux sources peu conventionnel

 

 

France, Gironde, Donzac, Vincent Lacoste propriétaire du Chateau de Cranne, Artisan Vigneron en agriculture biologique, Vignoble bordelaisBien qu’appartenant à la sixième génération d’une famille de vignerons, le parcours de Vincent Lacoste n’était pas tracé d’avance. Après des études à Angers, il décroche un diplôme d’ingénieur en agriculture et s’envole pour les États-Unis où il se forme au marketing. De retour en France, il travaille à Paris pendant deux ans pour un réseau de cavistes en vue de développer une franchise. Contrairement à nombre de ses camarades, Vincent n’a pas programmé son retour au vignoble.

 

 

En 2004, sur fond de crise du secteur viticole bordelais, ses parents, alors âgés de 55 ans, lui lancent un ultimatum : soit ils vendent le domaine, soit quelqu’un de la famille reprend l’exploitation. Vincent décide de relever le défi, avec comme condition l’ambition de « faire les choses différemment ! »

 

 

Passage en agriculture biologique, arrêt de la vente en vrac, recherche active de clients professionnels et surtout création d’une véritable identité pour le domaine, tels sont les changements qu’il ambitionne de mettre en place. « Oui pour tout, mais débrouille-toi ! » : ses parents lui donnent ainsi carte blanche.

 

 

 

La liberté de tout changer

 

 

Avec le recul, cette liberté totale qui lui est alors offerte, Vincent Lacoste la regarde comme « une chance et un défi ». En 2005, il se retrouve avec un « outil qui fonctionne mais face à une page blanche, sans rails à suivre. » Son chemin sera et reste celui « du tâtonnement, avec des réussites et des échecs, marqué par de constants questionnements. » C’est cette capacité d’adaptation permanente qui explique sa réussite actuelle.

 

 

France, Gironde, Donzac, Vincent Lacoste propriétaire du Chateau de Cranne, Artisan Vigneron en agriculture biologique, Vignoble bordelaisEn parallèle de son activité à Cranne, le vigneron porte une autre casquette, celle d’entraîneur de rugby au pôle jeunes de Langon. « Dans le sport, le chemin est pavé de défaites avant la victoire. » Le sport vient nourrir l’approche viticole de celui qui innove aussi dans le modèle choisi pour exploiter son domaine. Son choix ? Celui de fonctionner sans salarié permanent, mais uniquement avec un apprenti en BTS ou en ingénierie et des prestataires externes pour les différentes tâches viticoles. »

 

 

 

Forger une identité

 

 

Dès son arrivée en 2005, Vincent Lacoste entame la conversion en agriculture biologique du domaine. Il s’aperçoit rapidement que le marché du bio est encore trop restreint pour une exploitation comme la sienne produisant plus de 200 000 bouteilles par an. Une réalité économique qui le pousse à se tourner vers l’export via notamment une présence aux grands salons professionnels comme Prowein et Vinexpo.

 

Les dix premières années sont difficiles. L’exploitation passe de 80% de ventes en vrac à zéro. Il faut écouler des stocks importants, tout en construisant une identité. Le véritable tournant a lieu en 2012-2013, avec un engouement croissant pour le bio en Europe. Cranne possède une longueur d’avance, tant en termes d’image que de technique, et dispose d’un atout majeur celui de pouvoir fournir des volumes importants qui rassurent les acheteurs.

« L’expérience des salons internationaux m’a aussi fait comprendre qu’à l’export, la valeur n’est pas nécessairement dans l’AOC. Les acheteurs étrangers s’intéressent davantage à l’identité du domaine, aux cépages et aux méthodes de production. » Vincent définit alors sa stratégie viticole en fonction de ses points forts qu’il résume par une affirmation en forme de triple négation : « Pas de bulle, pas de boisé et pas de vin à plus de 13°C ! ». Sur le plan technique, il fait évoluer son domaine. Depuis dix ans, il plante des cépages résistants, blancs et rouges. Une décision résultant de la mise en évidence des limites du bio sur le merlot comme cépage dominant après l’hiver très pluvieux de 2012 et une perte de 80% de la récolte.

 

Marsellan et malbec sont d’abord introduits, puis des cépages véritablement résistants comme l’artaban ou le vidoc. Chaque année, Vincent Lacoste arrache environ un hectare pour replanter. Sous sa direction, le domaine passe de 50 à 32 hectares, dont près de 10 hectares désormais plantés en cépages résistants nécessitant peu ou pas de traitements, même lors des années pluvieuses.

 

 

 

Un perpétuel renouvellement

 

La créativité est au cœur de la philosophie du domaine, qui propose aujourd’hui une vingtaine de cuvées différentes. Chaque année, Vincent lance deux ou trois nouvelles cuvées et en retire à peu près autant. Parmi ses « réussites » figurent un blanc baptisé « Orange », un 100% malbec bio nommé « Black » ainsi que « Stérenn », un assemblage de cépages résistants élevés en amphores avec pour la cuvée Sichuan, l’ajout de poivre de Sichuan produit sur le domaine.

Créations et vinifications sont également marquées par une grande liberté « On n’a rien à perdre. Si ça ne marche pas, on revient aux AOC. » Cette audace se reflète dans les choix commerciaux de Vincent dont 80% des vins sont classés en Vins de France, une catégorie qui lui offre la liberté créative qu’il recherche, celle « d’une page blanche à réinventer à chaque fois et à laquelle les clients adhèrent… ou pas. ».

 

 

 

Le verjus, comme nouvel horizon ?

 

« Si je dois faire du vin ‘désalcoolisé’, j’arrête ce métier. » La position de Vincent Lacoste face aux nouvelles tendances du marché est sans ambiguïté. En revanche, il s’intéresse depuis longtemps au verjus. Il voit dans ce jus acide issu de raisins non mûrs la possibilité de proposer une alternative locale, ancrée dans un terroir et déclinée en différents cépages, au citron vert d’Amérique du Sud dont les prix ont explosé… Le projet est encore à l’étude.

 

Une certitude pour les années à venir, à Cranne, les innovations se poursuivront !

 

 

 

 

 

 

Making Of

 

 

 

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