Accueil / Portraits d’acteurs / Portrait d’acteur : Paul Garcin
Au début des années 2000, Paul Garcin étudie le cinéma à Paris. Également musicien, il signe avec le groupe pop-rock dans lequel il chante un album chez Sony Music en 2005. Un plan média perturbé ne permet pas à cet opus de trouver son public. Aussi, 2 ans plus tard et malgré la préparation d’un 2e album, Paul décide de rejoindre le domaine familial de Léognan. S’il continue la musique en parallèle, il intègre Château Haut-Bergey avec l’envie de retrouver dans ses nouvelles fonctions un « autre métier de passionné. »
Acquis en 1991 par ses parents, le domaine passe de 18 ha à 44 ha en 1999. D’emblée, les nouveaux propriétaires éliminent le glyphosate. Instaurant les luttes raisonnées, ils travaillent selon le modèle traditionnel consistant à conduire la vigne à parfaite maturité puis à œuvrer au chai pour obtenir la complexité alors recherchée sur les grands crus.
A son arrivée, Paul intervient essentiellement à la vigne. Il se consacre aussi à la dégustation et à la rencontre d’autres vignerons. Une démarche qui le conduit à un double constat sur l’évolution des domaines bordelais vers « une vision plus festive du vin » d’une part, et d’autre part, sur une inclinaison personnelle de plus en plus marquée pour les vins en biodynamie.
Suivant cette voie, il se plonge à partir de 2010 dans l’étude de la biodynamie. Agriculteurs, viticulteurs et vignerons, ses interlocuteurs font naître en lui de multiples questions sur la conduite de son domaine où lui apparaissent quelques lacunes et incohérences.
En 2014, Paul reprend la direction technique du domaine. Résidant sur place, il lui est plus aisé de s’engager à 100% dans la conversion de Haut-Bergey en agriculture bio et en biodynamie. Véritable « philosophie de vie », cette orientation ne consiste pas simplement à arrêter le recours aux pesticides de synthèse, mais correspond bien à une réflexion globale sur le produit final et les amendements intervenant tout au long d’une chaîne qui se doit d’être juste.
En biodynamie, le travail s’effectue sur des cycles de 7 années. La complexité du sol se forge dans la durée jusqu’à ce que se récrée un mouvement naturel. Du début à la fin du cycle de production du vin, une extrême précision est requise. « Impossible de corriger les défauts, explique Paul Garcin, si les raisins manquent d’azote pour nourrir les levures, le vin ne peut se faire. C’est pourquoi, la culture doit être impeccable. »
En 2014, la propriété reçoit ses certifications en biodynamie et en agriculture bio. Château Haut-Bergey est certifié Biodivin, Demeter et Agriculture Bio. Plaçant le partage au cœur de son travail, Paul façonne des bouteilles « destinées à être partagées plus que dégustées ». A cette fin, il ajuste tout le travail en cave, adaptant les élevages pour dessiner des vins plus en finesse conservant leur capacité de garde.
Château Haut-Bergey se décline en trois gammes de vin. Le domaine produit des cuvées sur le fruit, éloignées du bois, Paul, Jardin, Tuilerie et autres. Issues d’un travail assez libre où le vigneron s’autorise tout type d’assemblages comme le monocépage, elles sont accessibles jeunes et distribuées dans des lieux sélectionnés pour la rigueur de leur positionnement.
Château Haut-Bergey ce sont également des vins plus classiques que Paul a voulu faire évoluer vers davantage de fraîcheur avec des élevages plus longs en foudres, barriques, œufs en béton, en amphores et cuves. Comme ailleurs, dans ses vinifications, le domaine ne s’impose « aucune règle. »
« Nous réalisons un travail de grand cru pour lequel nous mettons tout en œuvre pour proposer des vins de haute qualité n’affichant pas un prix excessif, des vins qu’on aime et qu’on a envie de partager. Tout se fait en interne, sans conseil extérieur, avec une équipe de douze personnes très impliquées connaissant parfaitement la propriété et désireuses de façonner un « vin qui [nous] ressemble. »
Le domaine produit une 3e gamme à partir d’une parcelle du Château Branon : 3000 bouteilles en rouge et 600 en blanc, d’une signature de grand Bordeaux de garde, issues de vignes âgées de 80 ans, elles aussi conduites en agriculture bio et en biodynamie.
Vigneron comblé, Paul Garcin voit son travail comme une contribution à un mouvement d’ensemble qui le dépasse mais qu’il entend continuer d’alimenter en élaborant « des vins haut-de-gamme et accessibles, inscrits dans cette démarche pérenne où la nature est autorisée à reprendre ses droits et où le vin raconte non seulement ses arômes, mais aussi son éthique. »
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