Accueil / Portraits d’acteurs / Portrait d’acteur : Osamu Uchida
C’est le hasard qui conduit Osamu Uchida dans le Médoc en 1999 pour son premier voyage en Europe. Aucune velléité d’implantation à l’époque, juste l’envie de découvrir la culture et les modes de vie occidentaux.
Au Domaine du Haut Brugas où il séjourne, il s’initie à la chasse aux champignons, aux vins locaux, aux entrecôtes aux sarments… « Ayant grandi à Hiroshima dans un environnement urbain ultra moderne, cette expérience de vie campagnarde a constitué un vrai choc culturel que j’ai adoré, » se souvient-il aujourd’hui.
Pour son installation, Osamu Uchida n’a pas d’idée préconçue. Ouvert à toutes les régions et propositions, beaucoup lui conseillent le Sud de la France et ses terroirs « plus faciles » pour un étranger. A l’inverse, on lui répète qu’à Bordeaux et dans le Médoc en particulier, il n’y a pas de place pour lui. « J’ai fait tout le contraire de ce qu’on me recommandait, » s’amuse-t-il.
« C’était comme si j’avais découvert la vraie vie, » poursuit-il. De retour au Japon où la consommation du vin est alors très en vogue, il se donne les moyens de revenir en France. Cette fois, il entend étudier la langue et « apprendre à faire du vin ». Il décroche un bac pro à Vayres puis le DUAD de l’ISVV avant d’effectuer de nombreux stages. Banyuls, Rivesaltes, Côtes de Provence, Val de Loire et Côte-Rôtie, Osamu Uchida explore toutes les appellations.
Dans le Bordelais, il travaille au Domaine de Chevalier et au Château Larrivet Haut-Brion. « A la fin de mon apprentissage, j’ai eu la chance d’être accueilli au Domaine Ampelidae dans le sud du Val de Loire. Là, auprès d’un homme de la précision de Frédéric Brochet, j’ai acquis de précieuses connaissances.
Ce qu’il apporte ? « L’esprit japonais de minimalisme et de rigueur avec un très haut niveau d’hygiène, issu de la culture nippone et qui lui permet de vinifier sans accident bactérien malgré des installations, la première année, très rudimentaires. » Aujourd’hui encore et bien qu’il bénéficie d’installations plus élaborées, pour conduire ses vinifications, il continue de se conformer à cette stricte discipline toute japonaise.
Même si cette première cuvée est bonne, Osamu Uchida reconnaît sans difficulté qu’il doit beaucoup à l’article enthousiaste publié dans Die Welt par un journaliste en visite dans le Médoc. Son domaine qui ne produit alors pas plus de 1 500 bouteilles par an, recueille les suffrages des amateurs du nord de l’Europe, Allemagne bien sûr, mais aussi Pays-Bas, Suède ou encore Danemark et Angleterre.
De 60 ares, le Domaine Uchida passe à 3 hectares par acquisitions et fermage. Le vigneron qui travaille en bio depuis ses débuts n’entend pas se précipiter et conserver une superficie « à taille humaine ». Dans un avenir proche, il prévoit simplement l’implantation d’une haie d’agroforesterie pour favoriser la biodiversité. Longtemps seul, il est maintenant épaulé par sa femme et quelques saisonniers. Grand amateur de cabernet sauvignon, ce cépage est roi sur son domaine qui compte depuis peu quelques alignements de merlot, de caménère, de même que de sauvignon blanc et gris.
Miracle est un vin composé à 100% de cabernet sauvignon auquel il voue une véritable passion. Rond et souple, cet AOC Haut-Médoc de type ancien est peu tannique. Issu de vinifications souples mêlant barriques et amphores, il n’est pas sans rappeler le clairet. Deux autres crus sont nés. L’un baptisé Phéromone est un vin de France décliné en deux couleurs. L’autre, nommé Mélodie, est un 100% Merlot (AOC Haut-Médoc).
Osamu Uchida voit son rôle comme celui d’un ambassadeur. Guide pour les visiteurs japonais dans le Bordelais, il dispense depuis 2018 des cours de dégustation et d’assemblage aux professionnels japonais au Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB). Ambassadeur de la planète, il s’attache à sensibiliser ses interlocuteurs aux enjeux écologiques et environnementaux qui sont au cœur de ses pratiques depuis ses débuts
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