Accueil / Portraits d’acteurs / Portrait d’acteur : Kees van Leeuwen
« Très tôt, j’ai attrapé le virus du vin. » Cette passion conduit le jeune néerlandais Kees van Leeuwen, une fois son bac en poche, à venir étudier l’œnologie en France. Après une première année à Reims, il poursuit son cursus à Bordeaux pour obtenir le diplôme d’œnologue puis une licence en viticulture à Dijon avant de revenir à Bordeaux pour effectuer, sous la direction du Pr Seguin, son doctorat sur la notion de terroir en viticulture.
Bénéficiant d’un financement du Syndicat Viticole de Saint-Émilion, il noue de nombreux contacts dans l’appellation où il commence sa carrière comme chef de culture puis directeur technique au Château Cheval Blanc.
En 1996, l’occasion se présente de rejoindre le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche, un poste de maître de conférence se libérant à Bordeaux Sciences Agro. À la faveur d’un arrangement avec Pierre Lurton, Kees van Leeuwen n’abandonne pas Cheval Blanc et reste attaché à la propriété menant de front ses fonctions d’enseignant et celles de consultant, « un consultant très impliqué, présent sur place presque tous les jours, » précise-t-il.
Ce compagnonnage avec Cheval Blanc dure 25 ans pour se terminer en 2017. À cette date, il prend la Direction du Département de viticulture et d’œnologie de Bordeaux Sciences Agro et il lui devient très complexe de combiner les deux fonctions. Comme enseignant-chercheur à Bordeaux Sciences Agro et à l’ISVV, au sein de l’UMR Écophysiologie et Génomique Fonctionnelle de la Vigne (EGFV), ses travaux s’inscrivent dans la lignée des recherches conduites pendant son doctorat. Dans cette équipe, il travaille plus particulièrement sur l’écophysiologie, le terroir, le régime hydrique de la vigne, la nutrition minérale, la modélisation de la phénologie et l’effet du changement climatique sur la culture de la vigne.
Dans ce domaine, en collaboration avec Agnès Destrac-Irvine, Kees van Leeuwen met en place des parcelles expérimentales où ils étudient la résistance d’une cinquantaine de nouveaux cépages aux évolutions climatiques dans une perspective de long terme. Leurs travaux conduisent à « une première grande satisfaction » avec l’autorisation délivrée par l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) pour l’introduction de six nouveaux cépages, deux blancs et quatre rouges, à hauteur de 5% des surfaces cultivées, dans l’appellation Bordeaux et Bordeaux Supérieur.
À cette satisfaction s’ajoute celle de voir les équipes s’étoffer, « nous étions quatre à Bordeaux Sciences Agro à mon arrivée en 1996, aujourd’hui, nous sommes 15 ». « Avec mon collègue de la première heure, Jean-Philippe Roby, nous avons travaillé à faire vivre l’école en imaginant de nouvelles propositions. » Ces dernières années, l’équipe viticulture-œnologie de Bordeaux Sciences Agro a notamment développé des formations internationales destinées aux étudiants étrangers avec une offre composée d’un bachelor, d’un master of science et de formations courtes, toutes délivrées en anglais.
Récemment, l’école a aussi élargi son offre en direction de Cognac pour pouvoir proposer un vivier de recrutement aux maisons de Cognac à la recherche de cadres. En partenariat avec le Lycée de L’Oisellerie et l’Institut de Richemont, Bordeaux Sciences Agro a mis en place un Bachelor Cognac de niveau bac+3 axé sur des problématiques spécifiques à ce spiritueux et destiné à former les étudiants à la fois en techniques et en gestion de l’entreprise.
Revenant sur « la chance et le bonheur d’avoir autant de liberté, et d’abord celle de faire ce que l’on aime et ce qui est, sans doute, le plus beau métier du monde, » Kees van Leeuwen évoque aussi son engagement, en parallèle de ses activités d’enseignant-chercheur, dans le domaine de l’édition.
Rédacteur en chef du « Journal International des Sciences de la Vigne et du Vin » de la Faculté d’Œnologie depuis 2001, il prend le pari, en 2016, en tandem avec Gilles de Revel, de transformer la revue pour la doter d’un modèle économique pérenne. Devenue « ŒNO One », la revue parvient à conserver ses mécènes et à en rallier de nouveaux, de même qu’à fédérer un réseau d’universités partenaires, actuellement au nombre de 30 en France et à l’étranger. Ce nouveau modèle permet à la revue de se développer en proposant ses publications en libre accès.
Devenue en six ans, le premier journal scientifique en sciences de la vigne et du vin selon Impact Factor-Journal Citations Report, « ŒNO One » est animée par une équipe de cinq salariés. Dans son sillage, deux autres revues ont même été créées, également en libre accès : « IVES Technical Reviews », revue de transfert des travaux scientifiques destinée aux professionnels de la vigne et du vin et « IVES Conference Series », dédiée à la publication des actes de colloque des congrès internationaux de la vigne et du vin.
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