Accueil / Portraits d’acteurs / Portrait d’acteur : Jonathan Maltus
Né au Nigéria où son père travaille dans le secteur bancaire, Jonathan Maltus quitte l’Afrique après y avoir passé ses sept premières années pour rejoindre les bancs de l’école en Angleterre. A 21 ans, il entre dans la vie active et fonde une société de consulting dans l’industrie pétrolière. Au fil des années, cette structure grossit pour compter jusqu’à 350 employés. A 35 ans, il décide de mettre un terme à cette première aventure en cédant son entreprise. Cette année charnière sera également celle de son mariage et de son départ pour la France.
C’est dans le Lot-et-Garonne que s’installe Jonathan Maltus. La vente de son entreprise s’accompagnant d’une clause de non concurrence de quatre ans, « au départ, j’avais dans l’idée de prendre un congé sabbatique et d’attendre que passe cette période où je ne pouvais exercer dans le secteur d’activité que je venais de quitter. » Sa rencontre, au cours d’un dîner, avec un vigneron anglais installé dans la région change les choses. Jonathan Maltus se propose de l’aider à commercialiser son stock qu’il éprouve des difficultés à écouler. Les résultats ne se font pas attendre : le premier essai est bon. « Il s’est trouvé que la société anglaise à laquelle j’avais envoyé deux bouteilles à déguster a décidé d’emblée d’acheter la moitié du stock ! » .
Après cette belle entrée en matière, Jonathan Maltus poursuit sur sa lancée en travaillant pour le domaine dont il vient de distribuer une grande partie de la production. Il passe un peu plus d’une année au Château Latuc, participant à la composition de deux millésimes des vins de pays de Cahors de cette propriété. « J’ai beaucoup aimé cette période d’apprentissage, avec déjà une forte préférence pour la vinification sur la taille » se souvient-il amusé.
Désireux de façonner son propre vin, Jonathan Maltus se met en quête d’un domaine et concentre ses recherches dans le Bordelais. En 1994, il fait l’acquisition de Château Teyssier et ses 5,5 ha de vignes situés à Vignonet dans l’appellation Saint-Émilion. Rompant avec les codes traditionnels de la vinification bordelaise, il s’inscrit dans la voix ouverte à Pomerol en 1979 par
Jacques Thiépont avec Château Le Pin. Il se fait connaître avec des micro-cuvées également inspirées du travail de Jean-Luc Thuvenin, autre pionnier qui donnera une impulsion décisive à cette tendance au début des années 90.
Comme eux, Jonathan Maltus entend exprimer au plus juste le terroir en le travaillant à l’échelle de la parcelle. A la vigne comme au chai, gestes et étapes s’effectuent avec une attention et une précision presque millimétrées. Double triage, macération carbonique, fermentation alcoolique à haute température ou encore recours exclusif au bois neuf, avec ces micro-cuvées émergent de nouveaux processus de composition. Tandis que leur production par essence limitée entretient la rareté de ces vins d’un genre nouveau, baptisés vins de garage mais qui ne tardent pas à devenir synonymes de cuvées d’excellence.
Vieux Château Mazerat, Les Astéries, Le Carré, Le Nardian, Le Dôme, au fil des années de nouvelles cuvées viennent s’ajouter au Grand Vin de Château Teyssier. Jonathan Maltus est aujourd’hui à la tête d’un ensemble de plus de 60 hectares qu’il cultive et vinifie avec une équipe de près de 30 personnes conduites par Olivier Darcy et Neil Whyte au chai avec l’appui des œnologues Gilles Pauquet et maintenant, Thomas Duclos.
Emblématique de la philosophie de Jonathan Maltus, Le Dôme en est aussi l’expression la plus parfaite. En 1996, se fondant sur le cadastre et ce qui lui a été dit, il croit acheter 3,5 ha de merlot avec l’idée de produire, un nouveau vin en monocépage sur ces arpents jouxtant les terres d’Angelus et Canon. Que les terres se révèlent être plantées à 80% de cabernet franc ne change en rien son intention, c’est comme il l’explique « une bonne chose tout compte fait, puisque j’adore ce cépage. » .
Avec ce vin d’un seul vignoble et ce « terroir unique, si particulier », Jonathan Maltus ne tarde pas à rivaliser avec ses prestigieux voisins obtenant de Robert Parker une notation de 99 points en 2009 et même de 100 points avec le millésime suivant. Une véritable consécration que vient aussi saluer la couronne anglaise en le faisant Chevalier de l’Ordre de l’Empire britannique.
Pour vinifier ce grand nectar de Saint-Emilion, Jonathan Maltus confie à l’architecte Norman Foster le soin de composer un chai à sa mesure. Inauguré en 2021, ce bâtiment semi-enterré dont la forme circulaire, en parfaite adéquation avec le nom du vin, offre une vue à 360° sur l’appellation. Cet écrin à l’esthétique sublime abrite des installations de pointe permettant de magnifier mieux encore ce grand terroir.
Dans les années à venir, Jonathan Maltus aimerait créer une déclinaison californienne du Dôme, avec la création d’un « vin jumeau » façonné dans la Napa Valley…
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