L’Occitanie représente un poids sur les IGP. Sur les AOP, c’est la Loire. On a aussi des différences de consommation en fonction des régions, et également en fonction des zones urbaines et rurales. En Alsace, par exemple, nous vendons essentiellement des sauvignons valorisés. Sancerre et Pouilly Fumé, par exemple, se démarquent très clairement. Très clairement les IGP se consomment en zone rurale, alors qu’en zone urbaine, ce sont les AOP. C’est une question de pouvoir d’achat et puis, il y a une diversité et une richesse de l’offre en zone urbaine, et beaucoup plus de cavistes, donc on retrouve beaucoup plus d’échanges et de culture autour des vins.
La notion de cépage est plus un phénomène de jeune consommateur, même autour de la trentaine ou la quarantaine. Les clients qui ont un certain âge vont plus raisonner en termes de terroir et d’AOP. C’est difficilement chiffrable pour le moment mais je pense que d’ici un an ou deux, avec la forte digitalisation, on pourra récupérer un certain nombre de données sur la typologie des consommateurs plus facilement qu’en magasin. En termes de profil produit, le sauvignon séduit pour son acidité naturelle, son côté accessible et sa fraîcheur, qui correspondent à des attentes de toute une nouvelle génération. Il correspond aussi à une consommation de type apéritif décomplexé. Le profil de sauvignon recherché en France est plutôt tendu, sur la jeunesse – ce que je regrette parfois parce que c’est un cépage qui se prête au vieillissement, beaucoup plus que ce qu’on pourrait penser.
Oui. C’est bien simple, ces dernières années, y compris sur les AOP sauvignon, je communique maintenant sur le cépage. Par exemple, sur du Bergerac blanc, j’ai changé mon assemblage il y a deux ou trois ans, pour avoir a minima 85% de sauvignon et pouvoir communiquer sur le cépage. C’est devenu la clé d’entrée. S’il y a une déconsommation au profit de la bière par exemple, c’est parce que le rayon vin est très complexe, très anxiogène pour le client, qui s’y perd fortement. Or, pour schématiser, on associe le cépage à un goût, à une région, et cela plaît ou cela ne plaît pas. Ce sont des repères. L’un des enjeux est de faire évoluer la réglementation, mais le cépage est devenu un vocabulaire très commun.
Hormis quelques appellations de la Loire qui ont un nom et restent un marché à part, dans la grande majorité des cas, on peut dire que le chardonnay a une image un peu plus valorisée. Le sauvignon blanc a été introduit, en termes de notoriété, surtout par les IGP. Son prix moyen se positionne entre 5 et 6 euros. Pendant la foire aux vins de cet automne, pour la première fois nous avons fait un test sur du sauvignon blanc de Nouvelle-Zélande et d’Afrique du Sud. Bilan de l’opération : l’Afrique du Sud a supplanté la Nouvelle-Zélande, et largement. L’explication réside dans le prix – il y a deux euros d’écart. Le prix du sauvignon sud-africain, à 4,95 €, était en correspondance avec le prix moyen du sauvignon sur le marché. On considère ce premier test comme un succès, et on va le reconduire. Dans tous les cas, le sauvignon blanc fait partie des cépages d’avenir. Il a énormément de potentiel. C’est un cépage auquel je crois beaucoup. Et je pense qu’à l’avenir aussi, on aura plus de facilités à commercialiser un sauvignon d’Afrique du Sud ou de Nouvelle-Zélande qu’un sauvignon bordelais. Ce qui est malheureux.
C’est assez compliqué de le faire évoluer pour le moment parce qu’il est réellement associé à une consommation apéritive, de début de repas, sur la fraîcheur. Un acheteur de sauvignon blanc recherche une acidité, des vins vifs, nerveux et sur les agrumes, plutôt que la rondeur ou des arômes floraux. C’est très difficile de sortir de ce cadre. Probablement que la richesse du sauvignon blanc, sa capacité à vieillir et sa diversité de profils, passera par un changement d’obturateur. Je crois beaucoup à la capsule à vis. On en prendra de toute façon de plus en plus la direction et cela permettra de faire évoluer pas mal de profils et l’esprit du consommateur sur le sauvignon blanc. J’ai fait une dégustation il y a quelques mois du millésime 2010 du Pessac-Léognan du Château La Louvière, à 85% de sauvignon, en capsule à vis, et c’était magnifique. Le même vin bouché avec un obturateur en liège ne correspond absolument pas aux attentes du consommateur. L’oxydation était beaucoup plus prononcée, avec beaucoup plus d’arômes tertiaires alors que le consommateur recherche bien plus le primaire que le tertiaire.
Pour moi, elle passe par la découverte du sauvignon blanc du Nouveau Monde. Je crois beaucoup aux vins sud-africains, probablement plus que ceux de la Nouvelle-Zélande sur le marché français, parce que la Nouvelle-Zélande a l’image de vins commerciaux alors que l’Afrique du Sud, de par sa culture et son histoire, projette une image davantage axée sur la culture du vin. Il y a donc une résonance beaucoup plus forte auprès des consommateurs français. Plus on s’oriente vers la déconsommation, plus les consommateurs vont s’intéresser aux producteurs, à l’environnement, aux origines et à l’histoire des vins. En termes de storytelling, le sauvignon a une vraie carte à jouer parce qu’il s’adapte à une multitude de terroirs et de climats. Sa fraîcheur naturelle plaît énormément. C’est aussi un cépage sur lequel on peut « s’amuser » à le découvrir, on peut jongler d’un profil à un autre. Ce côté ludique est beaucoup plus marqué sur le sauvignon que sur le chardonnay. Et la digitalisation va nous permettre de communiquer sur tous ses profils auprès des consommateurs
Source : Comité Sauvignon
Les organisateurs du Concours Mondial du Sauvignon ont mis en place un comité de pilotage composé de 8 professionnels du vin ayant des compétences rédactionnelles et une connaissance du cépage. Ils constitueront, au fil des mois, un fonds documentaire dans lequel professionnels et consommateurs pourront aller puiser pour en savoir plus sur ce cépage aujourd’hui omniprésent dans le monde, mais qui n’a sans doute pas encore révélé toutes ses qualités et ses spécificités.
Les membres du Comité de pilotage : Pedro Ballesteros : Master of Wine (Espagne) ; Carien Coetzee : Basic Wine, Sauvignon Blanc South Africa ; Valérie Lavigne : chercheur-professeur (France) ; Sharon Nagel : journaliste freelance (Royaume-Uni/France) ; Deborah Parker Wong : SOMM Journal et The Tasting Panel (USA) ; Maurizio Valeriani : www.vinodabere.it (Italie,) ; Frédéric Galtier : consultant Desembolic (Espagne) ; et Emma Jenkins : Master of Wine (Nouvelle-Zélande).
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