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Environnement : Stratégie Carbone des Vins de Bordeaux

Un double défi pour les Vins de Bordeaux : s’adapter au changement climatique et réduire son empreinte environnementale.

 

La changement climatique à Bordeaux

Le climat est un paramètre majeur de la qualité du vin. Il impacte le terroir, conditionne l’effet millésime et détermine le volume de la récolte. Jusqu’à maintenant, l’évolution du climat s’est plutôt révélée favorable à la maturité des cépages du Bordelais. Cependant les changements à venir et les incertitudes conduisent le vignoble à anticiper et s’adapter.

Le climat viticole de Bordeaux est déjà passé de tempéré à tempéré chaud (selon classification Huglin). En moyenne, le nombre de jours très chauds (température max > 35° C) a augmenté de 3,5 jours par an ces 30 dernières années. Depuis 1989 on note le maintien des épisodes de grêle  une hausse de leur puissance au printemps.

Selon les scénarios (plus ou moins optimistes) les températures pourraient augmenter de +0,6 à +5,3 degrés d’ici la fin du siècle. Différents impacts sont attendus :

A la vigne : Raccourcissement du cycle de la vigne. Véraison, maturation et vendanges plus précoces (environ une vingtaine de jours depuis 30 ans). Augmentation du stress hydrique. Variation des rendements d’une année à l’autre.
La maturation se déroulant dans des conditions de plus en plus chaudes, exige des vendanges très matinales pour préserver les arômes.
Sur le vin : Un effet millésime marqué. Une augmentation du taux d’alcool et une diminution de l’acidité. L’évolution des arômes.

 

Les leviers d’adaptation

Le premier levier est la modification des pratiques agronomiques. Retarder la date de la taille pour retarder le cycle
végétatif et limiter l’impact des gelées de printemps. Augmenter la hauteur du tronc pour réduire la surface foliaire et ainsi limiter la photosynthèse pour contenir le degré d’alcool. Limiter l’effeuillage pour préserver les raisins des rayons du soleil. Favoriser l’enherbement pour réduire l’évapotranspiration. Adapter la date des vendanges et récolter à l’aube.

Le second levier est la protection contre les accidents climatiques. Mise en place de systèmes collectifs de lutte contre la
grêle et le gel. Mesures politiques pour mieux assurer les vignerons. Aide à l’investissement pour lutter contre le gel et limiter son impact (ex. éoliennes, systèmes d’aspersion des vignes). Recherche et l’innovation pour accroître la capacité d’adaptation de la vigne…

 

L’adaptation du cépage et du porte-greffe

Ce choix engage l’outil de production sur  plusieurs décennies et il est très encadré au niveau réglementaire. Il résulte de l’examen de nombreux critères (changement climatique, réduction des intrants, création et diversification variétale, attentes des marchés) et dans le respect de la typicité des vins. Aujourd’hui, le merlot par exemple, cépage emblématique de Bordeaux (66% des surfaces en cépages rouges) atteint des maturités optimales permettant d’obtenir de très grands vins. Mais ce cépage précoce, face à l’augmentation des températures, commence à sortir de sa fenêtre idéale de maturité.

A ce jour, à Bordeaux, sont autorisés 6 cépages noirs (cabernet sauvignon, Cabernet franc, merlot, malbec, carmenère, petit verdot) et 8 cépages blancs (sémillon, sauvignon blanc, sauvignon gris, muscadelle, colombard, ugni blanc, merlot blanc, mauzac.

Cette diversité est une première source d’adaptation. Ainsi le petit verdot doté d’une maturité tardive, profite du changement climatique. En 2000 il était planté sur 375 hectares, en 2020 il occupait 1 233 hectares soit + 117%. En assemblage, il apporte une touche finale tannique aux arômes de réglisse et de violette.

 

L’introduction de nouveaux cépages

Menée au sein de l’ISVV*, Vitadapt vise à étudier in situ le comportement et la capacité d’adaptation de la vigne face au changement climatique et dans le terroir bordelais. Une parcelle d’étude, composée de 52 cépages français et étrangers tous de l’espèce vitis vinifera, a ainsi été plantée à Bordeaux en 2007. Suite à la demande de la filière des vins de Bordeaux au printemps 2021, 6 nouveaux cépages issus de cette expérimentation sont autorisés dans le cahier des charges de l’AOC Bordeaux & Bordeaux Supérieur. 4 cépages noirs et 2 blancs. Ces variétés sont inscrites dans le cahier des charges et sont limitées à 5% de l’encépagement des exploitations. Elles ne peuvent pas représenter plus de 10% de l’assemblage final.

L’Arinarnoa a été obtenu par l’INRA en 1956 par croisement entre le tannat et le cabernet sauvignon, cette variété a une production
régulière qui résiste bien à la pourriture grise et permet une faible production de sucres et une bonne acidité. Il donne des vins bien structurés, colorés et tanniques, avec des arômes complexes et persistants.
Le Castets est originaire du Sud Ouest, possiblement de Gironde. Ce cépage historique et oublié de Bordeaux est peu sensible à la pourriture grise, à l’oïdium et surtout au mildiou, d’où son intérêt environnemental indéniable. Il permet d’élaborer des vins de garde très colorés.
Le Marselan a été obtenu par l’INRA en 1961 par Croisement entre le cabernet sauvignon et le grenache. Ce cépage tardif est moins exposé aux gelées tardives. Il est peu sensible à la pourriture grise, à l’oïdium et aux acariens. Il permet d’élaborer des vins colorés, typés, de grande qualité et aptes au vieillissement.
Le Touriga nacional est d’origine portugaise. Variété très tardive, elle ne présente pas de sensibilité particulière aux maladies cryptogamiques, à l’exception de l’excoriose. Elle donne des vins d’excellente qualité, complexes et aromatiques, corsés et structurés, très colorés, aptes au vieillissement.
L’Alvarinho est un cépage blanc avec des qualités aromatiques qui viennent compenser la perte d’arômes que provoque habituellement le changement climatique. Il est peu sensible à la pourriture grise. Il donne des vins aromatiques, fins, avec une bonne acidité.
Liliorila est issu d’un croisement entre le baroque et le chardonnay, il a lui aussi des qualités aromatiques prononcées. Ce cépage est peu sensible à la pourriture grise et donne des vins aromatiques, puissants et bouquetés.

 

La stratégie carbone

Depuis 2007 les vins de Bordeaux réalisent des bilan carbone. L’objectif est d’identifier l’évolution des principaux postes d’émission, afin d’adapter son plan d’actions pour favoriser leur diminution. Ce travail a permis une baisse de 9 % des émissions entre 2013 et 2008 puis de 24 % entre 2012 et 2020. Selon le 3ème bilan réalisé en 2019, les principaux postes d’émission sont les intrants (verre 63%, bois, métaux, produits phytos et engrais, plastiques,..), le fret à 19%, l’énergie à 18% et les immobilisations pour 11%.
L’objectif à l’horizon 2030 est d’arriver à une baisse de 54% d’émission de gaz à effet de serre par rapport à 2007. L’objectif à l’horizon 2050 est de parvenir à une baisse de 74 % et une augmentation de la captation de 25%.

 

5 axes prioritaires

Le verre et le conditionnement. Il faut continuer le travail sur le poids des bouteilles (objectif -12%), favoriser l’éco conception
des emballages et étudier de nouveaux modes de distribution.

Les pratiques viticoles. Les objectifs sont de réduire de plus de 7% le nombre de passages dans les  vignes et d’augmenter entre
1% et 15% le parc matériel alternatif au fioul (bio gaz, bio carburant,hydrogène, électricité). Dans ce but il faut par exemple mettre en place des pratiques alternatives aux passages mécaniques : couverts végétaux, éco pastoralisme (recours aux moutons pour entretenir les couverts végétaux), traction animale, formation à l’éco conduite. Il faut aussi réduire les intrants en recherchant plus d’équilibres naturels (ex. confusion sexuelle, favoriser les chauves-souris pour lutter contre certains ravageurs, aménagement de corridors écologiques, agroforestrie, etc).

Le Fret.
Il faut privilégier les transporteurs routiers engagés et labellisés (objectif 90%). Favoriser et améliorer l’impact du fret maritime au détriment du fret aérien. Identifier les leviers permettant d’anticiper les délais de livraison trop courts imposant le recours à l’avion.

L’efficacité énergétique des bâtiments et des process
Il s’agit de produire des énergies renouvelables pour l’autoconsommation (ex. panneaux solaires), de déployer des solutions d’économie
d’énergie, de construire de nouveaux bâtiments basse consommation (Chais semi-enterrés pour éviter l’usage de la climatisation et du
chauffage, ..).

Capter, stocker et valoriser le CO2
Au-delà de la réduction, il s’agit de capter et stocker du carbone naturellement dans les sols et les plantes grâce à l’agroécologie : plantation d’arbres, jachères fleuries et couverts végétaux dans les vignes pour séquestrer le carbone.
Il s’agit aussi de capter, stocker et utiliser le carbone émis lors de la fermentation (Ce CO2 fermentaire peut permettre de
produire du bicarbonate (produit cosmétique non toxique biodégradable).

 

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