« Il faut arrêter de stigmatiser et devenir rationnel« , extraits de l’article d‘Alexandre Abellan pour Vitisphere.
Vigneron bio ayant longuement accueilli les équipes de Cash Impact pour témoigner de l’amélioration des pratiques phytos en Gironde, Philippe Carrille ne goûte pas le traitement partiel et partial du reportage, dont il est absent.
« Il n’y avait pas grand monde qui voulait aller au charbon, sachant que Cash Investigation est toujours à charge » se rappelle Philippe Carrille, le propriétaire du château Poupille (23 hectares en appellation Castillon, 10 ha en Saint-Émilion). Vigneron certifié en bio depuis 2008, il s’est malgré tout porté volontaire pour accueillir l’équipe de Premières Lignes Télévision (la société productrice du reportage). Dans le cadre de la visite organisée par le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, Philippe Carrille explique avoir rencontré pendant quatre heures Emmanuel Gagnier, le rédacteur en chef de Cash Investigation, discutant des enjeux de la réduction des pesticides à Bordeaux. Mais Philippe Carrille a été coupé au montage.
Selon lui, « les viticulteurs bordelais se sentent floués : ils bossent, font des efforts et à côté, Bordeaux se fait lyncher… On continue à taper sur Bordeaux pour le sensationnalisme et les ego. C’est purement à charge et complètement dépassé : il y a en marre » regrette le vigneron. En ayant assez que le disque du bordeaux bashing continue à tourner en boucle, il attend toujours un appel d’Emmanuel Gagnier pour s’expliquer sur l’angle retenu par Cash Impact.
Chantre de la nuance
« Je ne vais pas dire que tout est parfait, mais il y a eu une prise de conscience grâce aux lanceurs d’alerte et aux médias. On est tous d’accord que les efforts ne sont pas suffisants… Mais on vient de tellement loin, il faut rattraper le retard. Les mentalités ont évolué, il n’y aura pas de marche arrière. Bordeaux ne mérite pas plus que les autres qu’on lui tape dessus systématiquement » continue Philippe Carrille.
Le vigneron étant visiblement remonté par le passage à la trappe de ses explications sur les développements du bio à Castillon, sur l’installation de ruches et panneaux photovoltaïques, sur le chauffage aux sarments, sur l’apport du Système de Management Environnemental… Mais il faut reconnaître que pour l’approche de Cash Investigation, Philippe Carrille était moins un chantre du tout bio que du réalisme viticole. Ayant souhaité porter un message nuancé, il s’est montré malicieux lors du tournage, montrant qu’une exploitation bio ne manque pas de produits Cancérigènes, Mutagènes et Reprotoxiques, comme le carburant GNR de son tracteur.
« Il faut arrêter de stigmatiser et devenir rationnel. Il n’y a pas une solution, mais des solutions. Le cuivre est un métal qui peut aussi être nocif, il faut limiter les doses » explique le vigneron de la rive droite. Se posant en anti-donneur de leçons, il garde en travers de la gorge les « personnes intégristes, qui font une croisade personnelle contre les vins et vignerons de Bordeaux ».
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Photo JB Nadeau.
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