Le défi est de taille alors que le vignoble bordelais connaît une crise économique le forçant à arracher environ 8.000 ha. Mais le jeune vigneron parie sur des vins élevés dans des contenants en grès, en porcelaine ou en terre cuite pour réconcilier les consommateurs avec les vins de Bordeaux.
Lorsqu’il s’installe en 2021, la crise girondine commence à poindre, mais il s’est déjà trop engagé pour faire machine arrière. Après avoir quitté son entreprise, l’ex-commercial a suivi le master Management de domaine viticole de Bordeaux Sciences Agro. Une année à se former aux bases de la viticulture et de l’œnologie, à prendre conseil auprès des intervenants, à réaliser un stage et à affiner son modèle économique.
« Aujourd’hui, ce qui est viable pour les petites propriétés, c’est de ne faire que de la bouteille, analyse Jean-Guillaume de Giacinto, qui exploite en bio 8,5 ha de vignes. » Le domaine Le Trébuchet ne fait donc que de la vente en bouteille en son nom propre. Il fournit la CHR et les cavistes locaux en direct et par des agents, et fait appel à des grossistes pour le reste de la France.
Ses vins ont été élevés dans des amphores en porcelaine, en terre cuite ou en grès. « Bordeaux a une image beaucoup moins “fun” que d’autres régions, reconnaît le vigneron. Je voulais donc proposer quelque chose de différent, qui ne soit pas boisé, qui garde une trame fruitée avec une certaine tension et qui puisse se boire un peu frais l’été. C’est plutôt ce que recherchent les gens aujourd’hui. »
Par prudence, et suivant les conseils qui lui enjoignent de « rassurer les Bordelais », il élabore également un 100 % barrique neuve. Son premier millésime a ainsi accouché de 13.000 bouteilles de vin élevé en amphores et de 7.000 autres passées par du chêne. « La cuvée barrique plaît beaucoup, et heureusement que je l’ai », admet Jean-Guillaume de Giacinto.
Seul sur le domaine, il fait appel à un prestataire pour entretenir ses pieds de vigne. Les vinifications, il en fait son affaire, conseillé par un œnologue rencontré au cours de sa formation à Bordeaux Sciences Agro. « Je compte arracher trois hectares pour passer à cinq hectares de vigne et obtenir le même rendement tout en réduisant mes charges, précise le vigneron. Cinq hectares en bio pour une personne, je pense que c’est faisable. »
Jean-Guillaume de Giacinto constate que n’avoir que du rouge est un handicap à l’heure où les consommateurs plébiscitent les vins blancs et les vins rosés. « L’année prochaine, il me faudra un petit blanc, je ferai peut-être du blanc de noir avec du cabernet sauvignon ou du cabernet franc », prévoit celui qui, malgré la crise girondine et l’inflation provoquée par la guerre en Ukraine, garde le cap sans trébucher.
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