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Édito : Un peu d’histoire…

Aujourd’hui personnage oublié, qui se souvent de Pierre Bert ? Escroc historique mais aussi visionnaire avant l’heure, d’une crise qui persiste.

 

 

La plus grave crise qu’ai connue Bordeaux au siècle passé remonte à un peu plus de cinquante ans… Pierre Bert, négociant bordelais ayant défrayé les chroniques judiciaires il y a plus d’un demi-siècle; était aussi l’auteur du livre « In Vino Véritas « publié en 1975 chez Albin Michel…

 

 

Pierre Bert, escroc et auteur d’In Vino Veritas

 

A l’époque ce gentlemen escroc paya très cher ses magouilles, entraînant dans sa suite nombre de négociants de Bordeaux.Dans son livre, assez introuvable aujourd’hui, il écrivait à l’époque : « On comprend immédiatement la distance qui sépare les producteurs de Bordeaux. D’un côté, sur des aires restreintes, trois cents ou quatre cents « Aristocrates » produisent de véritables œuvres d’art dont 80 % sont d’ailleurs réservés à la clientèle étrangère et, de l’autre, 3 500 membres du Tiers État qui vivotent chichement sur quelques hectares de vigne parcimonieuse. »

 

Face aux difficultés économiques de la masse des vins de Bordeaux à l’époque, Pierre Bert estimait qu’« il faudrait, pour retrouver une situation normale tant sur le plan de la rentabilité que sur celui de la qualité « que les vignerons girondins abandonnent les facilités quantitatives pour les réalités gustatives. Qu’ils acceptent de produire leur vin, et non un breuvage approximatif. Qu’ils se débrouillent pour le mettre en bouteilles eux-mêmes afin d’en être responsables jusqu’au bout. Alors, le bordeaux recouvrerait son individualité, sa personnalité et on pourrait boire un bon petit bordeaux. D’autant plus que l’on pourrait créer une nouvelle appellation générique , Vins de Gironde par exemple, pour les vins mis en bouteilles par les négociants et dans lesquels le viticulteur n’aurait donc qu’une responsabilité partielle. » N’anticipait-il pas à l’époque la crise d’aujourd’hui ?

 

 

GIRONDE (33) TABANAC, VUE AERIENNE DU VIGNOBLE BORDELAIS EN AUTOMNE UN MATIN DE BROUILLARD, CADILLAC COTES DE BORDEAUX // FRANCE, GIRONDE (33) TABANAC, AERIAL VIEW OF THE BORDEAUX VINEYARDS IN AUTUMN ON A FOGGY MORNING, CADILLAC COTES DE BORDEAUX

Photo (c) JB Nadeau

Un contexte qui n’évolue guère

 

En attendant, en cette fin d’année, on observe des foires aux vins contrastées en grande distribution malgré une offre revue et bien orientée et on repart sur un plan d’arrachage inévitable de 5.500 ha. L’ export ne décolle pas et on assiste à des ventes judiciaires à des prix indécents (207 € le tonneau de Bordeaux ) à l’Hôtel des Ventes de Bordeaux. Et que dire des opérations de vidages criminels de cuves visant ces producteurs et autrefois limités au midi. Désormais le vignoble Bordelais n’est plus à l’abri de ces actions coup de poing…C’est bien entendu le résultat d’une colère profonde qui agite toute la campagne girondine.

 

Tout n’est cependant pas négatif heureusement. Bordeaux peut compter sur un millésime 2025 de très belle qualité, voire exceptionnel pour certains et ce sur l’ensemble de la production. Les échos provenant des cavistes sont loin d’être alarmants et les ventes en circuit court lors des portes ouvertes, encourageantes. Mais bien entendu, elles ne concernent qu’une partie des producteurs qui n’ont pas attendu la crise pour se démarquer notamment en s’investissant dans l’oenotourisme. Pour les autres, il reste à épier les parkings des voisins se remplir pour leurs festivités où, à faire le gros dos et la tête vers le ciel, espérer voir passer les palombes étrangement absentes du ciel girondin cette année…

 

 

Bernard Sirot
Journaliste et dégustateur Vintaste

 

Photos Jean-Bernard Nadeau

 

 

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