Confidentielle lors de son lancement en 2012, la certification Haute Valeur environnementale (HVE) enregistre un pic de développement chez les producteurs viticoles. Extraits de l’article de Clément Henri pour Mon Viti.com.
L’État, depuis le vote de la loi Egalim, pousse cette certification franco-française dont l’objectif serait d’établir un socle commun à toutes les démarches environnementales existantes.
Ce logo orange ou noir HVE fait son apparition sur les bouteilles de vin. Mais que représente-t-il réellement ? « C’est une seconde voie environnementale , définit Michel Issaly, viticulteur et président de l’association HVE développement. Avec HVE, on ne supprime pas complètement les produits phytosanitaires de synthèse et on ne prend pas uniquement en compte le poste “intrant” pour évaluer la durabilité des exploitations. » En cela, HVE est différente et complémentaire du cahier des charges de l’agriculture biologique par exemple.
Un cahier des charges qui ne repose pas que sur les phyto
La démarche, valable pour toutes les filières agricoles, est déclinée en trois échelons. Seul le troisième, basé sur des indicateurs de performances environnementales, représente une certification et permet d’afficher le logo Haute Valeur environnementale. Cette reconnaissance officielle peut s’obtenir selon deux options d’audit nommées prosaïquement : A et B. Pour l’option A, les viticulteurs doivent atteindre des scores minimaux, révélateurs de leurs bonnes pratiques sur : l’utilisation des produits phytosanitaires, la fertilisation et la gestion de l’eau. 72 % des viticulteurs certifiés début 2019 avaient choisi l’option A. L’option B se base, quant à elle, sur le poids des intrants dans le chiffre d’affaires, avec un ratio devant être inférieur ou égal à 30 %. Dans les deux cas, la biodiversité de l’exploitation est analysée selon le même indicateur et l’audit du niveau 3 est réalisé par organisme tiers indépendant.
Une progression fulgurante des certifications
Au 1er janvier 2019, le ministère de l’Agriculture dénombre 1 519 exploitations certifiées dont 1 375 avec un atelier principal viticole. Le nombre de structures pouvant aborder le logo HVE a bondi de 80 % en un an. Et le développement ne devrait pas s’arrêter là. Le Gouvernement vise 50 000 exploitations certifiées en 2030. « Mais ça ne se fera pas tout seul. Il faut que le ministère nous aide en donnant de la visibilité et des moyens à la démarche », insiste Michel Issaly.
Le développement de la HVE a été porté initialement par les Vignerons Indépendants de France. Un second souffle se crée maintenant, notamment au sein des structures collectives. À Buzet, 562 ha sont certifiés HVE sur les 1 935 que compte la cave coopérative du Lot-et-Garonne. « On ne peut inclure dans la démarche que les viticulteurs qui n’ont pas d’autres ateliers sur leur structure », confie Pauline Castagné, chargé du suivi vignoble pour les vignerons de Buzet.
La réflexion est également en marche au sein du syndicat des Côtes-du-Rhône. « On est très optimiste sur une première vague de certification en 2019. Le syndicat est positionné comme structure porteuse en relation avec l’organisme certificateur », rapporte Biljana Arsic, responsable du service technique. La progression devrait être d’autant plus importante qu’elle est plébiscitée par les acheteurs. « Il y a une forte demande de la grande distribution française sur le vin HVE », analyse Pauline Castagné. Même constat dans les Côtes-du-Rhône où la demande de certification est venue autant de l’amont que de l’aval.
Un pas plus ou moins grand à franchir
Si les échelons 1 et 2 reposent sur le respect de la réglementation et des principes de l’agriculture raisonnée, le niveau 3 représente une implication technique encore supérieure. « J’étais déjà en bio et je n’irrigue pas, donc le point primordial pour mon exploitation c’était la biodiversité », témoigne Michel Issaly. À la cave coopérative de Buzet, Pauline Castagné et ses collègues ont testé toutes les réductions de produits phytosanitaires avant de les diffuser. « C’est une stratégie de petit pas par petit pas. On entraîne tout le monde avec nous », explique-t-elle.
Se pose maintenant la question de mutualiser les audits entre plusieurs démarches. Le ministère de l’Agriculture reconnaît à ce jour une équivalence entre le niveau 2 et les autres démarches environnementales mais pas avec la certification de niveau 3. En coulisses, certains œuvrent pour que l’équivalence soit complète, avec le dernier niveau. En attendant cette hypothétique décision administrative, la rationalisation des différents audits est en cours. « Je suis en bio et en HVE. Ce serait bien de n’avoir qu’un audit pour les deux. Pour l’instant ce n’est pas possible car ce sont des organismes certificateurs différents, mais on travaille là-dessus », annonce Michel Issaly. Un pas qu’ont réussi à franchir les producteurs Terra Vitis.
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