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Carnet de vendanges Septembre 2025

Premières tendances des vendanges 2025 avec Marie-Laurence Porte, Jean-Christophe Mau, Philippe Betschart et Stéphane Thomas. Photo Jean-Bernard Nadeau.

 

(c) Jean-Bernard Nadeau

 

Marie-Laurence Porte, Consultante Enosens, « un millésime très prometteur avec des conditions climatiques globalement favorables », le 20 septembre.

 

2025 coche presque toutes les cases qualitatives : véraison homogène, accumulation rapide de sucres et polyphénols, fort différentiel jour/nuit et bonne adaptation hydrique des vignes malgré un printemps humide. L’ensemble du cycle végétatif est jugé très positif jusqu’à présent. 2025 s’annonce particulièrement prometteur dans le Bordelais, tant pour les vins blancs secs que pour les rouges et les liquoreux. Les conditions climatiques ont favorisé l’élaboration de vins de grande qualité, bien que les volumes soient plus restreints.

 

Du côté des blancs, les cépages principaux — sauvignon, sémillon et muscadelle — ont atteint une maturité remarquable, ce qui demeure assez rare. Les écarts de température entre le jour et la nuit ont joué un rôle clé dans la concentration des précurseurs aromatiques et la synthèse des anthocyanes, essentiels à la richesse des rouges. Malgré quelques épisodes de chaleur intense, les blancs ont su préserver leur fraîcheur et leur potentiel aromatique. Lorsque tous les cépages atteignent leur maturité optimale, Bordeaux révèle pleinement la richesse de ses assemblages, témoignant d’une diversité et d’une complexité exceptionnelles. 2025 s’’annonce comme une année où les terroirs auront exprimé avec éclat toute leur typicité. Il y aura autant de 2025 que de terroir.

 

Habituellement, seul le sauvignon ou le sémillon parvient à une pleine maturité aromatique, et c’est leur complémentarité qui confère au vin son équilibre et sa finesse. En 2025, le millésime se distingue par une maturité optimale atteinte par chacun de ces cépages, permettant non seulement d’en exprimer les qualités respectives, mais aussi d’élargir considérablement la palette aromatique. Le résultat : des blancs dotés de gras, de volume, de fraîcheur et d’une belle longueur en bouche. Les rendements, en revanche, sont modestes, oscillant entre 15 et 35 hl/ha. Cette précocité des blancs s’explique principalement par le faible nombre de grappes par pied, dont la maturité a été accélérée par les épisodes de fortes chaleurs.

 

Pour les rouges, la véraison s’est étalée entre la mi-juillet et le début août, ce qui inscrit le millésime dans une dynamique plutôt classique en termes de calendrier de vendanges. Le bon équilibre entre la surface de pellicule et le volume des baies laisse présager un millésime rouge de grande qualité, concentré et expressif. Comme pour les blancs, les rendements en rouge sont restés modestes, oscillant entre 20 et 40 hl/ha. Malgré une pellicule épaisse, les baies présentent une richesse remarquable en anthocyanes et en tanins mûrs, gage d’une belle concentration. Fait notable cette année : un décalage inhabituel entre les différentes maturités — technologique, phénolique et aromatique — ainsi qu’entre la maturité des pépins et celle des pellicules. Les pépins ont atteint leur maturité en premier, ce qui pourrait expliquer certains phénomènes observés dans le comportement de la vigne. Face aux épisodes de chaleur, celle-ci semble avoir puisé dans les raisins les ressources nécessaires à sa résilience, contribuant ainsi à la baisse des rendements. On observe en effet une bonne densité de grappes, mais avec un poids moyen nettement réduit.

 

Les premières observations sur les cuves de rouges en fermentation révèlent des vins intensément colorés, dotés d’une expression fruitée remarquable. La palette aromatique s’étend des fruits frais aux fruits mûrs, avec en prime des nuances épicées qui ajoutent de la profondeur. En bouche, les vins se montrent particulièrement ronds, portés par une sucrosité naturelle issue de tanins parfaitement mûrs, contribuant à une structure soyeuse et équilibrée. Les vendanges des cabernet franc et des petits verdots ont débuté, révélant d’ores et déjà un beau potentiel. Quelle que soit la zone géographique ou la nature du terroir, ces cépages affichent une maturité homogène, avec des pellicules fines et des tanins soyeux, augurant des vins élégants et équilibrés.

 

Du côté des liquoreux, les premières tries ont commencé presque simultanément sur la rive droite et la rive gauche. Les teneurs en alcool potentiel sont déjà remarquables : entre 17 et 22 % vol sur la rive gauche, et de 16 à 20 % vol sur la rive droite. À Sauternes, des tries précoces de raisins passerillés ont été réalisées dès la fin août, afin de préserver les rendements et de constituer des lots aromatiques dotés d’une belle acidité. Les moûts se distinguent par leur netteté et leur intensité aromatique, avec des notes franches de fruits confits. Le millésime 2025 s’annonce ainsi très prometteur dans toutes les catégories de vin, à l’image des grands millésimes de référence comme 2010.

Enosens Gresillac

 

 

Jean-Christophe Mau, Château Brown, Pessac-Léognan, le 24 septembre : « le potentiel de ce millésime est là ».

Le climat nous joue des tours et ça se ressent encore plus sur ce millésime. Après 2023 et 2022, l’été 2025 aura été le 3éme été le plus chaud de tous les temps et cela se ressent sur la qualité de nos raisins. Nos raisins blancs ont été ramassés à la fin du mois dernier dès le 26 aout et actuellement les jus finissent de fermenter tranquillement en fûts. Les rendements se situent juste en dessous de 40HL/HA. Particularité du millésime en blanc, les jus sont très colorés comme souvent les années très chaudes avec des aromatiques de fruits bien mûrs. Les acidités restent correctes sur nos sauvignons blancs mais manquent un peu d’éclat sur nos sémillons. Le ramassage de nos merlots s’est passé sous de bonnes conditions et les jus sont une belle représentation de la qualité des raisins que nous récoltons : très purs, fruités, bonbon anglais avec beaucoup de sucre. Les degrés se situent entre 13.5% et 14% avec des acidités totales entre 3 et 3.2. De beaux équilibres pour des merlots bien murs avec un état sanitaire parfait. Seul regret, les rendements bas qui devraient se situer en dessous des 30HL/HA (certainement plus faible qu’en 2022) tant les baies sont petites, la résultante d’un été très chaud et sec et ce malgré les 55mn de pluie que nous avons pu avoir tout début septembre. Pour ce qui est de nos cabernets sauvignons, nous venons juste d’attaquer ce matin le ramassage, l’état sanitaire est toujours aussi joli et les baies toujours aussi petites malheureusement mais d’une grande pureté aromatique. Nous pensons finir le ramassage début de semaine prochaine mais il semblerait que les rendements soient encore plus faibles que sur nos merlots. En revanche, le potentiel de ce millésime est là encore un peu de patience pour en récolter les fruits.
Château Brown

 

Philippe Betschart, Château Les Graves de Viaud, Pugnac, le 16 septembre : « De beaux merlots sur des profils fruités et charmeurs ».

Nos vendanges ont commencé sont bien avancées, les blanc sont rentrés ainsi qu’une partie des merlots. La récolte en blanc est toute petite, à cause de la sécheresse, et c’est pareil pour les merlots qui ont subis la sécheresse ainsi que des dégats dus aux sangliers et aux chevreuils… Ces vendanges ont été avancées à cause de conditions météorologiques qui devenaient favorables au développement de la pourriture.
Au final cependant les jus rentrés sont plutôt équilibrés, sans excès. Les variations de terroir vont se faire sentir très fortement cette année. Pour le merlot ce n’était pas forcément des conditions idéales mais nous ferons je pense de beaux vins, sur des profils fruités et charmeurs. Pour le cabernet franc, c’est encore trop tôt pour se prononcer, à voir comment les jours à venir feront évoluer les grappes.

Château Les Graves de Viaud

 

Stéphane Thomas, Vignerons de l’Île de Ré, le 23 septembre : « Ravis par la qualité des raisins rentrés, un peu moins par les quantités ».

Nous avons terminé nos vendanges vendredi 19 septembre, après 4 semaines complètes de vendanges (début le vendredi 22 août,  soit 3 semaines d’avance par rapport à 2024).  Tout s’est très bien passé, nous avons pu ramasser sous des conditions climatiques excellentes. Nous sommes ravis par la qualité des raisins rentrés, un peu moins par les quantités. Le fait est qu’il a fait très beau depuis le printemps et tout est allé très vite depuis le réveil de la vigne et le manque d’eau se ressent dans la concentration des baies. Ce seront des vins blancs parfumés , expressifs et les merlots laisse présager des vins rouges structurés, gourmands et des vins rosés avec de la personnalité. Nouveauté de ces vendanges, une partie de notre récolte d’ugni blanc, à l’origine pour le Cognac, servira à élaborer un nouveau vin blanc en « vin de France », il sera commercialisé en BIB de 3 litres. Par ailleurs une petite production de jus de raisin devrait voir le jour.

Vignerons de l’Île de Ré

 

 

 

 

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