Accueil / A ne pas manquer / Carnet de Vendanges Septembre 2021
Le millésime 2021 est marqué par un gel de printemps historique et une pression mildiou exceptionnelle. Il en résulte une perte de récolte importante évaluée à 35-40% de la récolte. La météo des dernières semaines avant vendanges en déterminera la qualité.
La météo est douce en automne et en hiver puis fraiche au printemps et en été ; elle est humide toute l’année. Fin mars, l’excédent de pluviométrie est de + 50 % par rapport à la moyenne des 20 dernières années. L’hiver doux et humide favorise un débourrement précoce dans les derniers jours de mars. Les nuits du 07 et 08 avril sont particulièrement froides (jusqu’à -5°C) avec des dégâts de gel importants et hétérogènes sur tout le vignoble bordelais. La perte de récolte au niveau départemental est estimée à -25%.
Le mois de mai, particulièrement froid et humide, ralentit fortement la pousse et retarde le cycle végétatif. Début juin, le retour d’un temps chaud et sec favorise une pousse importante, comme si la plante voulait rattraper le temps perdu. Cette alternance de périodes chaudes et humides complique les travaux au vignoble, tant pour les relevages que pour les traitements. L’été frais et humide, favorise la pousse de la vigne au détriment de l’aoûtement qui sera tardif, après la mi-août. Les réserves d’eau dans les sols ainsi que les températures fraiches, le déficit d’ensoleillement et la faible amplitude thermique jour/nuit, sont défavorables à une bonne évolution de la véraison. La véraison est particulièrement lente.
Le climat 2020/2021 est particulièrement favorable au développement du Mildiou tout au long de la saison. De l’hiver, doux et humide, qui favorise la maturation des œufs d’hiver, jusqu’aux rosées matinales d’août qui entretiennent la sporulation du champignon. A la faveur du printemps, exceptionnellement humide, les premiers symptômes apparaissent sur feuilles début mai, puis sur grappes à la mi-juin. Le mois de juin exceptionnellement humide entraine parfois asphyxie racinaire avec ralentissement de circulation des produits systémiques dans la plante. Les pluies lessivent les produits de contact et les sols gorgés d’eau rendent difficile l’entrée dans les parcelles pour effectuer les traitements. Ainsi tout au long de la saison, les fenêtres de traitement sont particulièrement étroites. Début juillet le développement du champignon explose ; il est présent sur feuilles dans l’ensemble du vignoble et parfois sur grappes avec des pertes de récolte importantes.
La pluviométrie particulièrement importante au printemps et au début de l’été favorise la pousse de la plante au détriment de la maturation. On n’observe pas d’arrêt de croissance net par absence de stress hydrique qui ne s’installera qu’après la mi-août. En août et septembre, le déficit de température, d’ensoleillement et d’amplitude thermique jour/nuit entrainent une véraison et une maturation particulièrement lentes. L’activité photosynthétique de la plante est ralentie ; les baies ont du mal à se charger en Sucres et en Anthocyanes et dégradent peu leurs Acides. La maturité est retardée.
La Maturité Technologique (équilibre Sucres/Acides) sera atteinte après la mi-septembre selon la précocité des parcelles. Contrairement aux derniers millésimes (depuis 2015), marqués par le réchauffement climatique, il n’y a pas de grand décalage entre maturités technologiques, phénoliques et aromatiques.
Les premières vendanges rouges commencent la semaine du 20 septembre pour les secteurs précoces. Elles ne débuteront que début octobre pour les secteurs les plus tardifs et les parcelles atteintes par le gel. Encore quelques semaines de temps beau, chaud et sec sont nécessaires pour parfaire la maturité et contraindre le développement de Botrytis qui menace. Alors, on pourra révéler le meilleur de ce millésime.
Cette année les vignes épargnées par le gel, ou protégées efficacement, sont homogènes et présentent une récolte qui aura du potentiel si les conditions météo restent bonnes. Ces vignes seront en avance sur les autres, probablement bonnes à vendanger à partir de la semaine du 27, au plus tôt…
Pour les vignes impactées par le gel, la récolte sera plus hétérogène et plus tardive, à partir du 4 octobre, peut être un peu plus tôt. Nous les ramasserons à la main. Certaines parcelles ont été totalement détruites et ne seront pas ramassées.
Nous avons un peu tout connu cette année mais nous avons tenu le choc face à la pression mildiou, tout en restant sous les 4 kg de cuivre (nous sommes en bio), les dégâts sur les grappes sont insignifiants. Nous avons eu beaucoup d’eau, les grappes seront donc plus lourdes que l’an dernier, mais je ne suis pas forcément optimiste sur les quantités, la récolte est difficile à estimer du fait de l’hétérogénéité. En fait la grande inconnue cette année c’est le volume…
En résumé une année de vigneron qui sera suivie par une campagne de vinificateur !
Château Anthonic
On se souviendra longtemps du millésime 2021 même si l’on souhaiterait l’oublier rapidement ! La nature a été contre nous une bonne partie de la saison végétative, épuisant les hommes. Et maintenant, depuis plusieurs semaines, nous attendons l’arrivée de la maturité pour lancer la récolte. En bref après avoir couru dans tous les sens d’avril à Juillet maintenant nous tournons en rond dans le chai…
Mais le millésime qui se profile sera intéressant et atypique, ressemblant plus plus à ceux du « siècle dernier », avec maturité moins « sudiste » et desdegrés plus faibles, les vins vont être probablement assez différents de ceux des 10 dernières années…
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