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Carnet de Vendanges Septembre 2019

Premières impressions sur les vendanges 2019 avec Bernard Sirot,
Jean-Christophe Mau, Pascal Hénot et Thomas Guibert. Photos JB Nadeau.

 

L’édito de Bernard Sirot : « des millésimes de plus en plus étonnants »

Chaque millésime a ses spécificités, heureusement d’ailleurs, mais depuis quelques années, ils sont de plus en plus étonnants, le réchauffement, pour l’instant, n’y est pas pour rien. Les vignerons ont donc de plus en plus la nécessité de s’adapter à ces conditions. 2019 n’échappe pas à cette règle…

Partout dans l’hexagone, les avis sur la qualité sont élogieux, ce n’est pas le cas concernant les volumes. La production a bien entendu souffert de la sécheresse mais à des degrés divers selon les régions. Il faut s’attendre, selon les localisations, à des baisses de production de l’ordre de moins 10 à moins 20 %. Néanmoins la pluie de ces derniers jours est une excellente nouvelle pour tous les vignerons.

Bordeaux n’échappe pas à cette tendance mais son vignoble s’en sort plutôt bien… A ce jour, partout les vendanges sont en cours sauf en liquoreux bien entendu. Les raisins blancs pour le crémant et les vins secs sont magnifiques avec des arômes prometteurs. Pour le merlot, tout le monde est dans les vignes, de Pomerol à Langon en passant par Sauveterre de Guyenne. Même en Médoc où la dernière semaine avec ses températures élevées a permis de récolter des merlots de belle maturité. Pour les cabernets, patience pour optimaliser la qualité. Rien ne presse car les conditions atmosphériques sont prometteuses avec des journées prochaines à 22 – 24° et nocturnes à 10 – 12°. Néanmoins, ce n’est pas une règle générale, car la pluie pourrait engranger l’apparition de foyers de pourriture sur les pellicules sensibles.
La surveillance est donc de mise et le vent bienvenu. Quand aux liquoreux, patience mais la présence dans les vignes est aussi indispensable car la pourriture aigre s’installe dans certains endroits.

Globalement la promesse d’un grand millésime est donc quasi certaine pour la Gironde en ce 26 Septembre… Pour les volumes, patience car les situations sont très contrastées…

Bernard Sirot, journaliste Echos de Bordeaux.

 

Rive Gauche

Jean-Christophe Mau, Château Brown, le 18 septembre  : «encore une grande année en 9 ?».

Après les aléas climatiques marquants des millésimes 2017 et 2018, nous avons abordé 2019 avec beaucoup d’espérance et d’humilité face à la nature. Par chance, les conditions météorologiques ont été plus favorables. Ces conditions propices se sont poursuivies du 5 au 13 septembre lors des vendanges de nos cépages blancs. Des nuits fraîches ont contribué à la protection des arômes et des matinées autour de 12 à 15°C pendant la récolte ont été idéales pour ne pas altérer la qualité des baies ramassées manuellement, en petite cagette.
Les sauvignon blanc et sémillon ont donné de beaux volumes et une très belle qualité de raisins. Les jus promettent déjà un grand millésime avec peu d’alcool et une acidité qui apportera un bel équilibre au vin. Les vendanges de nos cépages rouges débuteront vers le 25 septembre, si tout se passe bien jusque-là, la récolte sera au moins aussi belle que celle des blancs ! « En revanche, 2019 nous prouve encore que le dérèglement climatique est bien réel et il a une conséquence sur la maturité des raisins. » Face aux épisodes de sécheresse la vigne a développé son système racinaire afin de puiser eau, fraîcheur et oligo-éléments dans les sous-sols, mais ce n’est pas toujours suffisant, notamment sur les parcelles de cabernet-sauvignon. La vigne a bénéficié d’un ensoleillement très intense depuis juin, ce qui est positif, mais le temps extrêmement sec et le déficit hydrique qui perdure depuis le printemps bloque aujourd’hui la maturité du cabernet sauvignon. Ses pépins ne sont pas encore mûrs, il n’a pas encore atteint sa pleine maturité phénolique.  Il faudra être encore un peu patient !
Château Brown – AOC Pessac-Léognan

 

Rive droite

Pascal Hénot, Oenologue au Centre Oenologique de Enosens Coutras : « Un nouveau beau millésime en devenir » le 24 septembre.

Après un hiver doux et humide, permettant de refaire les réserves des nappes phréatiques, le printemps, frais, entraine une pousse ralentie de la vigne, et des dégâts de gelées dans certains secteurs. La mi-floraison a lieu autour du 04 juin, soit la date moyenne des 30 dernières années. Les parcelles précoces fleurissent en conditions douces et sèches, mais celles plus tardives, subissent le froid et la pluie, entrainant coulure et millerandage. L’été est particulièrement chaud et sec avec plusieurs périodes de canicule, en juin, juillet et août. La mi-véraison  s’établit autour du 09 août, soit 3 jours de retard par rapport à la moyenne. Elle est lente, augmentant l’hétérogénéité issue de la floraison. L’été caniculaire et sec  entraine un stress hydrique important, mais le vignoble réagit globalement bien, comme habitué suite à ce 5ème été de sècheresse consécutif. Chaleur et sècheresse empêchent le développement des maladies cryptogamiques, ainsi le vignoble est tout particulièrement sain.
Septembre est chaud et sec, avec des amplitudes thermiques jour/nuit de 20°C, favorisant la concentration des baies en couleur et en arômes de fruits.
A la veille de la récolte, le vignoble est parfaitement sain ; les baies sont petites et les quantités apparaissent déficitaires. Les raisins sont gorgés de sucres tout en conservant un bon potentiel acide ; les peaux sont épaisses, riches de couleur et d’arômes de fruits ; les baies sont délicieuses à déguster.
La récolte des premiers Merlots se fait dans les terroirs précoces (Pomerol, Margaux) vers le 18 septembre, puis se généralise après les pluies du 22. Les Cabernets présentent un très beau potentiel et seront récoltés fin septembre/début octobre. Les premières cuves de rouge révèlent la promesse des beaux raisins récoltés : une couleur noire comme de l’encre, des arômes noirs comme des petits fruits, des bouches noires comme du chocolat avec de la rondeur et de la sucrosité. Un nouveau beau millésime en devenir pour Bordeaux.
Enosens Coutras

Thomas Guibert, vigneron au Château Roquevieille, AOC Castillon Côtes de Bordeaux : « Nous attendons un très beau millésime même si rien n’est jamais gagné » le 24 septembre.

Après une floraison sous une climatologie un peu mitigée, plutôt froide et pluvieuse donc favorable à la coulure et au millerandage, suivant le stade physiologique de la vigne, le début de campagne a très mal démarré avec un printemps très pluvieux et une forte pression des maladies cryptogamiques et notamment le mildiou faisant craindre un bis repetita de 2018. Et puis à partir de mi juin à mi juillet l’épisode caniculaire a permis d’assainir complétement la végétation. Ensuite, et c’est ce qui fait souvent la force du terroir de Bordeaux alors que la vigne commençait à réellement souffrir de la chaleur deux épisodes pluvieux conséquents (plus de 50 mm) ont permis à la physiologie de la plante de se relancer. Une très belle arrière saison nous laisse présager une magnifique récolte même si les graines sont petites par manque d’eau et donc le rendement risque de ne pas être si élevé que ce qu’on pouvait présager au moment de la sortie des grappes. Certaines parcelles ont gelé mais ce n’est pas notre cas au vignoble Palatin Guibert. Nous pensons démarrer les vendanges le 25 septembre avec des degrés sur certains merlots déjà un peu élevés. Mais un assemblage avec les cabernets équilibrera tout ça et nous nous attendons à un très beau millésime même si rien n’est jamais gagné. Croisons les doigts !!!!.
Château Roquevieille

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