Accueil / Reportages / Carnet de Vendanges Septembre 2017
Premières impressions sur les vendanges 2017 avec Dominique Forget, Nicolas Glumineau, Jean-Christophe Mau, Lionel Gardrat, Michèle Béchet, les oenologues d’Oenoteam et l’Oenologue Nicolas Guichard. Photos JB Nadeau.
Rive Gauche
Dominique Forget le 26 septembre : « un Millésime impacté par les aléas climatiques ».
Après le gel de fin avril, l’été a été sec puis septembre plutôt arrosé avec 72 mm à Couhins . Malgré l’impact parfois fort du gel, nous avons décidé de maitriser et de soigner la production des ceps épargnés par le gel pour obtenir malgré tout des raisins capables de donner de grands vins.
Les blancs ont été récoltés plus tard que la précocité du printemps le laissait penser, entre le 28 aout et le 14 septembre, en plusieurs tries notamment sur les parcelles touchées par le gel. Les vins blancs 2017 devraient récompenser nos efforts. Ils s‘annoncent très aromatiques, avec des notes de fruits murs, et un bel équilibre entre rondeur et fraicheur.
La récolte des rouges est en cours depuis le 13 septembre. Face aux conditions climatiques parfois difficiles, elles demandent une grande capacité d’anticipation et d’adaptation. Nous avons ainsi bouleversé l’ordre habituel de récolte des différents cépages, en récoltant certains Merlots avant la fin des Sauvignon, alors que d’autres parcelles de Merlot seront récoltées après les premiers Cabernet Sauvignon.
Dominique Forget – Château Couhins
Nicolas Glumineau le 26 septembre : un marathon vous dis-je !
La Nature nous aura épargné, cette année. Point de gel, ni de grêle !!! Quelle chance…
Un temps sec caractérise cette année végétative, ayant pour conséquence la précocité notable du millésime. Signe du Destin ? Les millésimes précoces sont bons, voire grands (1989, 2003, 2011…) !
Première plante de Merlot récoltée le 7 septembre ; 2 jours avant le Marathon du Médoc. Rare timing !
Et de Marathon, il s’agit bien. Un temps instable s’installe sur la Pleine Lune du 6 septembre, et ne va pas nous lâcher pendant deux semaines, offrant une alternance de jours ensoleillés et de journées arrosées.
Heureusement, les températures diurnes et nocturnes étant fraîches, la pourriture grise ne s’est pas développée, nous permettant chaque jour de choisir quelle parcelle de Merlot récolter ; non sans une pointe d’inquiétude, à la consultation de prévisions météorologiques incertaines… Finalement, nos Merlots sont mûrs, comme le confirment les analyses de jus et de vins. Ces derniers sont riches, aromatiques et s’appuient sur des structures tanniques droites et précises.
La macération leur conférera chair, rondeur et amabilité… Nous avons juste achevé la récolte des Petits Verdots ; ils sont mûrs !!!
Nous débutons les vendanges des Cabernets francs et des jeunes Cabernets-Sauvignons. Les prévisions météorologiques pour les jours à venir sont bonnes il convient donc de définir le niveau de maturité phénolique que nous exigeons. Les pellicules doivent être fines et les tannins de pépins mûrs. La vinification des Cabernets doit éviter toute austérité ou âpreté.
Encore 8 à 9 jours de vendanges devant nous. Un marathon, vous dis-je…
Nicolas Glumineau – Château Pichon Comptesse de Lalande
Jean-Christophe Mau le 28 septembre : l’exigence d’une extrême précision !
Ce qui caractérise les vendanges 2017 c’est d’abord l’extrême précision qu’elles requièrent. En effet, le Château Brown, comme beaucoup d’autres vignobles, n’a pas été épargné par le gel printanier, ce qui engendre une grande hétérogénéité des grappes au sein du vignoble. « Cet épisode de gel ne nous laisse entrevoir qu’une moitié de récolte comparée à une année dite « normale » et rend ces vendanges et vinifications très techniques » affirme Jean-Christophe Mau. Les vignes gelées sont dispersées sur l’ensemble du vignoble et on trouve à quelques mètres d’intervalles dans un même rang des grappes à maturité optimale (de première génération) et d’autres plus petites et moins mûres poussées après le gel. Comme chaque année, les vendanges au Château Brown se font à la main et les vendangeurs ont été formés au préalable à cette récolte atypique.
Si les vendanges des blancs et des merlots se sont déroulées dans des conditions délicates : humides et peu ensoleillées et demandant beaucoup d’attention ; les conditions climatiques pour les vendanges des cabernets sauvignons cette semaine jusqu’à fin septembre s’annoncent plus clémentes, avec l’été indien que nous n’attendions plus… L’état sanitaire est stable et les acidités hautes. Les cabernets sauvignons ont été moins touchés par le gel, ce qui amènera cette année à faire un grand vin avec environ 70% de Cabernet Sauvignon.
Bien qu’il soit encore difficile de se prononcer car les vendanges ne sont pas finies, pour Jean-Christophe Mau la qualité du millésime 2017 sera probablement comparable au millésime 2012. Son attention va maintenant tout particulièrement se porter sur ces micro-vinifications afin de produire un millésime de qualité dans la continuité de son travail depuis son arrivée à la propriété fin 2004.
Jean-Christophe Mau – Château Brown
Rive Droite
Lionel Gardrat, Vignoble Les Hauts de Talmont le 25 septembre : « un scénario à rebondissements ! ».
Tout a bien commencé avec un hiver clément et sec, et un cycle végétatif qui a commencé très tôt. Le débourrement fut précoce et homogène.
Rebondissement fin avril avec trois matinées de gel qui font de gros dégâts… Heureusement nous sommes peu touchés car nos vignes touchent l’estuaire.
Juin et début juillet sont très chauds et nous affichons alors 3 semaines d’avance.
Nouveau rebondissement fin juillet avec des abats d’eau importants en une semaine ((100mm sont enregistrés par notre station météo). Suivent des semaines de temps frais et maussade. Peu à peu l’avance se réduit. A la mi septembre; un nouvel épisode pluvieux se déclare (80mm). La véraison en est très ralentie surtout sur les colombards et l’inquiétude monte.
Aujourd’hui, après 10 jours de temps sec et plus chaud, l’espoir est revenu. La vigne est encore en activité physiologique et la maturité progresse. On note quelques attaques de pourriture grise que les vendanges manuelles devraient permettre d’éliminer. Après consultation de notre conseil Jean Claude Berrouet la vendange de notre parcelle de merlots aura lieu ce vendredi 29 septembre. Elle se présente bien et laisse augurer au final un beau millésime ! Vendredi nous fêterons aussi la gerbaude.
Michèle Bechet, Château Fougas, AOC Côtes de Bourg, le 26 septembre : « un millésime trés précoce »
Le millésime 2017 a été très précoce. La vigne avait 15 jours d’avance par rapport à son développement habituel. La canicule du mois de juin avait contribué à accélérer le processus de maturation, et les douces températures de juillet ont favorisé une véraison régulière et précoce.
Les vendanges ont eu lieu cette année à partir du 14 septembre pour le merlot, puis à partir du 26 septembre pour les cabernets…
La journée de vendange des locataires de pieds de vigne du samedi 16 s’est déroulée sous le soleil, hormis un petit passage de la pluie durant le repas qui, cette année, a réuni 110 participants.
Les raisins de la parcelle vendangée étaient entre 13,5 et 14 degrés, très sains et très aromatiques avec une belle extraction potentielle des tanins de la peau (les plus nobles).
Une nouvelles année commence dans les vignes!
Château Fougas
Stéphane Toutoundji, Thomas Duclos, Julien Belle – Oenoteam le 28 septembre : « un millésime inoubliable par son exigence ».
Il ne se compare pas…encore, ne se qualifie pas… encore, se laisse observer et présager de belles surprises.
Accélérer, ralentir, puis accélérer tout est question de bon timing, de bonnes dates de récoltes, comme tous les ans ? Oui et non car les antécédents de ce millésime sont le gel et la sécheresse et dans chaque parcelle, il y a un bon nombre de cas de figures différents.
Au chai, c’est technique, très technique, il faut bichonner chaque cuve et adapter chaque lot à sa problématique. Plus que jamais vigilance absolue jusqu’au bout, pour un millésime que l’on n’est pas près d’oublier.».
Nicolas Guichard le 25 septembre : « un Millésime « jaloux » pour la rive droite et le sud gironde ».
En langage populaire cela signifie que les situations sont diverses et très hétérogènes, pouvant provoquer des jalousies chez les moins bien lotis. En cause : le gel de printemps qui a touché à des degrés divers environ la moitié dui vignoble girondin, puis la grêle.
Pour les vignes épargnées par le gel, 2017 s’annonce très prometteur. Les blancs secs possèdent des équilibres alcool/acidité proches de la perfection et de belles expressions aromatiques. Pour les liquoreux, les premières tries laissent aussi entrevoir de très bons équilibres. Pour les rouges, dont la récolte n’est pas encore terminée, on retrouve là aussi de très beaux équilibres et les chais embaument d’arômes intenses de fruits qui rappellent ceux de l’année dernière. Mais, il est encore un peu tôt pour se prononcer sur la qualité des tanins.
Pour les parcelles touchées par le gel, ce sera l’année du vigneron et du vinificateur, et des bonnes surprises ne sont pas à exclure.
Nicolas Guichard – Expressions de Vignerons
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