Premières impressions sur les vendanges 2016 avec Michèle Béchet, Lionel Gardrat, Bernard Sirot, Jean-Christophe Mau et les Oenologues du Club Oenoteam.
Oenologues du Club Oenoteam – 22 septembre
Un hiver pluvieux, un printemps pluvieux, des mois de juillet et août secs et caniculaires (presque 80 jours sans une vraie averse), un mois de septembre chaud et timidement arrosé, voilà la météorologie de ce millésime 2016 ou comment un millésime nait dans l’excès.
Les blancs sont en cours de ramassage et révèlent déjà de belles surprises au niveau quantité et qualité. Des notes fraîches et agréables au nez sur les jus en débourbage ou de début de fermentation. Les rouges présentent un potentiel très intéressant, malgré une hétérogénéité sur chaque pied, chaque grappe. Des choix ont du être faits cette année pour gérer cette hétérogénéité et minimiser son impact.
Les terroirs d’argile sont alors avantagés par une vraie régulation du stress hydrique. La plante par ses enracinements profonds aura profité de la chaleur et de la lumière sans souffrir… elle a eu tout loisir de produire un grand vin rouge : couleur, tanins, arômes…
Le potentiel devrait être transformé car la météo est propice jusqu’au 4 octobre.
La patience, un ramassage adapté et une vinification soignée devraient permettre de parvenir à exploiter le meilleur de ce que la nature nous a offert cette année.
Les propriétés doivent accepter qu’un millésime fait d’extrêmes appelle à sortir de ses habitudes. En 2016 plus que jamais, les équipes techniques qui choisiront leurs dates de récolte avec cet impératif en tête devraient réussir de belles choses.
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Rive Droite
Michèle Béchet – Château Fougas – AOC Côtes de Bourg – 22 septembre
Nous pensons vendanger à partir du 2 octobre.
Nous sommes passés à travers la grêle, la gelée, le mildiou au printemps….
Cet été nous avons travaillé le sol sans relâche en aout et fait de la biodynamie, notre vigne n’a pas souffert de la sécheresse ni de la déshydratation…
Nous avons eu une pluie bénéfique (50 mm en un jour) en septembre tout de suite absorbée sans ruissellement, durant les grandes marées et la pleine lune. L’équinoxe, le 20/09 ( demain) n’a pas apporté de pluies supplémentaires…. Les prochaines grandes marées sont prévues à partir du 15 octobre et nous pensons donc qu’il ne pleuvra pas durant la semaine du 2 au 8/10…
Les variations de températures actuelles entre le jour et la nuit favorisent le développement des arômes et les degrés qui évoluent lentement devraient être aux environs de 13 ° vers le 2/10…
La vendange est homogène grâce à une floraison rapide, un léger éclaircissage à la véraison et un effeuillage contrôlé…. Les peaux des raisins sont épaisses.
Nous sommes donc optimistes et croisons les doigts en attendant la récolte..
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Lionel Gardrat, Vignobles des Hauts de Talmont, IGP Vin de Pays Charentais, le 21 septembre
La climatologie de ce millésime est jusqu’à présent très intéressante : après un débourrement normal, le printemps très humide et frais a engendré d’une croissance végétative lente. A noter une importante pression de mildiou, mais avons tenu ! ! L’été a été chaud et très sec avec heureusement une bonne pluie début août et un retour de la pluie le 14 septembre qui a vraiment fait du bien à la plante. Grâce à un important travail à la vigne ( échardage, enroulement, vendange en vert…), nous espérons obtenir un bon, voir un très bon millésime. Pour cela le maintien du beau temps ces prochains jours est primordial…
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Rive Gauche
Bernard Sirot – Château Closiot AOC Sauternes – 22 septembre
Après un été ultra sec et chaud, la soirée du 13 et la journée du 14 septembre ont été riches en cumul de pluies.
Selon les localisations au sud de Bordeaux, il est tombé entre 40 et 60 mm. d’eau sur des sols très secs.
Heureusement, la grêle n’était pas de la partie, du moins dans la plupart des cas.
Certains blancs secs et notamment les raisins pour la production de Crémant ont été vendangés avant cet épisode orageux. Néanmoins, la plupart des blancs pour les vins tranquilles, ont été vendangés après la pluie.
Résultat, des baies bien rebondies et d’heureuses surprises dans de nombreux chais.
Les sauvignon et surtout les sémillon, grâce à leur peau épaisse, ont très bien résisté à cet apport pluvieux conséquent. Ce n’est par contre pas du tout le cas pour la muscadelle qui s’est bien souvent délitée avec éclatement des peaux.
Pour les rouges, les situations sont contrastées. Les merlots ont par endroit mal résisté et sont en cours de vendanges. Il ne fallait pas louper cette année le traitement anti-botrytis. Pour ceux qui, par contre, étaient protégés, l’année s’annonce très belle et la vendange est reportée à plus tard pour l’obtention d’une meilleure maturité…
Pour les liquoreux, l’apport d’eau fut une aubaine. Le sémillon en à tout particulièrement profité et le botrytis s’est gentiment installé dans les vignes. En priorité d’ailleurs du côté de Barsac et du bas Preignac.
Tout reste à faire mais franchement les sourires sont de mises dans de très nombreuse propriétés au Sud de Bordeaux…
Bernard Sirot – En savoir plus
Jean-Christophe Mau – Château Brown – 22 septembre
Tandis que les cabernets-sauvignons, plantés sur des graves en hauteur continueront de mûrir pendant encore « au moins dix jours », les merlots offrent déjà des peaux goûteuses et des pépins mûrs. Malgré la sécheresse extrême qui a fait souffrir l’ensemble du vignoble bordelais pendant ces deux mois d’été, le Château Brown ne semble pas impacté sur la quantité de raisins à ramasser. « Pour l’instant, nous n’avons ramassé qu’une partie des blancs, il faut être prudent, mais j’espère pouvoir faire plus de 40 hectolitres/hectare, ce qui est un bon rendement pour nos objectifs de qualité ». Le choix de l’équipe technique est aux rendements maîtrisés (le rendement autorisé par le cahier des charges de l’appellation est de 54 hl/ha), grâce notamment à une vendange en vert, soit le fait de faire tomber des grappes par pied, afin de mieux concentrer les arômes des baies. Tandis que les jus des sauvignons ramassés s’entonnent au fur et à mesure dans les fûts pour commencer leur fermentation, les sémillons se goûtent encore sur pied de vigne. « On recherche le gras du sémillon dans l’assemblage, et cette année, les grappes sont magnifiques. On peut se permettre d’attendre encore quelques jours de beau temps avant de les ramasser, ce serait dommage de ne pas les amener jusqu’au bout de leur maturité », explique Jean-Christophe Mau.
Une saison « compliquée », mais avec un résultat pour l’instant satisfaisant pour le propriétaire… Et pourtant, entre les pluies diluviennes de mai et juin, les gels tardifs, et une sécheresse trop importante pendant l’été, aucun vigneron bordelais n’a été complètement serein pendant la construction de ce millésime.
Jean Christophe Mau – Château Brown – En savoir plus avec Terre de Vins
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