Tirées par des marchés demandeurs d’effervescents, les bulles bordelaises ont plus que doublé leur production en trois ans. Mais cette réussite fait naître des craintes de fraudes.
Née en 1990, l’appellation crémant de Bordeaux est restée relativement confidentielle jusqu’au milieu des années 2010. Mais « depuis sept ou huit ans, on est sur une progression significative », apprécie Dominique Furlan, président de l’AOC et de la cave Louis Vallon. Membre du groupe Bordeaux Families, la coopérative est la première productrice et élaboratrice de crémants de Bordeaux. Elle représente près de 40 % de la production.
Alors que les volumes s’établissaient à 10.000 hl en 2010 et à 55.000 hl en 2020, ils ont atteint 127.000 hl l’année dernière. Soit 3 % de la production totale de vin à Bordeaux, et 15 % de la production française de crémant, toutes régions confondues.
Vendu 30 % à l’export et 70 % en France, principalement en grande distribution, le crémant de Bordeaux est environné de concurrents. « Nous nous positionnons comme un produit qualitatif élaboré selon une méthode traditionnelle, sur le modèle de la Champagne, et qui demande un an et demi voire deux ans avant d’être mis sur le marché, insiste Dominique Furlan. Alors que les cavas et les proseccos sont bien souvent produits selon des méthodes industrielles, en cuves closes, et rapidement mis sur le marché. »
« Le crémant c’est un peu la lumière dans le paysage local, constate Dominique Furlan. L’appellation a conscience que le succès des crémants de Bordeaux pourrait attirer des opérateurs peu scrupuleux de respecter le cahier des charges. Celui-ci impose notamment des vendanges manuelles. Soulignant que ce n’est pour le moment « que de la suspicion », le président de l’AOC prévient : « Nous allons mettre une grosse pression sur les contrôles car il est hors de question que ce genre de concurrence s’installe et détruise le travail de plusieurs années. ».
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