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Coup de projecteur sur Christine Derenoncourt, co-propriétaire du Domaine de l’A

L’élégante vigneronne du plateau calcaire de Sainte-Colombe nous parle de son lien organique à ce coin de paradis, des vins qu’elle et Stéphane y font depuis 25 ans ! Parole rare et sensible. L’article complet est à retrouver dans la Lettre des Éditions Féret.

 

 

Es-tu fille de vigneron ?

 

Non absolument pas. Je suis arrivée à Libourne à l’âge de 4 ans, j’ai donc été élevée au milieu des vignes sans être issue de ce monde. J’ai fait des études de gestion et de comptabilité et mon premier poste m’a amenée dans une petite propriété viticole. C’est en travaillant sur ce domaine que je me suis intéressée au vin de manière empirique, avec la curiosité d’une personne qui avait tout à découvrir. J’ai demandé aux gens qui travaillaient là-bas, « mais en fait dans la vigne vous y faites quoi ? » Je suis allée voir et j’ai trouvé ça incroyable. Pendant les vinifications, j’ai fait la même chose et quand je suis rentrée dans le cuvier, la magie a continué à opérer. J’étais totalement séduite.

 

 

Est-ce que cette magie s’est un peu érodée ?

 

La magie, je la vis réellement tous les jours depuis 1999 lorsque nous avons constitué le Domaine de l’A : quand je vais dans les vignes, quand je rentre des raisins pour vinifier un nouveau millésime. C’est toujours passionnant parce que les raisins, quand tu les ramènes au cuvier, ça fait déjà des mois que tu les côtoies, que tu les observes ! Et parce que ça fait 26 ans qu’on est sur le domaine, on commence à les connaître un petit peu. Tu as une petite idée de ce qu’ils vont donner en fonction des parcelles. La magie de ce métier-là, c’est que parfois, tu vas retrouver des choses que tu avais imaginées et à d’autres moments, pas du tout ou alors sous une autre forme. Ce qui est absolument fascinant.

 

 

Avec le recul, es-tu consciente d’avoir, avec Stéphane, contribué à changer l’approche vigneronne bordelaise ?

 

Je n’aurais pas cette prétention. Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait naturellement, de manière très empirique. On a aussi beaucoup travaillé et on a fait ce qu’on aimait et ce qu’on ressentait. C’est un métier qui demande — c’est essentiel — de la bio-sensibilité. J’ajoute que tout dépend de toi aussi. En effet, si tu mets d’autres personnes sur ce lieu, ils feront un vin différent. Tu n’es dans le fond qu’un messager, c’est-à-dire que tu vas t’occuper d’un lieu, de la terre mais que rien de tout cela ne t’appartient. Il sera transmis. Il y a eu une vie avant, il y aura une vie après. Et mon rôle, c’est de m’occuper du mieux possible de l’endroit. Je pense que les vins sont imprégnés par les lieux, mais aussi un peu par la ou les personnes qui s’y trouvent. J’irais jusqu’à dire que le Domaine de l’A est une extension de moi-même!.

 

 

Qu’est-ce que Bordeaux a raté ou a mal fait d’après toi ?

 

Je pense qu’il reste important pour un vigneron d’aller acheminer son vin jusqu’à la porte des consommatrices et des consommateurs, de le distribuer en direct. Moi, je trouve que c’est quelque chose d’important parce que c’est un aboutissement. Tu sais en parler, tu peux parler de tout ce qui s’est passé durant un millésime avec une forme d’intimité. Je reste convaincu que les gens sont sensibles à ça. Je pense que cette incarnation, cet accompagnement sont d’autant plus importants que notre domaine est récent, on n’est pas ici sur une troisième génération de vignerons. Tu peux expliquer, tu peux dire pourquoi cette année-là a été difficile, ce que tu as mis en place, comment tu l’as vécu. Tu peux avoir un échange riche. Le côté humain reste, tu t’en doutes, primordial. Tu te dois d’incarner ce vin… ce qui manquait un peu à Bordeaux.

 

J’ajoute que je nourris mon discours de sensations extraordinaires, comme lorsque tu es penchée au-dessus du cuvier en pleine fermentation. Tu as alors l’impression d’être au-dessus d’une marmite géante comme si tu étais dans ta cuisine avec ses fragrances et ses odeurs… J’adore revenir sur ces notions de fermentation et de transformation, qui sont absolument incroyables, des choses dont je me nourris lorsque je vais à la rencontre de clients particuliers, de restaurateurs ou de cavistes.

 

 

 

Est-ce que Bordeaux doit revenir au cœur des gens à travers la gastronomie ?

 

Bien entendu, il faut revenir sur les accords incroyables entre la gastronomie et le vin, c’est quand même assez fabuleux. Il n’y a qu’en France qu’on parle à nouveau de nourriture à la fin d’un repas. Le vin est lié au plaisir, à la jouissance. C’est peut-être ce qu’on a oublié à Bordeaux.

 

 

 

Quel est ton vin idéal ?

 

J’ai besoin d’aimer le nez, d’avoir un nez qui soit joli. Et si le nez me plaît, il faudra une impression gustative à la hauteur du nez. Je recherche cette harmonie qui commence par l’odeur et qui va finir par la déglutition. Le vin doit jouer sur différents tableaux pour me plaire : la sensualité, la floralité et la sapidité. Plus globalement, je dirais que j’ai toujours trouvé plus facile de faire un vin d’attaque, le plus difficile étant de réussir les finales. On n’oubliera pas, bien évidemment, l’importance des marqueurs du sol. Le calcaire en l’occurrence marque nos vins dans lesquels on rencontre souvent le côté crayeux et salin.

 

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Maison Féret

 

Fondée en 1812 par Jean-Baptiste Féret à Bordeaux, la maison Féret est l’une des plus anciennes maisons d’édition spécialisées dans le domaine du vin en France. Après l’emblématique Bordeaux et ses Vins, dont la première édition date de 1850, Féret publia également en 1889 un annuaire des Personnalités et Notables Girondins. Ce dernier devait constituer le premier
tome d’un corpus consacré aux acteurs qui comptaient dans le département girondin.

 

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