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La plupart des pays viticoles sont touchés par la crise mais la France et Bordeaux en particulier boivent le calice jusqu’à la lie. Comment en est-on arrivé à ce point ? Chacun à sa version et ses solutions mais aujourd’hui le mal est profond et plus aucune propriété n’est à l’abri.
On en parle peu, mais il y a cependant des réussites. Des producteurs, audacieux, jeunes bien souvent, et plus novateurs que d’autres, sortent leur épingle du jeu. But unanimement avoué : éviter au maximum les intermédiaires et notamment les négociants, accusés souvent à tort de tous les maux.
Leurs mots clés : diminution des surfaces exploitées, diversification de l’offre, frein sur les investissements et accentuation tout azimuth des efforts commerciaux pour vendre leur production en direct. Le dernier Vinitech, qui vient de se terminer, témoigne de cette priorité nouvelle donnée à la commercialisation. Bien entendu tous ne pourront s’engouffrer dans cette voie, mais ces pistes existent bel et bien. Elles demandent de la réflexion, une remise en cause des habitudes prises génération après génération, de l’écoute, et surtout de la volonté.
Autre source d’inquiétude majeure qui persiste, le vin est de plus en plus assimilé par certains à une drogue. Les ayatollah de la sécurité alimentaire, et les médias souvent avides de buzz, ont un rôle extrêmement pernicieux en la matière… Quelle est encore l’émission de télévision où radiophonique qui ose parler du vin en terme élogieux ou conviviaux ? A part au Salon de l’Agriculture de Paris et sur d’autres grandes manifestations surtout agricoles, peu d’hommes politiques osent se montrer un verre à la main. C’est devenu compromettant et politiquement incorrect. Il est pourtant clair que les ravages de l’alcoolisme, notamment chez les jeunes, n’ont pas grand chose à voir avec l’univers des vins de qualité. On mesure aujourd’hui le rôle de la Loi Evin sur cette évolution…
Pour beaucoup le vin serait devenu ringard. Aujourd’hui, au restaurant où au domicile, de nombreux parents montrent l’exemple à leurs enfants et ne consomment que rarement du vin. Attention : Danger. Poison… En France beaucoup de jeunes tournent le dos aux vins en privilégiant bières où alcools, plus accessibles et plus à la mode, paraît-il. Il est plus qu’urgent de relancer une consommation raisonnable et de conquérir de nouveaux consommateurs. C’est devenu une priorité absolue. Sans l’arrêt de la tendance à la baisse de la consommation, pas de salut pour la production (Consommation en France en 2000: 71,5 litres par habitant, en 2010: 46,7 litres et en 2023: 24,2 litres). Les jeunes sont avides de découvertes et c’est incontestablement une voie judicieuse à suivre.
Les Foires aux Vins de la grande distribution en France ont unanimement été meilleures qu’en 2023, année à oublier cependant. Dans les campagnes, les Journées Portes Ouvertes réservées à la clientèle locale et régionale ont été aussi plus positives à Bordeaux. Un plus pour les trésoreries plutôt démunies par les temps qui courent. Dans un autre registre le second Sommet Agroécologie Bordeaux a été une belle réussite, il a montré de belles pistes d’évolution, pour une agriculture qui nourrit l’homme et préserve le vivant, il a aussi confirmé la nécessité d’une véritable politique publique pour soutenir ces changements. Espérons maintenant que décembre nous réservera de bonnes nouvelles. C’est tout le bien que nous vous souhaitons à tous…
Bernard Sirot
Journaliste et dégustateur Vintaste
Je suis négociant en vin de notoriété en Suisse. Je vois depuis longtemps les vins de Bordeaux disparaître des cartes de la restauration, et désintéresser les jeunes consommateurs en âge d’apprécier le bon vin. Ne cherchez pas plus loin, la raison est que les vins de Bordeaux correspondait bien à une ancienne génération, dans le style préconisé par les cotations Parker. La jeune génération, élevé avec des eaux sucrés désirent des vins plus gourmands et de plaisir. L’intansigeance stupide de l’INAO qui bloque toute évolution, a plongé les vins de Bordeaux dans la crise. Les Vins italiens malgré leur législation, ont tout compris, en laissant du sucre résiduel dans leur vin rouge, plaisant aux goûts des consommateurs. Les cartes des restaurants remplacent de plus en plus les positions de Bordeaux, par un type de vin plus adapté aux goûts des consommateurs. Votre solution à la crise, chassez ces fonctionnaires incapables de l’INAO, et évoluez avec le temps. Pierre Wyss
Bonjour ami Suisse, je suis Belge et journaliste dans le monde du vin depuis 35 ans…En semi-retraite cependant.Hélas, trois fois hélas, je ne peux qu’être tout à fait d’accord avec vous.C’est lamentable. Mais ce ne sont pas uniquement les fonctionnaires qui bloquent toute évolution. Ce sont également leurs responsables professionnels incapables d’innover et pétris de certitudes jusqu’à une mort inéluctable pour certains. Surtout d’ailleurs en Gironde où j’habite depuis mon installation dans ce beau pays. Ici, à Bordeaux, les professionnels ne sont pas solidaires comme dans d’autres régions.Tout est donc figé…Quasi tous les jours, je rencontre des vignerons qui ne savent plus que faire. Ils meurent dans leur coin, gentiment…Quelle tristesse…Allez, merci pour votre avis et je lève mon verre à votre santé…Hélas pas de fendant que j’aime tellement comme votre beau pays d’ailleurs…Bonnes ventes et cherchez quand même car à Bordeaux il y a des producteurs qui osent et qui réussissent…Amitiés vineuses…Bernard Sirot
Α quand un salon professionnel à Bordeaux, que pour les Bordeaux? Les vins de Bordeaux ont beaucoup d’amis fanatiques (comme moi!) dans le monde entier. Il faut les mobiliser! En avant!
(BTW: tout à fait en desaccord avec notre ami Suisse; il y a d’autres appellations disponibles que « Bordeaux » pour vendre des vins-coca cola aux jeunes, et c’est par ailleurs grace a l’ INAO que la grandeur des vins français existe toujours. Cible facile….)