Extrait : Communiquer sur le Cépage ou sur l’Origine ?
Cépage à la forte typicité, qui imprime une marque locale forte, la question de la communication autour de ces vins issus de Sauvignon est primordiale.
Christophe Olivier, oenologue bordelais,
Le succès d’un cépage entraine sa propagation – comme ce fut le cas du chardonnay – or le sauvignon est moins tolérant et adaptable que ce dernier : il se distingue par le lieu où il est produit. La question est de savoir si l’origine est plus importante que la variété même ? Aujourd’hui, le sauvignon a une plus grande notoriété que n’importe quelle région : mais cela peut évoluer et il est donc dangereux de ne communiquer que sur le cépage.
Thomas le Gris de la Salle fait référence à son expérience personnelle et incite à communiquer sur les deux registres – la variété et l’origine. Ajouter le nom du cépage sur ses étiquettes a permis de voir augmenter significativement les ventes de ses vins blancs à l’export. Bordeaux n’ayant pas une image de blancs, c’est une façon de proposer une alternative aux sauvignons les plus renommés tout en s’appuyant sur la marque collective Bordeaux mondialement connue.
Baudouin Havaux, président de Vinopres et du Concours Mondial de Bruxelles rappelle qu’en ce qui concerne le marché belge, l’approche du vin est souvent associée au plat qui l’accompagne. Cette alliance vin/plat va dans le sens d’une communication plus orientée « cépage ».
Alan Limmer rappelle cependant que la communication par le cépage tend à rendre le vin plus générique alors que seule la provenance ajoute de la valeur et permet de maintenir les prix alors que la concurrence s’intensifie.
Paul White, trouve que le sauvignon blanc est perçu comme une variété de pays froids et que son passage par la barrique entraine souvent une confusion avec le chardonnay. Cette image ne cadre pas avec l’image que l’on se fait de Bordeaux : des vins rouges élevés en barriques. C’est une difficulté pour communiquer avec le consommateur en ne faisant référence qu’à la seule origine bordelaise.
Walter Eberenz explique que dans le cas de l’Allemagne le fait de mettre en avant le cépage est valorisant en
soi car outre-Rhin le cépage est synonyme de qualité (au contraire des assemblages). Cependant, l’image de Bordeaux est bien sûr marquée par les rouges…
Xavier Leclerc, acheteur chez Auchan, rappelle que le client achète son vin en 3 secondes et qu’il met 3 secondes à juger si le vin lui plait ou pas. Les tendances de consommation évoluent: avant on cherchait la concentration et la barrique, maintenant on recherche la fraicheur. Un concours comme le Concours Mondial du Sauvignon est indispensable car le consommateur à l’heure de se décider a besoin de conseil. Il faut mettre en avant la double identité: origine et cépage et proposer des accords mets/vins.’
Yves Paquier, chroniqueur suisse, pense que le consommateur est de plus en plus éduqué et que l’effet étiquette de prestige tend à s’atténuer au profit de l’aspect découverte de plus en plus valorisé : l’information sur le cépage est plus importante à son sens que l’information sur l’origine.
Laisser un commentaire