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Portrait d’acteur : Jean-Baptiste Duquesne

 

Jean-Baptiste Duquesne, Château Cazebonne.

Photos Jean-Bernard Nadeau – Texte Frédérique Nguyen Huu – Making Of Arnaud Fleuri.

 

De 75 cl à 750 g

Étudiant en école de commerce, Jean-Baptiste Duquesne crée un club d’œnologie. Une découverte qui se transforme vite en passion et l’incite à fonder au milieu des années 90, une société de négoce. Il s’appuie sur l’expérience acquise dans le secteur digital pour se positionner sur internet « se démarquer et développer ainsi une clientèle en Asie. » À l’époque, il crée aussi Valade & Transandine, une maison d’importation vers l’Amérique latine et se lance dans le commerce de vin en ligne avec 75cl.com. Clientèle et logistique, le marché n’est pas mûr et l’aventure, initiée « trop tôt », tourne court.

France, Gironde, Saint-Pierre-de-Mons, Jean-Baptiste Duquesne, propriétaire du Chateau Cazebonne, Vins en Biodynamie à partir de cépages oubliés, Collectif Bordeaux Pirate, Vignoble Bordelais

Au début des années 2000, Jean-Baptiste Duquesne poursuit sa carrière dans le secteur numérique en investissant dans différentes sociétés de service. Pour ne pas rester sur l’échec de 75 cl, il imagine un site de cuisine qu’il baptise 750 g. Le concept fonctionne. En 2016, il le cède à un grand groupe média pour mieux revenir au vin et « à ses premières amours ». Cette fois, c’est le métier de producteur qu’il se choisit avec l’envie de « créer une marque et raconter une histoire » à Bordeaux..

 

 

 

À la recherche des cépages oubliés

Début 2017, Jean-Baptiste Duquesne acquiert Château Cazebonne. Implanté dans les Graves, le domaine correspond à ce qu’il recherche, à savoir une « propriété de notoriété intermédiaire avec de jolis terroirs. » A l’inverse des grands terroirs où « il est difficile de faire mieux que ce qui se pratique déjà », cette appellation offre un « territoire de jeu plus ouvert où raconter une histoire singulière en façonnant des vins qui se distinguent. »

 

Très vite, le néo-vigneron acquiert « la conviction qu’il faut travailler sur l’histoire du vin de Bordeaux et redécouvrir les cépages présents au XIXe s. » Comme il n’existe aucun ouvrage sur les cépages régionaux, pour ses recherches, il s’appuie sur les souvenirs glanés auprès des anciens. En 2021, il réunit le fruit de ses travaux sous le titre « Bordeaux, une histoire de cépages ». Ce livre retrace le phénomène ayant conduit à l’uniformisation actuelle autour de cinq grands cépages et à l’oubli de la diversité qui autrefois prévalait à la vigne.

 

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Des solutions d’avenir

Réchauffement climatique, gel, maladie, sécheresse, cette plongée dans l’histoire vise aussi à apporter des réponses à des questions d’aujourd’hui. En replantant ces cépages, Jean-Baptiste Duquesne se met dans la peau du vigneron d’antan. Il observe pour mieux retrouver les qualités oubliées de ces différentes variétés de raisin. C’est ainsi qu’il redécouvre l’enrageat ou jurançon noir. Mal aimé en raison de volume et capacités de garde limités, ce cépage se révèle intéressant et aromatique lors de sa première vinification en 2020. En 2021, alors que 95% de sa récolte gèle, l’enrageat est le seul à résister et se révèle alors comme « l’assurance contre le gel du vigneron d’autrefois. » Peu à peu, Jean-Baptiste Duquesne restructure son vignoble. Sur les parcelles arrachées, il plante des cépages retrouvés qui représentent désormais une superficie de 3,5 ha pour atteindre, à terme, 8 ha portant les 57 cépages autochtones identifiés grâce à ses recherches.

 

Retrouver des sols vivants

D’emblée, Jean-Baptiste Duquesne opte pour une conversion en bio et biodynamie, en partant du constat que parmi tous les vins dégustés, ses préférés sont tous issus de la biodynamie. Sans en comprendre tous les tenants et les aboutissants, il sent que « c’est là que ça se passe » et que « l’avenir se trouve dans les sols vivants. » Un mouvement qui va de pair avec un retour à des pratiques culturales anciennes, à une agriculture autosuffisante avec assolement, couverts végétaux, vie des sols et fumiers bios. Aujourd’hui, il constate déjà les bénéfices de ce choix. « Mon sol sent meilleur » se réjouit-il « jusque dans leur composition les mottes de terre ont évolué, la terre décompactée fleure bon à l’inverse d’un sol non-oxygéné et sans perméabilité qui sent le moisi. »

 

Ce sol « fleuri », plus perméable et souple, sentant l’humus et le bois donne bien évidement de meilleurs raisins à partir desquels il développe une gamme de vin à l’opposé de ce qui se pratique traditionnellement à Bordeaux avec deux vins de chaque couleur par propriété. S’inscrivant dans les pas de vignerons passionnés composant des gammes pléthoriques de 20 à 25 cuvées avec une approche sur le fruit, Jean-Baptiste Duquesne travaille en isolant chacun des terroirs et composant des vins de parcelle sans assemblage. De deux cuvées en 2020, il passe à 16 aujourd’hui et n’entend pas s’arrêter là. Innovant en permanence, il continue de rechercher la singularité dans la composition de chacun de ses vins.

 

L’étendard des Bordeaux Pirates

En 2020, Jean-Baptiste Duquesne lance avec des amis vignerons un mouvement autour des cépages oubliés. Ensemble, ils entendent sortir de l’archétype bordelais, enfermé entre grands crus classés et marché de masse. Dans une région où « on ne connaît pas les vignerons par leurs noms », ce collectif souhaite reproduire ce qui a pu se faire dans d’autres régions viticoles avec la mise en valeur de divers territoires de Gironde. Loire, Jura et Rhône, autant de régions viticoles revenues sur le devant de la scène grâce à l’émergence de vignerons talentueux. À contrepied du « Bordeaux bashing », ces Bordeaux Pirates s’autorisent à produire sous l’étiquette vin de France pour proposer des goûts nouveaux afin que sommeliers et cavistes recommencent à référencer des Bordeaux.

 

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Le Making Of

 

 

En savoir plus sur le Château Cazebonne

 

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