Accueil / Reportages / Carnet Primeurs millésime 2021
Assurément, ce millésime est d’une qualité meilleure que ce que l’on pouvait craindre suite aux conditions climatiques qui lui ont donné naissance, entre gel, pluie, été maussade et pression des maladies (mildiou, cicadelles, botrytis). Ce n’est pas un grand millésime, ni un petit millésime ; c’est un bon millésime.
Les rouges révèlent du fruit, de la rondeur, de la fraicheur et de l’équilibre ; ils sont agréables. Alors que leur manque-t-il pour être de grands vins ? Plus de concentration et de longueur, et une grande capacité de garde. Plus d’homogénéité de qualité aussi. Ce n’en sont pas moins des vins particulièrement agréables, qui seront prêts à boire plus tôt, en attendant la pleine maturité de leurs prestigieux aînés (2020, 2019, 2018).
Les blancs secs sont eux de qualité supérieure aux millésimes précédents. La météo peu favorable à la maturité des rouges ayant, à l’inverse, permis de conserver toute la fraicheur, la tension et le potentiel aromatique des cépages blancs. On peut là parler d’un grand millésime de vins blancs.
Les blancs liquoreux sont tout d’abord rares tant les quantités produites sont faibles. Maigre récolte suite au gel et tries drastiques pour ne retenir que le meilleur, ont permis de produire une petite quantité de bonne qualité. Complexité aromatique alliant les fruits frais aux fruits confits, et tension de bouche pour des liquoreux au style résolument moderne.
Si le millésime 2020, d’excellente qualité avec une réussite générale, avait permis un grand nombre d’exercices de styles, 2021, avec des quantités plus faibles et des conditions plus difficiles, a limité la personnalisation des productions et révélé les limites de certains terroirs. On a davantage subi sa matière première et son terroir et certains choix techniques se sont révélés inadaptés… La résultante en est un millésime qui, s’il est qualitatif, est aussi particulièrement hétérogène.
Le millésime 2021 de Château Fleur de Lisse est d’abord, pour moi, l’aboutissement d’un parti-pris inhabituel : l’élaboration d’un Saint-Emilion Grand Cru avec un cabernet franc dominant (60%) marié à un merlot à la fois en appoint et en force (40%): il signe un équilibre différent entre ces deux cépages phares.
Je dirais aussi que ce millésime 2021 doit beaucoup aux caprices baroques du climat de « cette année-là « : éprouvante pour les vignerons, mais finalement bénéfique grâce à une fin de saison providentielle.
Ce millésime 2021 nous révèle une interprétation originale d’un Saint-Emilion Grand Cru, où un travail particulièrement attentif de l’homme a su s’allier à l’œuvre heureuse de la nature..
À la dégustation, notre Grand vin blanc révèle une tension magnifique et une explosion aromatique qui montrent à quel point les conditions climatiques ont été idéales pour les blancs. La fraîcheur estivale a préservé les acidités et les arômes. Pour notre Grand vin rouge, ce millésime a été très favorable au cabernet sauvignon. Il confère au vin ses tannins mûrs et souples ainsi qu’une couleur intense.
Un millésime marqué par la fraîcheur et l’équilibre. Des rouges sur le fruit gourmand, avec des tannins sur la souplesse. Des blancs acidulés et aromatiques. Un millésime où on pourra se faire plaisir en buvant les vins sur leur jeunesse.
2021 est un millésime qui fera évoluer et grandir Bordeaux. Ceux qui ont fait des vins plus technologiques ont, à mon avis, une expression du millésime moins intéressante et plus faussée. Je crois que 2021 est un millésime ou l’ipséité a joué un grand rôle. L’ipséité c’est selon la définition du Larousse, ce qui fait qu’un être est lui même et pas autre chose.
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