Accueil / Portraits d’acteurs / Portrait d’acteur : Lionel Gardrat
Après des études à Montagne-Saint-Emilion, Lionel Gardrat commence à travailler sur les terres du domaine familial situées entre Cozes et Arces à quelques kilomètres de l’estuaire de la Gironde. Représentant de la 5e génération familiale de vignerons, ses aînés façonnent du Pineau des Charentes depuis 1894. A partir de 1986, son père diversifie la production de la propriété en élaborant des vins de pays avant que Lionel ne le rejoigne en 1995.
Dans les années qui suivent, le Domaine de Gardrat commence à faire parler de lui, et particulièrement de ses vins charentais, colombard et rosés fruités. Cherchant un vigneron, Michel Guillard et Jean-Jacques Vallée, les associés à l’origine du Vignoble Les Hauts de Talmont, sollicitent Lionel Gardrat en 2000 pour intégrer le projet de création de ce nouveau domaine et prendre la responsabilité de la conduite de la vigne et des vinifications au sein d’une direction collégiale.
Ils forment ainsi le trio d’associés à la tête des Hauts de Talmont. Photographe des paysages de la vigne, Michel Guillard est à l’origine du projet de création du vignoble. Également à la tête de la collection « Inventaire des territoires », il est en charge des relations avec le monde du vin : presse, restauration et œnologues. Petit-fils de négociant en vin et homme de markéting, Jean-Jacques Vallée assure quant à lui la commercialisation et la communication des produits du vignoble.
Les premiers pieds sont plantés en 2003. Sur ce site impressionnant surplombant la Gironde du haut de la falaise, tout est à faire. « Avec ce vignoble, nous partions de zéro, comme une feuille blanche à écrire. C’est ce qui était particulièrement intéressant, » se souvient Lionel Gardrat. Au départ, colombard et merlot occupent les 2,7 ha du domaine. L’encépagement évolue en 2009 et en 2020. Le vigneron qui a retrouvé la trace de cépages endémiques, introduit folle blanche et balzac noir (mourvèdre) et le vignoble passe de 5,8 ha à 6,5 ha.
« En 20 ans, nous avons fait un domaine de A à Z ! » résume Lionel Gardrat avant de retracer les grandes étapes qui ont permis d’aboutir à ce que le vignoble est devenu. Les premiers colombard sont vinifiés en 2005 et les vins rouges en 2011. Cette même année, la maison de l’ancien propriétaire des terres agricoles auxquelles ont succédé les Hauts de Talmont est mise en vente. Posée au ras de l’Estuaire et du vignoble, elle sert désormais de chai accueillant pour la première fois en 2020 les vendanges qui auparavant étaient envoyées à Cozes. En 2014, le domaine reçoit les certifications AB, Demeter et Biodivin. Des distinctions qui font des Hauts de Talmont le seul producteur des Charentes à pouvoir se prévaloir de cette triple reconnaissance.
Outre son effet très carte postale, la localisation du vignoble ancre la vigne dans un terroir à l’influence océanique fortement marquée. Ici, l’effet du vent de mer sur les températures est loin d’être négligeable. La différence entre les bords d’estuaire et les domaines situés ne serait-ce que quelques kilomètres à l’intérieur des terres, est assez importante. Dans le contexte actuel de réchauffement climatique, c’est un atout indéniable. De manière générale, le phénomène de tampon créé par la présence de l’eau est intéressant en ce qu’il atténue les variations climatiques, rendant les températures, chaudes comme froides, moins extrêmes.
« Au départ, nous nous sommes cherchés. Il a fallu tout inventer, » se remémore Lionel Gardrat épaulé par Denis Dubourdieu pour le colombard, de même que par Jean-Claude Berouet pour l’ensemble des vins qu’il continue d’accompagner. « Au contraire d’un cuisinier qui jette tout et recommence quand la recette ne lui plaît pas, avec un vignoble, si on se loupe, il faut attendre un an… »
Après une première tentative tendant à définir une même base de production que pour les vins de Cozes, qui ne le satisfait pas complètement, l’introduction de la biodynamie se révèle très bénéfique. Le rendement a baissé et la vendange est devenue manuelle. « Je n’interviens quasiment pas. Je laisse faire la nature et suis là pour la guider si nécessaire. Et, tout se passe plutôt bien, » explique-t-il ajoutant qu’il continue d’apprendre à chaque millésime et de toujours mieux apprivoiser le terroir.
Parce qu’il s’agissait d’un cépage endémique des Charentes, les associés des Hauts de Talmont optent pour le colombard. Ce choix n’est pas celui de la facilité, pourtant aujourd’hui, le domaine produit trois vins. Un colombard en version classique et l’autre pour lequel la fermentation malolactique est effectuée en barrique, ainsi qu’un 100% merlot. En 2023, des rouges et rosés viendront s’ajouter à l’offre du domaine. Ils seront issus des 0,3 ha de balzac noir plantés à l’abri des embruns dans la partie du domaine la plus éloignée des flots.
Les Hauts de Talmonts, c’est « une belle aventure et une symbiose à trois, qui selon la définition du terme, s’est faite au bénéfice de tous, » résume Lionel Gardrat. Et maintenant ? Sur le domaine, les associés ont développé un superbe outil, avec pour magnifier le vignoble un chai à barriques enterré et un chai dans l’ancienne demeure du propriétaire des lieux. En toute logique, la suite s’écrira autour du développement d’une offre oenotouristique pour répondre à la demande et partager ce site exceptionnel.
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