Accueil / Portraits d’acteurs / Portrait d’acteurs : Caroline et Ludovic Decoster
Florence et Dominique Decoster s’installent à Fleur Cardinale en 2001. L’ancien porcelainier de Limoges opère ce changement de vie pour le moins radical à l’initiative de son épouse. Il cède alors l’ensemble de ses affaires pour reprendre cette propriété de Saint-Emilion où le couple choisit également de résider.
A l’époque, Caroline et Ludovic se connaissent déjà mais ne vivent pas encore à Bordeaux. Après une formation commerciale à Angers, c’est Ludovic qui le premier, se rapproche de ses parents pour venir effectuer son stage de fin d’études dans le négoce chez Jean-Luc Thuvenin. Il intègre ensuite Sobovi où il reste une dizaine d’années.
Caroline rejoint son mari à Bordeaux en 2006. Elle intervient comme ingénieure consultante junior auprès de grands groupes dont Thalès. Réalisant assez vite qu’elle « n’est pas faite pour ça », elle décide de « tout envoyer balader » pour reprendre ses études. Elle obtient un DUAD de l’Université de Bordeaux, de même qu’un Master en Management des Vins et Spiritueux à KEDGE pendant lequel elle effectue une alternance dans le courtage où elle reste jusqu’en avril 2012, date à laquelle elle rejoint ses beaux-parents à Fleur Cardinale. Auprès d’eux, elle prend en charge la communication digitale puis le marketing et la promotion des vins.
« Si nous sommes à Fleur Cardinale, c’est grâce à Florence, » aiment-ils à rappeler. « Pendant 10 ans, elle a travaillé avec Dominique sur la propriété. Elle a su sentir et anticiper les évolutions. » En 2015, elle propose à son fils de les rejoindre. Ludovic accepte. Pendant deux ans, il se forme auprès des équipes. D’ouvrier viticole à assistant maître de chai, il occupe tous les postes pour être à même de prendre la succession du responsable technique qui part à la retraite en 2017. Cette même année, Caroline élargit ses fonctions aux relations avec le courtage et au négoce des grands crus. Au fil des années, Dominique et Florence Decoster prennent peu à peu leurs distances, tout en restant encore présents. « Nous travaillons à quatre. Entre nous, les choses se font de manière simple et fluide », explique Caroline, reconnaissante de la « confiance incroyable » que leur témoignent ses beaux-parents qui « après nous avoir fait venir, nous laissent évoluer pour nous inscrire dans cette belle aventure familiale.»
Caroline et Ludovic aiment décrire Fleur Cardinale comme un « écosystème » composé de multiples entités cohabitant et s’entremêlant pour mieux se nourrir les unes les autres. Au centre, la vigne et le vin, riches des diverses ramifications de cet ensemble comptant notamment une importante dimension environnementale liée au développement durable et une autre autour de la communication et de « notre envie de partager notre enthousiasme pour le vin et tous nos projets gravitant autour. »
D’abord et avant tout, cet écosystème a pour vocation de faire un grand vin, c’est-à-dire « se donner les moyens d’amener le fruit à maturité parfaite, puis conduire le grain dans les meilleures conditions et le plus rapidement possible de la vigne à la cuve et à la barrique. » Pour ce faire, le travail s’effectue selon des méthodes culturales respectueuses de la nature en s’entourant d’experts pour magnifier le terroir dans le respect absolu du fruit.
Au-delà de ses 36 hectares de vignes, du travail au chai et de ses vins élaborés dans les règles de l’art, Fleur Cardinale vit et vibre de multiples initiatives. Récemment, le domaine a invité le slameur bordelais Souleymane Diamanka à déclamer son nom dans une composition. Le château propose depuis 2020, une édition limitée au blason revisité autour d’une thématique renouvelée chaque année. Hard rockeur sur le millésime 2018, le chevalier de Fleur Cardinale se fait surfeur sur les magnums de 2019 et poursuivra ses aventures à travers de futures déclinaisons décalées de l’étiquette de ce grand cru classé.
« Nous entretenons tout à la fois une vision du dedans et du dehors, n’étant pas originaires du Bordelais et restant avant tout de fervents amateurs, nous cherchons à façonner des vins de plaisir, » confient Caroline et Ludovic. « A Fleur Cardinale, c’est ce plaisir que nous travaillons. » Ainsi, tout est mis en œuvre pour se donner les moyens de travailler parfaitement à la vigne comme au chai et d’aboutir à de belles dégustations.
Tout aussi importants et intrinsèquement liés, les volets développement durable, maîtrise énergétique et qualité de vie au travail témoignent de l’engagement de Fleur Cardinale en faveur de ces éléments constitutifs d’un ensemble cohérent au-delà du vin. Un engagement qui se reflète jusque dans le design des bouteilles. Plus légères, elles permettent d’éviter le gâchis de matière, disposent d’un bilan carbone plus acceptable et facilitent la manutention. Sur l’étiquette, vernis et dorure ont été supprimés dans une volonté de présenter le vin de la manière la plus sobre. Il en va de même de la sélection des fournisseurs, choisis pour leur philosophie et leur manière de s’insérer dans le tissu local. « Rien n’est jamais parfait, il reste toujours des pistes d’amélioration, mais c’est en ce sens que nous continuerons d’avancer pour façonner un vin de plaisir ancré dans son territoire.»
Alors que la famille Decoster fête les 20 ans de son arrivée à Saint-Emilion, le nouveau chai de Fleur Cardinale sera inauguré en mai prochain. Il s’inscrit dans l’idée d’un tourisme qui prend son temps. Accueillis en tout petit groupe, les visiteurs évoluent selon un parcours ajusté à leurs envies. L’offre œnotouristique du Château fait la part belle à l’intimité et au partage de la réalité du vigneron avec la présence d’un couloir sensoriel. Avec son plafond tapissé de sarments, il permet d’appréhender la biodiversité à travers des sons et un jeu de lumières. Le partage est au cœur de cette proposition qui se termine par une dégustation également sur-mesure.
2021 marque également l’entrée du domaine dans une phase de conversion en agriculture biologique, une nouvelle page qui vient comme la suite logique de ce qui a été mis en œuvre au cours des deux dernières décennies avec l’abandon total du désherbage chimique en 2008 et une entrée dans le Système de Management Environnemental (SME) en 2012. Le mouvement s’accentue en 2016 avec l’arrivée d’un nouveau chef de culture, Maxime Maisonneuve. Reminéralisation des sols, biodiversité aux abords des parcelles, réservoir écologique, tous ces éléments sont en place et doivent faciliter le passage en agriculture bio. Pour cette nouvelle étape, l’investissement a surtout été humain avec une plus grande présence pour surveiller la vigne.
Que faire pour aller plus loin ? A cette question, Fleur Cardinale répond en se lançant dans un projet de reforestation. Frappés par les récentes vagues d’incendie en Amazonie et en Californie, Caroline et Ludovic Decoster décident de compenser le recours aux caisses de bois, indispensables au conditionnement de leurs bouteilles, mais au bilan carbone non négligeable, en s’engageant dans un programme de reforestation, qui conduit chaque année le domaine à contribuer à l’implantation de 10 000 arbres, un pour chaque caisse vendue !
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