Accueil / Portraits d’acteurs / Portrait d’actrices : Diane Casamatta et Eugénie Zurawky, sœurs et cogérantes des Vignobles Degas
Une histoire de famille, de transmissions au féminin et de deux sœurs, nées sur un autre continent qui reprennent à l’âge adulte un vignoble à la suite de leur grand-mère. Aujourd’hui, elles sont la neuvième génération dont quatre de femmes.
Diane et Eugénie passent leur enfance loin des vignes et de leurs racines maternelles, avec leurs parents, père argentin et mère française, entre Argentine, Chili et Brésil. Lorsqu’elles reviennent en France à l’adolescence, elles ne parlent pas français. Quant au vignoble, c’est une découverte, car comme le souligne Diane « à Buenos Aires, on n’avait pas trop la culture du vin ». D’ailleurs au moment de choisir sa voie, Diane s’oriente vers le commerce international. Sa cadette, Eugénie, suit leur mère aux Iles Canaries.
A la fin de son cursus, Diane vient aider sa grand-mère sur le vignoble. Ce qui devait être une expérience estivale va s’étirer dans le temps. En charge de la commercialisation du vin, Diane se rend compte que la théorie lui manque. Elle reprend des études de viticulture et œnologie en travaillant en alternance sur la propriété. La transmission se fait naturellement. A 75 ans, celle qui avait pris la tête du domaine dans les années 80 à la suite de son mari, mort brutalement dans un accident de la route, songe à passer la main. Marie-José Degas laisse à sa petite-fille les vignobles créés par Pierre Degas dans les années 20, autrefois en polyculture.
L’arrivée de Diane coïncide avec le départ de la maître de chai. Pour sa première vinification, la novice se retrouve seule en 2006. C’est une très bonne façon de se lancer ! Un an plus tard, Eugénie rejoint Diane sur l’exploitation familiale. Dès lors, les deux sœurs collaborent. Répartis sur deux appellations principales, les Vignobles Degas englobent 100 ha de vignes, de cépages rouges et blancs. Terres de graves et de sable d’une part, argilo-calcaire d’autre part, ils portent une grande diversité de cépages : merlot, cabernet sauvignon, cabernet franc, malbec, petit verdot, mais aussi sémillon, sauvignon blanc et gris. Une mosaïque qui permet d’imaginer des assemblages variés. C’est à Saint-Germain-du-Puch que sont regroupés le chai principal et la cuverie pour vinifier les six châteaux familiaux, à savoir : Château Haut-Gayat, Château Degas, Château Moulin de la Souloire, Château la Commanderie de Gombeau, le Château les Conquêtes et le Château Graveyron-Carrère.
En quinze ans, les Vignobles Degas passent de 4 à 12 vins : Bordeaux rouges dont un sans soufre ajouté, clairet, rosé sec et demi-sec, blanc sec et moelleux ainsi que crémant. Les deux sœurs aiment innover et n’hésitent pas à bousculer la tradition : « Nous essayons de sortir une nouvelle cuvée tous les deux ans », expliquent-t-elles.
A base de malbec, elles décident de faire un rosé demi-sec en stoppant la fermentation en cours. Résultat : un rosé naturellement sucré, très fruité avec une saveur de fruits rouges et de bonbon anglais qu’elles commercialisent sous l’étiquette « Les Héritières », en Vins de France. « Une innovation, un coup de folie, une création mais toujours avec l’envie de faire plaisir ! » expliquent-t’elles.
Etiquettes relookées, BIB stylisés, bouteilles bourguignonnes, présence sur les réseaux sociaux, Diane et Eugénie créent leurs propres codes, tout en « étant respectueuses et attentives à la tradition ». Leur démarche plaît. Sélectionnées pour un projet visant à rajeunir l’image des vignerons bordelais par le CIVB, Eugénie participe notamment à l’initiative des apprentis vignerons. Leur démarche ? Faire parler d’elles à travers des initiatives originales appelées à s’inscrire dans la durée.
La marque des Vignobles Degas, c’est aussi l’envie de partager leur passion et de sensibiliser au vin et à la vigne. Ainsi, les infrastructures de Saint-Germain-du-Puch sont ouvertes au public et peuvent se visiter en toute saison sur rendez-vous. L’évènementiel occupe également une place importante dans leur activité. Pour cela, les sœurs s’appuient sur le parc exceptionnel créé par leur grand-mère. Au Moulin de la Souloire, elles organisent chaque année une journée portes ouvertes le 1er mai de même que des évènements : « garden party », chasse aux œufs, concert, repas d’affaires, etc.
Les années à venir s’annoncent bien remplies : les deux jeunes femmes fourmillent de nouveaux challenges. Parmi eux, la reconversion en bio de 10 ha, la vinification en jarres, la plantation de cépages atypiques ou encore un désir profond de s’orienter vers une production encore plus paysanne. Un vaste programme sans doute appelé à se poursuive avec la dixième génération familiale dans un peu moins de deux décennies… .
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