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Laurent Mery, directeur général du Château Lamothe-Bergeron, Haut-Médoc Cru Bourgeois.
Photos Jean-Bernard Nadeau – Images Drone Stéphane Labaurie – Réalisation Arnaud Fleuri – Interview Frédérique Nguyen Huu.
Laurent Mery, comme une évidence
Né à Annecy, Laurent Mery arrive à Bordeaux en 1977, au gré d’une affectation professionnelle de son père. Depuis, il n’a pas quitté « cette ville magnifique » qu’il a vu se transformer au fil des années. Son parcours, il l’a tracé avec le vin comme fil directeur et Hubert de Boüard comme « parrain du vin ». Étudiant, il rencontre l’homme sur ses terres à Angelus où il effectue un stage. Entre eux, une amitié se noue. Puis, Laurent Mery débute sa carrière en s’éloignant un temps des vignes. Pendant près de deux décennies, il travaille comme directeur des exportations pour différentes maisons de négoce jusqu’à ce que le rattrapent les questions que beaucoup se posent à l’approche de la quarantaine.
Quand les maisons de Cognac Hardy et H. Mounier reprennent Château Lamothe-Bergeron en 2009, elles lui proposent la direction générale de la propriété. En cette période de questionnements, cette offre lui apparaît « comme une évidence ». D’emblée, il se tourne vers Hubert de Boüard qui accepte de s’associer à ce projet comme œnologue conseil. Assuré de son soutien, il s’engage dans la transformation de ce domaine du Médoc et la relance de la marque de ce cru bourgeois.
Lamothe-Bergeron, renaissance d’un domaine
À son arrivée, Laurent Mery trouve un vignoble en bon état doté d’un beau terroir filtrant composé de graves garonnaises. Il évoque aussi les nombreux défis à relever pour insuffler une nouvelle vie à ce domaine « comme en sommeil ». En collaboration avec son consultant, il s’attèle à la modernisation des vins, en même temps qu’il travaille aux autres missions touchant notamment au développement de la communication et du réseau de distribution.
Les efforts déployés façonnent au fil des millésimes des vins fruités et équilibrés, mariant élégance et finesse. Les deux hommes travaillent énormément le milieu de bouche pour mieux « complexifier, apporter du charnu » et offrir des vins agréables et abordables. Notés entre 90 et 93, ils figurent désormais dans le top 10 des crus bourgeois. À Lamothe-Bergeron, on espère que les évolutions menées depuis 2009 se reflèteront dans le nouveau classement quinquennal des crus bourgeois, attendu en février 2020.
Axée sur la biodiversité, l’approche de Laurent Mery à la vigne s’est vue attribuer la certification HVE (niveau 3). Désormais, il s’attache à faire évoluer l’encépagement des 67 hectares du domaine planté à 52% de merlot, 44% de cabernet sauvignon, 2% de petit verdot et 2% de cabernet franc. En cette période de réchauffement climatique, il entend passer à une dominante de cabernet sauvignon pour bénéficier de ce cépage idéal à travailler lorsqu’il est vendangé à parfaite maturité.
Œnotourisme : une référence sur la rive gauche
Au-delà des vins, pour relancer cette propriété située entre Margaux et Saint-Julien à moins de 2 km de Château Beychevelle, il fallait trouver le moyen de marquer sa différence. Constatant que la plupart des châteaux voisins demeurent fermés au public, Laurent Mery décide d’ouvrir « notre belle demeure » en développant une offre œnotouristique centrée sur le Château. La belle bâtisse du XIXème est entièrement rénovée en misant sur le contraste entre architecture d’origine à l’extérieur et un intérieur résolument contemporain.
Après un an et demi de travaux, Château et domaine reçoivent leurs premiers visiteurs en juin 2015. À Lamothe-Bergeron, la visite débute par un accueil au salon. Elle se poursuit par un parcours dans les vignes et une halte dans une cabane conçue comme un observatoire surplombant le terroir avant de se conclure au chai. Là, sur la paroi en inox d’une cuve, un film en mapping donne à voir un process de vinification, puis les hologrammes d’Hubert de Boüard et Laurent Mery convient les visiteurs à la construction d’un vin en assemblage avant une séance de dégustation finale.
Récompensé par un Best of d’Or, ce tour unique en son genre est ponctué de multiples trouvailles, comme la dégustation de raisins permettant d’appréhender la maturité et la sucrosité du grain, comparer la différence de l’épaisseur de peau entre un merlot et un cabernet sauvignon. L’offre œnotouristique de Château Lamothe-Bergeron ne se limite pas à ce parcours et s’accompagne d’autres propositions : pique-niques, siestes de Bacchus après un verre de vin sur des plaids déployés sous les arbres centenaires, cours de dégustation, sessions de « pairing ». Le concept séduit. Le château a accueilli 8 000 visiteurs en 2018 et vise les 10 000 en 2019, grâce à une offre sans cesse enrichie et renouvelée.
Et pour la suite ? Difficile de prédire l’avenir, mais il est certain que Laurent Mery continuera de cultiver sa passion en visant l’harmonie dans sa vie, son métier comme dans le vin…
Making of
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