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2024, un millésime qui tombe bien ?


Au moment où le millésime se joue dans les chais, tous les acteurs du monde viticole se posent aujourd’hui la même question, que faire de ce millésime  fort différent des précédents ? Et si finalement il était une chance pour Bordeaux ?

 

The river with a storm and a rain in the summer, Garonne river, Gironde, France

Photo (c) JB Nadeau

 

Un millésime atypique

 

La météo, très fluctuante en 2024, a obligé les vignerons à récolter une production dans des conditions inhabituelles. Moins de volume certes, – 19% annoncé suite notamment à une météo fort compliquée.
Mais est ce  une réelle calamité au moment où la situation économique viticole n’est pas bonne, et pire, qu’elle s’aggrave ? Passons sur les vins blancs secs qui s’annoncent heureusement prometteurs mais les rouges seront différents…  Généralement sur le fruit, avec moins d’alcool et des tanins plus souples, soit un profil de vin qui correspond en grande partie aux attentes des consommateurs… Pour les producteurs de liquoreux le millésime sera difficile mais néanmoins intéressant, plus léger en tous les cas.

 

De plus, facteur aggravant s’il en est, la rareté des vendangeurs est devenue très préoccupante partout. Heureusement la machine à vendanger, performante et rapide, permet dans certains endroits une récolte accélérée et efficace. Néanmoins, pensons aux producteurs en liquoreux chez qui l’obligation de la vendange manuelle est évidemment indispensable. Seule vraie réjouissance, gourmande s’il en est, les cèpes sont omniprésents !

 

Un paysage menacé

 

Au niveau de la viticulture, une nouvelle campagne d’arrachage est annoncée.  Nous serons rapidement fixés sur l’importance des demandes d’arrachage subventionnés. Ce qui sera par contre évident c’est la profonde modification de nos régions et particulièrement celle de l’Entre-Deux-Mers qui va foncièrement changer et redevenir une région agricole diverse et variée. Désormais ces campagnes d’arrachage sont d’ailleurs légions dans d’autres régions comme en Côtes du Rhône, en Occitanie et plus particulièrement dans les Pyrénées Orientales où, en plus, la sécheresse permanente depuis quelques années cause des dégâts dramatiques…Imaginez-vous que 70% du vignoble y est appelé à disparaître.

 

Photo (c) JB Nadeau

Une ambiance économique sombre

 

La consommation des vins rouges en France est en chute libre, moins 45% en 10 ans, mais pour corser la situation, le secteur du CHR comme celui du tourisme d’ailleurs, est lui aussi en crise dans notre belle Aquitaine, et ce ne sont pas les derniers chiffres de l’été 2024 qui vont changer les choses et modifier la consommation des vins hors domicile. Le monde viticole français gronde mais à Bordeaux, face à une crise sans précédent, les vignerons restent peu mobilisés, fatalistes et finalement peu solidaires les uns des autres. Ce qui ne va pas sans étonner. Tous sont touchés, des plus petits aux plus grands et, l’État, exsangue financièrement, ne pourra guère venir en aide.  Cependant les Foires aux Vins, aux toutes dernières nouvelles, seraient légèrement meilleures qu’en 2023. Les acheteurs ont tiré les leçons du passé et ils ont très souvent proposés des vins dans une tranche de prix correspondant aux exigences actuelles d’une clientèle de moins en moins fidélisée.

 

L’avenir de la viticulture

 

A court terme les vignerons font le gros dos, en stockant notamment les meilleurs vins pour des années et des jours meilleurs, mais il faut aussi plus que jamais communiquer, en multipliant les actions de promotion en France comme à l’export. C’est l’une des missions essentielles des interprofessions pour éviter une catastrophe annoncée par certains et favoriser le retour de l’espoir dans les campagnes.

Les vignerons doivent aussi préparer l’avenir, rester figés sur leur production serait synonyme de mort économique à moyen terme, il faut donc produire différemment tout en restant fidèle à la typicité des vins de Bordeaux. De nombreux essais existent dans les campagnes et notamment en Entre-deux-Mers. Ils permettent aux vignerons de toucher une clientèle nouvelle, jeune, et qui tourne le dos au classicisme des vins de bordeaux qui cependant fait le renom considérable et historique de la région.

 

 

Bernard Sirot
Journaliste et dégustateur Vintaste

 

Une réponse à “2024, un millésime qui tombe bien ?”

  1. martinez alain dit :

    très clairement non seulement ce millésime est surprenant mais aussi il réserve de belles surprises. les vins rouges présentent une belle esthétique qu’il faudra amplifier, mais surtout ils révèlent une très belle harmonie aromatique associée à une structure souple voire élégante…c’est une réelle opportunité qui certains consommateurs.

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