Selon Philippe Dova (Aujourd’hui la Chine) Vinexpo 2008 semble avoir tenu ses promesses pour les producteurs français qui représentaient 50% des exposants présents à Hong Kong. Le nombre de visiteurs est en hausse et la demande asiatique évolue vers la qualité
« A Saint Emilion, nous essayons d’être les plus dynamiques, d’aller dans de nombreux endroits pour montrer nos vins, nous nous sommes rendus compte avec le temps que nos meilleurs ambassadeurs étaient nos vins… ! » indique Alain Moueix, Président de l’Association de Grands Crus Classés de Saint Emilion et, à voir la file d’attente lors de la dégustation organisée par son association, la recette semble fonctionner à merveille. Loin de s’endormir sur leurs lauriers, les producteurs de la plus grande et plus réputée région viticole française n’ont eu de cesse, à travers dégustations et animations, de faire partager à des visiteurs asiatiques attentifs leur passion pour la qualité de leurs différentes appellations et la défense de leur terroir « il n’y a que la qualité qui permet de s’en sortir, c’est comme cela que nous sommes reconnus depuis dix ans en Chine et que nous avons pu sortir de la masse des Bordeaux supérieurs » souligne Nadine Picant, propriétaire du Château Hostens-Picant, appellation Sainte Foy-Bordeaux qui exporte 15% de sa production (30000 bouteilles) en Chine.
« Il y a de plus en plus de professionnels qui viennent sur ce salon et qui veulent découvrir de nouveaux grands vins de Bordeaux, la connaissance a progressé très vite en deux ans, il y a plus de sensibilité, de finesse dans la compréhension de ce que sont les grands vins de Bordeaux, ce ne sont plus que des acheteurs d’étiquettes » constate avec intérêt Hervé Laviale, propriétaire des Château Franc Mayne (premier grand cru classé de Saint Emilion), Château de Lussac (Lussac Saint Emilion), Château Vieux Maillet (Pomerol) lors de la dégustation organisée par le Cercle Rive Droite de Grands Vins de Bordeaux.
Moins connues à l’international, les autres régions françaises profitent de ce nouveau comportement des acheteurs pour tenter de les convertir à leurs excellents produits.
«La Bourgogne est très peu connue par rapport aux châteaux bordelais, les Chinois s’en méfient, au premier abord c’est soit trop cher soit trop complexe, cela prendra du temps mais nous sommes très confiants, au Japon ça marche très bien alors pourquoi pas ici » déclare Amélie Duboc jeune française bien décidée à conquérir ce marché prometteur et qui, joignant l’action à la parole, s’installe pour deux ans comme V.I.E. à Pékin pour le compte de la société Blason de Bourgogne.
Jean Claude Mas, propriétaire des Domaines Paul Mas (la société réalise 95% de ses ventes à l’étranger) à Pézenas a décidé en 2004 d’utiliser les techniques de vente des vins du « nouveau monde « et de jouer la carte de l’autodérision (s’appuyant sur un trait de caractère bien français) en créant la gamme Arrogant Frog : une touche d’humour dans le monde très sérieux du vin, un vin du nouveau monde (cépage jeune et fruité) mais produit dans le sud de la France avec bouchon à vis : résultat, Arrogant Frog est l’un des vins français le plus vendu dans le monde et le vin français le plus vendu en Australie !
Les visiteurs chinois se bousculaient sur le stand du domaine pour déguster et se faire photographier coiffés du béret aux côtés du sympathique batracien en carton pâte « nous avons attiré nos clients étrangers par un concept marketing et les avons conservé grâce à la qualité de nos produits ».
Qualité et authenticité face à une concurrence sérieuse de producteurs européens et du nouveau monde, misant eux aussi sur ces deux principes sur un marché asiatique où la consommation devrait doubler d’ici à 2011.
«Ce serait super que les petites régions puissent profiter de cet engouement des asiatiques pour le vin, cela passe par davantage d’éducation des consommateurs et il y a beaucoup de travail à faire de notre côté » affirme au détour d’une allée et carnet de note en main le talentueux chef sommelier du restaurant Spoon de Hong Kong Thomas Scheidt.
A l’issue de trois jours de dégustations, de nouveaux noms de producteurs enrichiront très certainement la carte des vins de l’établissement, une façon de faire perdurer le meilleur de Vinexpo à Hong Kong…
Laisser un commentaire